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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Benoît XVI est, à cet égard, édifiant – outre que très intéressant. Entretien longtemps présenté comme incertain (le représentant de Dieu sur la terre n’était pas le maître de ce jeu-là !), et dont les envoyés spéciaux du monde entier avaient fait le clou de cette visite (pauvre Raúl !). Étonnante y aura été, entre autres éléments, la présence (pour la deuxième fois seulement, en une circonstance semi-publique) de l’épouse de Fidel, Dalía, ainsi que de deux de ses enfants vivant à Cuba (Fidel, ostensible quoique tardif «
family man
»…). L’ancien
Lider
a interrogé l’ex-cardinal Ratzinger sur un thème qu’on lui a peut-être glissé, car il semble à des lieues de ses préoccupations : la « réforme liturgique » de l’Église ! Bien davantage dans les cordes de celui qui a tenu Cuba un demi-siècle sous sa coupe : « Qu’est-ce que [fait] le pape ? » Suit un échange
a braccio
(à bâtons rompus), comme dit le compte rendu italien, sur « des thèmes qui touchent l’humanité d’aujourd’hui » (la science, les religions, la culture…) et « les difficultés actuelles » qui l’accablent. Et, comme le pape n’a qu’une demi-heure avant de reprendre son avion pour Rome (en cela, au moins, le pontife avait le
dominio
!), Fidel lui demande de lui faire parvenir « des livres sur les sujets qu’ils ont abordés, afin de nourrir sa réflexion ». Ce à quoi Benoît XVI a promis deréfléchir ! Même si du respect humain pour l’hôte (après tout aussi âgé, à un an près, que son « patron ») a pu embellir le récit du père Lombardi, on ne voit là nulle trace de gâtisme.
    Quant aux fameux
logros
, les « acquis de la Révolution », longtemps présentés comme un legs inaltérable, ils ont été mis à mal, on l’a dit, par l’interminable crise économique, avant même d’être minés par les réformes de Raúl. Cela a réduit comme peau de chagrin l’ample prestige initial de Fidel. Et ce d’autant qu’il suffit de voyager dans le sud de la planète pour percevoir que les Cubains sont désormais moins bien lotis que les citoyens d’autres pays « émergents ». Ainsi, au Brésil, le « modèle Lula » a-t-il éclipsé le castrisme. Car ce fils du peuple a réussi, en huit ans, à faire passer, grâce à son programme de
Bolsa Familia
, les 20 % les plus démunis de ses concitoyens, soit 40 millions d’habitants, de l’absolu dénuement à une consommation au moins basique. Là où Fidel a échoué un demi-siècle.
    En désignant dès 1959 son frère cadet Raúl comme successeur, Fidel aura vu loin. L’étonnant est que, dans un régime non dynastique, les choses se soient passées pour l’essentiel comme prévu quarante-sept ans plus tôt. Il reste à présent au vieux pouvoir postfidéliste à affronter l’épreuve de la jeunesse. Plus de la moitié des Cubains sont nés après la Révolution, et les combats héroïques dont on leur a rebattu les oreilles leur semblent sans doute moins d’actualité encore que les guerres puniques. Pour eux,
Granma
n’est plus le nom d’un yacht plein à ras bord de guérilleros héroïques, c’est la façon
yanqui
de dire
abuela
, grand-mère ! Il y a pis : à ces jeunes gens, que sont ces « acquis » dont hiérarques et thuriféraires se congratulent ? Après tout, ne sont-ils pas déjà
acquis
? De ces garçons et ces filles qui savent à présent ce qu’est le Web (il est vrai par consentement de Raúl !), combien ne sont pas tenté(e)s de s’évader vers cet au-delà de la mer qu’ils ont entendu diaboliser à l’envi ? Comme toujours vers ce qui est interdit…
    Fidel a pu tenir Cuba à l’écart de la
perestroïka
, des révolutions de velours, des roses, des tulipes, du jasmin… Mais qui peut exclure qu’un battement de
steel-drum
, un jour de carnaval, n’aille enflammer l’étoupe d’une société gérontocratiquehyper sèche ? Et tous les généraux s’accorderont-ils, ce jour-là, pour ordonner qu’on tire sur… leurs propres enfants peut-être ?
    Faute d’avoir su quitter le pouvoir à temps, le commandant en chef de la Révolution cubaine, longtemps tenu par les progressistes du monde pour une gloire de l’internationalisme et par maints idéalistes comme un fameux remanieur des rêves humains, aura eu la fin dont il avait toujours dit ne vouloir à aucun prix : un avatar, somme toute, de ce que ses facétieux compatriotes nomment un « plan pyjama », c’est-à-dire ce repli de
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