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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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pas été « trop longue »… L’ex-
comandante
Huber Matos, qui a tant souffert sous le
Lider
, a dit qu’il avait « l’esprit vif, mais un ego malade ».
    Que de foucades, que de virages à 180 degrés ! Sans doute la manière fidéliste d’être dialectique. Et que de défauts durégime liés, par-delà même l’appréciation politique qu’on porte à son endroit, à la personnalité du chef. Citons en vrac : la certitude de tout mieux savoir et d’être capable de tout mieux faire ; une vision massifiée de la société, qui n’intègre pas les perceptions sociopsychologiques, et en particulier la problématique de la stimulation au travail – ce pour quoi, passée la phase d’enthousiasme et d’émulation révolutionnaires, s’est imposé le dur contrôle social ; un mépris pour les prudences « bourgeoises » qui lui a toujours fait préférer les décisions spectaculaires aux évolutions sans gloire mais plus profitables ; une vision agonique des rapports sociaux qui l’a conduit à mépriser souverainement l’élite des capacités techniques ; l’incapacité à accepter, sinon à prendre en compte, la contestation, moteur de l’Histoire.
    Son flop le plus stupéfiant aura été l’économie, où ses échecs successifs, ahurissants, auraient pu lui enseigner la modestie (vers 2005, il reconnaîtra, il est vrai, devant Ignacio Ramonet, regretter « de n’avoir pas étudié davantage » cette matière…). Mais que le fils d’Ángel, l’enfant de Birán, ait pu faire comme si la disponibilité de nourriture n’était pas l’alpha et l’oméga de tout gouvernement ! René Dumont l’avait pourtant alerté dès 1964, mais il était « de la CIA » ! Et encore ceci : à quoi auront servi les milliards de l’Union soviétique et du Comecon, et la production insulaire d’un demi-siècle, si poussive ait-elle été ? Aux énormes dépenses militaires et assimilées, certes. Mais tout de même : 15 euros de salaire mensuel moyen en 2012 pour l’immense majorité des actifs ! Alors oui, l’égalité aura été (longtemps), pour l’essentiel, préservée. L’égalité du nivellement par le bas avec, comme en social-démocratie, la Séc’ soc’ et l’École gratuite. Quant à « Cuba, le pays le plus cultivé du monde » (ou « Cuba, le pays qui a le bilan le plus propre pour les droits de l’homme »), comme aura aimé à le répéter Fidel, le doute est permis, quels que soient les standards retenus.
    Il est cependant un domaine où le génie du
Lider
aura été éclatant : l’art de faire payer ses factures par les autres. Après l’Union soviétique et le bloc socialiste qui, en trois décennies, auront mis la main à la poche pour un montant total volontiersestimé à près de vingt milliards de dollars (et ce pour ne rien dire de dettes sans doute moitié moindres aux « pays capitalistes », qui ont cessé d’être honorées en 1985…), Fidel a, au tournant des deuxième et troisième millénaires, trouvé une nouvelle bonne âme en la personne du Vénézuelien Hugo Chávez – à qui, très vite, à ce que susurrent les marchés de matières premières, il a commencé à sous-payer le contingent de pétrole importé aux termes de l’accord de troc médecins contre hydrocarbures. Ainsi, s’il est vrai que la Corée du Nord – seul État sur terre encore intégralement « communiste » – fut jadis surnommée « le royaume ermite », la grande île caraïbe pourrait bien s’être mérité, sous Fidel Castro, l’appellation de « République mendiante ».
    Que dire vraiment de Fidel, à présent que la messe est dite ? Un homme qui n’aura pensé qu’au pouvoir. Férocement. Continûment. Pour le garder, il a pu mentir comme un arracheur de dents ; il a fait fusiller un camarade qu’il avait lui-même exposé, Tony La Guardia, et un homme qui avait porté haut la gloire des armes cubaines, le général Ochoa. Il aura pu consentir à ce que ses grands desseins enfoncent comme jamais son pays dans « la mistoufle et dans l’ennui », comme chantait Léo Ferré. Mais, a écrit « Gabo » dans sa préface au livre de Mina, « Fidel est là pour vaincre. Je ne crois pas qu’il existe au monde plus mauvais perdant. La défaite, il la refuse, et ne retrouve le calme qu’après avoir renversé la situation ».
    Aura-t-il refusé l’enrichissement personnel et familial ? Prenons le risque : plutôt oui. Tant son treillis de l’époque glorieuse que son survêt’ Adidas de
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