Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
moquerie dans ses yeux.
    — Je ne suis pas un pion, Sire ! protesta le clerc à mi-voix.
    Il coula un regard de côté vers le comte : celui-ci ne se gaussait-il pas de lui ?
    — Warrenne ! lança Corbett d’un ton tranchant.
    Le comte leva la tête.
    — La prochaine fois que vous me menacerez de votre dague, Monseigneur, je vous enverrai ad patres !
    Corbett se dirigea vers la porte.
    — Hugh, revenez !
    Le roi, debout, balançait l’épée entre ses mains.
    — Vous n’êtes pas un pion, Corbett, mais vous me devez tout. Vous connaissez tous mes secrets. Je vous ai octroyé un bon manoir à Leighton et vous êtes riche, à présent. Maintenant, je vais vous offrir plus ! Agenouillez-vous !
    Surpris, Corbett mit genou en terre tandis que le monarque s’empressait de le toucher du plat de l’épée sur la tête et les épaules, avant de lui donner une petite tape sur la joue.
    — Je vous fais chevalier !
    Proclamation simple et laconique ! Corbett, embarrassé, épousseta son habit. Édouard remit l’épée dans son fourreau.
    — Dans un mois, la Chancellerie vous enverra vos lettres d’anoblissement. Eh bien, Corbett ! Qu’en dites-vous ?
    — Que ma reconnaissance vous est acquise, Sire !
    — Sottises ! grogna son interlocuteur. Si Warrenne vous avait menacé à nouveau et que vous l’aviez tué, j’aurais été forcé de vous faire exécuter. Mais à présent, vous êtes chevalier, vous avez titre et bonnes terres. Ce sera un combat entre pairs.
    Il serra la main de Corbett entre les siennes.
    — Partez maintenant, mes clercs rédigeront les mandats nécessaires, vous donnant autorité en mon nom.
    Corbett sortit en toute hâte, secrètement ravi de l’honneur, mais maudissant doucement son souverain qui était arrivé à ses fins.
    Dans la pièce, Warrenne s’essuya les yeux, sa grande carcasse secouée par le rire devant la duplicité du roi. Celui-ci, ravi de l’admiration du comte, laissa passer quelques secondes avant de se pencher vers lui.
    — John, murmura-t-il, je vous aime comme un frère, mais si vous tirez encore votre dague contre Corbett, je vous expédie dans l’autre monde moi-même, foi de monarque !
    De retour dans ses appartements, Corbett rassembla machinalement ses affaires et les fourra dans ses fontes de selle. Maeve serait folle de rage, songeait-il. Son beau visage placide se pincerait de colère, ses yeux s’étréciraient et lorsqu’elle ouvrirait la bouche, ce serait pour accabler de malédictions le roi, la Cour et les obligations de son époux. Corbett sourit en son for intérieur. Elle se calmerait vite, rassérénée par son titre de chevalier, et s’accorderait une petite pause avant de redoubler d’invectives contre leur gracieux souverain. Puis il pensa à sa petite Aliénor, qui, à trois mois, promettait déjà d’être aussi belle que sa mère. Pleine de vie et un corps mignon à croquer. Corbett avait désiré un fils – on l’avait assez taquiné là-dessus ! —, mais en fait, ce qui lui importait, c’était que Maeve et l’enfant fussent en bonne santé. Il s’assit sur le bord du lit et écouta distraitement les bruits qui montaient de la cour en contrebas. Mon Dieu ! Faites que l’enfant reste en bonne santé ! Il se souvint de sa première épouse, Mary, et de leur petite fille, mortes bien des années auparavant. Parfois, leurs visages surgissaient avec netteté dans son esprit, mais d’autres fois, ils semblaient disparaître dans une brume épaisse et tenace.
    — Non ! Il ne faut pas que cela arrive une deuxième fois ! pria Corbett à voix basse en tapotant le sol de ses bottes. Non, il ne le faut pas !
    Il prit la flûte posée sur le lit et en tira quelques accents mélodieux. Les yeux clos, il revécut le passé en une fraction de seconde. Mary était à ses côtés et la petite fille que la peste allait si vite emporter trottinait devant elle d’une démarche hésitante. D’autres souvenirs le submergèrent : le regard perspicace et matois de Robert Burnell, les traits délicats et passionnés d’Alice-atte-Bowe {7} . Et puis, les visages d’hommes tués ou pris sur le fait, coupables de terribles trahisons ou de crimes subtils. Il songea à l’irascibilité croissante et aux dangereuses sautes d’humeur du roi et se demanda combien de temps il resterait à son service.
    «J’ai bien assez d’or ! se dit-il. Et un bon manoir dans l’Essex. » Il hocha distraitement la tête.
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher