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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère
Autoren: Paul C. Doherty
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chancelier cilla. Ses yeux étaient noirs sous les paupières tombantes. Il se passa délicatement la main sur le visage, soulignant ainsi ses traits creusés et crispés.
    — Sire, une guerre avec la Flandre va vider le Trésor.
    — Nous emprunterons !
    — Les Lombards ne veulent plus prêter !
    — Les marchands le feront !
    — Ils sont imposés jusqu’à la garde.
    — Alors que suggérez-vous, Guillaume ?
    — L’Église !
    Un léger sourire aux lèvres, le monarque jeta un regard dur sur son garde du Sceau.
    — Cela ne vous déplairait pas, n’est-ce pas ? Vous aimeriez bien voir l’Église imposée, hein ?
    Il se pencha, entrelaçant ses doigts fuselés.
    — D’aucuns affirment, Guillaume, que vous ne croyez ni en notre Sainte Mère l’Église, ni en Dieu, ni en Notre-Seigneur !
    Guillaume de Nogaret lui opposa un regard vide :
    — Certains en disent autant de vous, Sire.
    Le monarque écarquilla des yeux faussement candides.
    — Mais mon grand-père était Saint Louis tandis que le vôtre, Guillaume, fut condamné pour hérésie, ainsi que votre mère, mis dans un tonneau de goudron et brûlé en place publique.
    Le souverain prit plaisir à voir le visage de son interlocuteur se durcir de colère. Il aimait que les autres perdent leur calme et révèlent leur vraie nature. Il se carra sur son siège avec un soupir.
    — Assez ! Assez ! murmura-t-il. Nous ne pouvons ni ne voulons imposer l’Église.
    — Alors, nous ne pouvons ni ne voulons envahir la Flandre, rétorqua le chancelier en parodiant le souverain.
    Le roi dissimula sa fureur sous un sourire. Il lissa lentement la toile de serge qui recouvrait la table.
    — Prenez garde, Guillaume, lança-t-il à mi-voix. Vous êtes mon bras droit.
    Le roi leva la main.
    — Mais si mon bras droit savait ce que faisait mon bras gauche, je n’hésiterais pas à le trancher.
    Puis, se retournant, il prit un pichet de vin et remplit une coupe en contemplant les bulles et le mouvement du liquide près du bord. Il l’offrit à Nogaret.
    — Et maintenant, mon garde du Sceau, trêve de paroles ! J’ai besoin d’argent et vous, vous avez un plan.
    Guillaume de Nogaret sirota sa boisson et croisa son -égard.
    — Vous avez un plan, n’est-ce pas ? répéta Philippe.
    Nogaret reposa sa coupe :
    — En effet, Sire ! Mais cela va nous obliger à intervenir dans les affaires anglaises.
    Il se pencha et prit la parole d’une voix posée.
    Philippe l’écouta, les bras croisés, imperturbable, mais, sous son masque d’impassibilité, il buvait le miel qui coulait de la bouche de son conseiller, à mesure que ce dernier exposait son idée.

 
    CHAPITRE PREMIER
    Au palais de Winchester, Édouard d’Angleterre était affalé dans l’embrasure d’une fenêtre de sa garde-robe, située derrière la salle du trône. Il observait l’un de ses lévriers qui attrapait goulûment des restes de gaufres sucrées dans un plat d’argent incrusté de pierres fines. Soudain le chien gagna, en quelques bonds souples, l’autre bout de la pièce et y fit bruyamment ses besoins. Le roi sourit in petto et dévisagea, sous ses sourcils broussailleux, les deux hommes assis sur des tabourets devant lui. Le plus âgé, John de Warrenne, comte de Surrey, avait un regard dénué d’expression. Le monarque détailla le visage cruel, le nez busqué, le menton carré et les yeux qui lui rappelaient vaguement ceux du lévrier. « Warrenne, songea-t-il distraitement, doit bien avoir une cervelle sous ses cheveux coupés ras, mais je n’en jurerais pas. » Warrenne n’avait jamais d’idée originale. Sa réaction habituelle était de sonner la charge et de tuer l’ennemi. En son for intérieur, Édouard le surnommait son lévrier : il plantait ses crocs dans tout ce que lui désignait son maître. Mais pour l’heure, le comte ne quittait pas son souverain des yeux. Abasourdi devant le flot de ses questions irritées, il attendait ses ordres. Bien que ce fût le début de l’été, il portait encore une cape de laine épaisse sur son éternelle cotte de mailles et ses jambières militaires en laine brune, enfoncées dans de vastes bottes dont il n’avait pas ôté les éperons. Le roi se mordilla les lèvres. Le comte ne changeait-il jamais de vêtements ? se demanda-t-il. Que faisait-il quand il allait se coucher ? Son épouse Alice avait-elle les marques des mailles imprimées sur sa douce peau blanche ?
    Le monarque jeta un bref
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