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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur
Autoren: Pascal Arnoux
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diplomates français à la recherche de princesses, mais ils essuyèrent d’insultants refus des cours, qui ne voulaient pas donner leurs filles à un Bonaparte. Toujours inventive, la presse suggéra qu’Elizabeth-Ann, qu’elle évoquait en termes à peine voilés – « une certaine dame anglaise » –, n’était pas étrangère à ces échecs, car elle s’était vantée, dit-on, de faire capoter le projet 265 . Elle commit toutefois l’erreur de rappeler à l’empereur le montant de sa dette. Il lui signifia la rupture et offrit de la dédommager par un comté, un château et un mari.
    La Corisande anglaise
    Contrairement à ce qu’espéraient Elizabeth-Ann et l’entourage impérial, Eugenia de Montijo n’était pas une aventurière : elle cherchait le mariage. Sincèrement épris, Napoléon III décida d’épouser la belle Espagnole, sans oser l’avouer à sa « dame de cœur » anglaise. Il éloigna d’abord celle-ci, lui confiant une curieuse mission d’ordre privé à Londres. Le 22 janvier 1853, Elizabeth-Ann quitta Paris à destination du Havre, où un bateau appareillait le soir même pour l’Angleterre. Aussitôt qu’elle fut partie, l’empereur annonça publiquement sa décision. Mais au Havre, une tempête soudaine empêcha tout appareillage jusqu’au lendemain. Alors qu’elle s’apprêtait à embarquer le 23, les journaux du matin lui apprirent fortuitement la nouvelle du mariage. Elle comprit qu’elle avait été roulée et revint immédiatement à Paris. Elle eut la mauvaise surprise de constater la disparition de toutes les lettres naguère expédiées par Louis-Napoléon, dont peut-être une imprudente offre de mariage. Dans leur hâte, les policiers chargés de cette tâche peu honorable avaient saccagé son mobilier.
    Furieuse, elle exigea une explication immédiate de l’empereur. Il vint, l’oreille basse, s’en tira avec de plates excuses et une dernière étreinte. En guise d’adieu, il lui promit le titre comtal de « Beauregard », nom d’un domaine qu’elle venait d’acheter, cadeau qui ne lui coûtait rien, et dont il ne signa d’ailleurs jamais les lettres patentes 266 . Bref, il se conduisit comme beaucoup d’hommes, c’est-à-dire comme un mufle : il ne chercha pas une solution plus élégante pour congédier la femme qui lui avait facilité son accès au trône, afin d’en épouser une autre au nom de la raison d’État. Elizabeth-Ann ne lui facilitait certes pas la tâche : même avec les meilleurs arguments du monde, on ne convainc jamais une femme amoureuse. Deux cent soixante-cinq ans plus tôt, Henri IV n’avait pas mieux agi envers Diane d’Andouins. Plus honnête et moins impécunieux que son prédécesseur, Napoléon remboursa à son ex-favorite 5,5 millions de francs-or, qu’il avait reconnu lui devoir. Elle ne faisait pas une mauvaise affaire sur le plan financier : elle lui avait prêté un peu plus de 3,5 millions. Les échéances étant parfois sujettes à interruptions, elle prit parfois la plume pour réclamer âprement son dû.
    Elizabeth-Ann se vengea par un départ tardif de son logis du palais de Saint-Cloud. Le couple impérial devait y passer sa nuit de noces, le 30 janvier ; il eût été gênant d’y croiser « Miss Howard » au détour d’un couloir. Celle-ci ayant fait savoir que son déménagement n’était pas achevé, Napoléon et Eugénie durent couchés ailleurs.
    L’oubli et la mort
    Elizabeth-Ann écrivit une dernière lettre à son ancien amant : « Je me serais aisément sacrifiée à une nécessité politique, mais je ne puis vous pardonner de m’immoler à un caprice […]. Nouvelle Joséphine, j’emporte votre étoile…» L’empereur conserva la missive, retrouvée aux Tuileries en 1870, après la chute du régime impérial.
    Il renoua pourtant avec sa chère Anglaise dès après son mariage, parce que cet homme sensuel n’avait pas conservé un impérissable souvenir de sa nuit de noces. La jeune impératrice n’éprouvait aucun goût pour la chose, mais aimait jalousement son mari : elle exigea qu’il mît un terme définitif à sa liaison. Il en allait de l’honneur de la dynastie. Sur le conseil de Napoléon III, Elizabeth-Ann partit pour Londres (septembre 1853). Elle revint à Paris en janvier 1854, puis retourna à Londres en mai afin de se marier avec Clarence Trelawny.
    Cadet d’une prestigieuse lignée de Cornouailles, cet officier de vingt-huit ans l’épousa par
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