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Fiora et le Pape

Fiora et le Pape

Titel: Fiora et le Pape
Autoren: Juliette Benzoni
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et gonfler sa colère, mais c’était peu de chose en
comparaison de ce qu’elle voyait aujourd’hui parce que, en Giuliano, Florence
venait de perdre, avec son Prince Charmant, une partie de son cœur : la
plus tendre. Et, dans l’espèce de grondement assourdi par la distance qui
montait jusqu’à Fiesole, la jeune femme croyait distinguer les cris de mort,
les malédictions et les longs gémissements des femmes en pleurs. On brûlait, on
pillait les maisons des Pazzi et de leurs alliés dont peut-être à l’aube il ne
resterait rien. C’était comme un holocauste d’amour que la cité, furieuse et
désespérée, offrait à son enfant chéri.
    En ce
jour, Giuliano avait rejoint Simonetta et, peut-être, était-ce bien ainsi ?
Peut-être que, la main dans la main, ils contemplaient du haut du ciel le décor
qui avait été celui de leurs amours, mais une chose était certaine, et cela
Fiora le sentait par toutes les fibres de son être : jamais plus Florence
ne serait ce qu’elle avait été au temps où ils s’aimaient, contre les lois des
hommes – et même celles de l’Église puisque l’Étoile de Gênes était mariée –,
mais protégés par leur beauté, leur jeunesse éclatante et toute cette joie qu’ils
faisaient naître sur leur passage. Le peuple les adorait comme le symbole de la
grâce et de la douceur de vivre dans une cité exceptionnelle.
    Plus
rien d’ailleurs ne serait jamais comme avant. Fiora l’avait ressenti en
pénétrant dans cette maison où elle avait connu, jadis, le plus grand bonheur
dans les bras de Philippe. Et cela tenait moins à ce que le décor intérieur n’était
plus le même – pillée au moment du drame, la villa avait été remeublée par les
soins de Lorenzo – qu’à une question d’atmosphère, à une qualité de silence.
    Celui
que Francesco Beltrami réclamait souvent quand il se retirait dans son « studiolo »
était vivant. Il était fait des paroles chuchotées, des pas assourdis, des
gestes mesurés de vingt personnes attentives à ne pas troubler le maître dans
son travail ou dans son repos. A présent, c’était le silence du vide...
Démétrios occupait cependant cette maison, avec Esteban, mais ce qui manquait,
outre Francesco lui-même, c’était Léonarde dont la seule présence aurait suffi
à communiquer une âme à une hutte de charbonnier, c’était Khatoun, le petit
chat toujours ronronnant, et c’étaient aussi tous ces serviteurs qui
semblaient, comme la maison elle-même, avoir pris racine dans la terre de
Fiesole mais que la tempête avait dispersés. A présent, c’était la noire et
discrète Samia qui régnait sur la cuisine et le ménage avec l’aide de deux
esclaves, Samia au pas de velours qui, autrefois, servait de gouvernante au
castello du médecin grec et qui, tout naturellement, était venue reprendre sa
place.
    Fiora
aimait bien Samia qui était douce et ordonnée et qui l’avait bien soignée
lorsque Démétrios l’avait ramenée chez lui à la fin du cauchemar, mais elle n’avait
jamais appartenu à son univers d’adolescente heureuse et comblée. Elle n’était
apparue qu’au temps de l’épreuve.
     
    Il
était près de minuit, à présent. Pourtant, en dépit de la journée harassante qu’elle
venait de vivre, consécutive à quelques autres qui ne l’étaient pas moins,
Fiora n’arrivait pas à dormir. Elle ne pouvait même pas rester étendue dans ce
lit habillé de soie blanche comme la couche d’une vierge, mais qui n’avait
jamais été le sien. Elle préférait rester là, pieds nus sur un tapis, regardant,
attendant elle ne savait trop quoi.
    Démétrios,
après l’avoir conduite à Fiesole, était redescendu, comme il l’avait promis,
pour tenter de voir Lorenzo. Il était revenu au crépuscule, ramenant avec lui
un Rocco à moitié mort de fatigue que Samia avait nourri abondamment avant de l’envoyer
se coucher. Il dormait à présent dans une chambre proche de celle de Fiora et,
dans le couloir, on pouvait entendre, en passant devant sa porte, ses
ronflements puissants d’homme harassé.
    A la
question de Fiora touchant le Magnifique, le Grec avait répondu :
    – Tu
le verras bientôt... Te retrouver a été, pour lui, le seul adoucissement à sa
douleur qui est profonde. La mort de Giuliano l’ampute d’une partie de
lui-même.
    Il
raconta ensuite les soins dont on avait entouré le corps du jeune homme. Lavé,
parfumé, vêtu de drap d’or sous son armure de parade,
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