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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape
Autoren: Juliette Benzoni
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quelque part en Souabe où
il se remettait de ses blessures et préparait son retour. On allait d’ailleurs,
et pendant longtemps, colporter, sur la fin du dernier Grand Duc d’Occident,
des légendes qui auraient la vie d’autant plus dure qu’elles étaient plus
fantastiques.
    Néanmoins,
Dijon, renseignée par ceux qui revenaient de Lorraine, sut assez vite la
vérité. Les dames de la ville se rassemblèrent alors et s’en allèrent par les
rues en criant « Vive Madame Marie ! » avec beaucoup de joie et
d’enthousiasme, enchantées à l’idée de voir une femme sur le trône après tant d’hommes.
Les hommes, eux, réservèrent leur jugement.
    On
apprit ensuite que le roi de France entendait reprendre cette riche Bourgogne
jadis offerte par Jean le Bon à son fils Philippe le Hardi, en récompense de sa
vaillance à la bataille de Poitiers. Certains pensèrent que c’était justice et
qu’en tout état de cause Louis XI, s’il était moins spectaculaire que le
Téméraire, était un bon roi pour ses sujets : il leur épargnait guerre et
douleurs autant qu’il lui était possible et sous son règne le commerce était
florissant. Mais d’autres étaient d’un avis différent et tenaient à ce que la
bannière de Marie, déployée sur la tour Saint-Nicolas, y demeurât.
    Philippe
de Selongey était de ceux-ci et les succès remportés dans la Comté [i] par les frères de
Vauldrey, qui avaient réussi à faire reculer les troupes royales de Georges de
La Trémoille, sire de Craon, le confortaient dans sa décision. Malheureusement,
La Trémoille, remettant cette conquête à plus tard, avait concentré ses forces
sur Dijon qu’il avait enlevée avec l’aide de Charles d’Amboise et de Jean de
Chalon, l’un des premiers ralliés. La Trémoille avait établi une garnison dans
la ville et ordonné la construction d’un fort château destiné à défendre Dijon
contre les attaques extérieures... et la garnison contre celles de l’intérieur.
Franchement impopulaire, cette décision avait augmenté le nombre des partisans
de la duchesse.
    Dès le
mois de mars, Philippe était de retour dans la ville et s’installait
secrètement dans son hôtel familial qui, en apparence, demeura portes et volets
clos comme s’il n’y avait personne. La maison était fermée depuis trop
longtemps pour que la présence d’un chevalier de la Toison d’or, dont on savait
la fidélité au duc Charles, ne parût pas suspecte à l’occupant. De ce refuge,
il ne réussit pas moins à rassembler maintes bonnes volontés et maints cœurs
courageux parmi ceux qui avaient été plus ou moins alliés à sa famille ou qui l’avaient
servie. Une correspondance active avec les partisans des alentours lui permit
de mettre au point une attaque nocturne de la ville dont lui-même ouvrirait l’une
des portes le moment venu. Mais, pour venir à bout de la garnison française, il
fallait beaucoup de monde et la patience s’imposait. Le secret aussi. La
situation du rebelle n’était pas sans danger, car une grande partie des
échevins et des grands bourgeois commençait à accepter l’idée de devenir sujets
du roi Louis si la tranquillité était à ce prix.
    Les
alliés de Philippe appartenaient surtout à la jeunesse, aux classes populaires
et aux anciennes armées du duc à peu près ruinées, mais ils n’étaient pas
faciles à manier parce que trop avides de passer à l’action. C’est ainsi que,
le 1 er juin, une échauffourée éclata à cause d’une femme malmenée
par un soldat dans le faubourg Saint-Nicolas. On cria « Vive Bourgogne ! »,
on écrivit sur les murs quelques injures à l’adresse du roi de France et on
jeta des pierres aux hommes d’armes qui ripostèrent. Un peu de sang coula, puis
le calme revint assez vite. Et Philippe crut avoir repris le contrôle de ses
partisans, ignorant que certains d’entre eux ne voyaient dans la bagarre pour l’indépendance
qu’un bon moyen de promouvoir une sorte de lutte des classes.
     
    Le 26
juin, lors d’une absence de La Trémoille, le drame éclata à l’occasion de l’élection
du nouveau vicomte-mayeur [ii] de la ville, en présence d’un héraut de Marie de Bourgogne. Les magistrats
municipaux s’étaient réunis aux Cordeliers. C’est alors qu’un groupe d’hommes,
armés de tout ce qui avait pu leur tomber sous la main, déboucha de la porte
Saint-Nicolas. A leur tête marchait, vêtu d’une longue robe « de
gris-blanc », un
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