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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape
Autoren: Juliette Benzoni
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de moi ?
    Elle s’agenouilla
sur le lit pour prendre entre ses mains cette tête rude, ce visage si laid et
si attirant :
    – Oui,
je te veux ! dit-elle d’une voix basse et un peu rauque qui le fit
frissonner. Reviens ! Je t’attendrai.
    Elle l’embrassa
longuement puis, glissant prestement entre les mains avides qui tentaient de la
saisir, elle s’enroula dans les draps et mit un oreiller entre ses bras...
    – Mais,
à présent, il faut que tu me laisses dormir !
     
    Quand
Fiora se réveilla de nouveau, le ciel était gris et la pluie, qui avait fait
trêve deux jours, recommençait de plus belle. Le jardin était noyé sous un
brouillard liquide qui détrempait les allées et dégouttait des statues, mais la
jeune femme n’accorda au paysage brouillé qu’un soupir agacé et un haussement d’épaules.
Après tant d’épreuves, la nuit qu’elle venait de vivre lui faisait l’effet d’un
bain de jouvence. Lorenzo était un amant comme chaque femme rêve d’en
rencontrer et ses caresses avaient lavé son corps de toutes les concupiscences
et de toutes les douleurs qu’il avait dû supporter. Et la jeune femme ne s’interrogea
même pas sur les sentiments qu’il pouvait lui inspirer : elle était bien
avec lui et, pour l’instant, c’était tout ce qui comptait. Néanmoins, ce fut
avec une sorte de colère qu’elle repoussa l’unique pensée qui la gênât : même
si les meubles avaient changé, cette chambre était tout de même celle où
Philippe avait fait d’elle une femme.
    – C’est
ta faute ! cria-t-elle à cette ombre qui revenait inopportunément s’imposer
à son souvenir. Il ne fallait pas me laisser partir pour aller jouer les preux
chevaliers auprès de ta princesse ! C’est toi qui as fait s’installer
entre nous l’irréparable. Et moi je n’ai que vingt ans ! J’ai le droit de
vivre !
    Elle
avait complètement oublié qu’elle avait, bien peu de temps auparavant, souhaité
mourir, tant les charmes de l’amour peuvent avoir d’emprise sur un être jeune.
De toutes ses forces, elle voulait rejeter les contraintes et l’austérité. Elle
avait vécu captive durant des mois, et voilà que sa prison venait de s’ouvrir
sur quelque chose qui ressemblait au bonheur, même si ce n’était qu’une
apparence... Ce fut d’un œil plein de défi qu’après le repas servi dans sa
chambre par Samia, elle alla affronter le regard de Démétrios lorsqu’elle le
rejoignit dans l’ancien studiolo de son père.
    Mais
il la connaissait trop bien pour ne pas pénétrer ses pensées et ces grands yeux
gris chargés de nuages d’orage lui arrachèrent un sourire. Fiora, pensa-t-il,
cherchait un prétexte pour se mettre en colère, espérant se débarrasser ainsi
de la gêne qu’elle éprouvait. Il ne se trompait pas :
    – Pourquoi
ce sourire ? fit-elle nerveusement, et pourquoi me regardes-tu ainsi ?
Ai-je quelque chose de changé ? Oui, je me suis donnée à Lorenzo ! Je
me suis même offerte à lui ! Et, cette nuit, il reviendra et je me
donnerai encore à lui !
    Otant
les besicles qu’il portait de plus en plus souvent, à présent, Démétrios s’éloigna
du lutrin sur lequel il avait ouvert un manuscrit hébraïque, vint à la jeune
femme et posa ses mains sur ses épaules qu’il sentit se raidir.
    – Loin
de moi l’idée de te faire le moindre reproche, Fiora ! Ce qui s’est passé
cette nuit entre Lorenzo et toi était écrit depuis longtemps. Il m’a souvent
parlé de toi, depuis mon retour, et j’ai compris sans peine que tu étais son
regret le plus secret. Il était normal qu’il vienne vers toi du fond de son
désarroi.
    – Crois-tu
donc qu’il m’aime ?
    – Tu
es comme toutes les femmes : tu simplifies trop les sentiments. Lorenzo
était semblable à un jardinier qui a vu un voleur s’enfuir avec la plus belle
fleur de son jardin, sans même lui laisser le temps de la respirer. Hier, sa
fleur est revenue, mais plus belle que jamais et dégageant un parfum trop
capiteux pour qu’il renonce à s’en griser. Quant à toi...
    – Eh
bien ? Moi ?
    – Cesse
de te rebeller ainsi, Fiora ! Tu n’as commis aucun crime. L’amour t’a
simplement rendu le goût de la vie que tu avais perdu.
    – L’amour ?
Je ne sais même pas si j’aime Lorenzo. Pourtant, ce serait tellement plus
simple !
    – Plus
commode surtout, parce que tu es toute pétrie de morale chrétienne, en dépit de
ton éducation platonicienne, et cela tu
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