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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue
Autoren: Michel Zévaco
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coup de poignard le plus sûr, voilà les garanties morales qu’il prisait par-dessus tout.
    Les trois autres, tout jeunes, comme nous avons dit, avaient encore quelques préjugés. Certes, ils pouvaient se vanter déjà de plus d’un coup de dague doucement administré à quelque détour de ruelle, dans le dos de quelque ennemi de Sa Majesté, mais ils n’étaient pas au degré de perfection atteint par le comte de Loignes. Devant les sages observations de leur aîné – leur maître en guet-apens – ils baissèrent donc la tête.
    – Que faut-il faire ? demandèrent-ils.
    – C’est bien simple. Nous allons l’appeler comme si son duc le mandait à l’instant. Nous aurons nos dagues à la main. Et quand il sortira, nous le larderons proprement jusqu’à ce qu’il rende sa belle âme au diable.
    Il faut rendre cette justice aux trois jeunes écervelés qu’ils se rallièrent instantanément à ce plan si limpide.
    – Par où entre-t-on ? reprit le comte de Loignes.
    – Il faut faire le tour, dit Chalabre qui toute la journée avait guetté pas à pas Bussi-Leclerc. Suivez-moi, messieurs !
    Chalabre enfila aussitôt un sentier, et à vingt pas de la route sauta lestement par-dessus une porte à claire-voie. Les autres le suivirent. Ils se trouvaient alors dans une cour dont le sol disparaissait sous le fumier. Derrière eux, ils avaient une grange où, sur la paille, dormaient les deux inconnus que nous avons signalés tout à l’heure. Sur leur droite, au fond, c’étaient des étables et un poulailler. Devant eux, la maison, ou plutôt la chaumière, divisée en deux parties : à droite, le logis assez vaste des maîtres de céans, et à gauche une chambre isolée, avec sa porte particulière ; c’était là, dans cette pièce qui était comme la salle d’honneur de cette pauvre maison de paysans, c’était là, donc, que de tout son cœur dormait Bussi-Leclerc. Chalabre désigna la porte du doigt.
    – Il est bien capable de se sauver par la fenêtre ! gronda Loignes.
    – Il n’y a pas de fenêtre, dit Chalabre.
    C’était vrai. Les fenêtres étaient alors un luxe. Dans la plupart des chaumières, la porte, divisée en deux parties, servait à éclairer et aérer les pièces enfumées ; il n’y avait pour cela qu’à laisser ouverte la partie supérieure.
    – Admirable ! dit Loignes. Attention !
    Tous les quatre dégainèrent leurs dagues ; Sainte-Maline et Montsery se placèrent à gauche de la porte, le long du mur, prêts à bondir sur Bussi-Leclerc dès qu’il apparaîtrait. Chalabre se plaça à droite. Puis Loignes, ayant jeté un coup d’œil satisfait sur ce dispositif d’attaque, heurta rudement à la porte du pommeau de son épée. La lune, bien qu’en son dernier quartier, éclairait suffisamment ce tableau.
    – Holà ! holà ! messire de Bussi-Leclerc ! vociféra le comte de Loignes.
    – Qui va là ? dit une voix de l’intérieur.
    – Vite ! éveillez-vous et courez à monseigneur qui vous mande à l’instant !
    – Au diable monseigneur ! grommela Bussi-Leclerc. Attendez-moi, monsieur, je m’habille…
    – Non, non ! Je cours réveiller M. de Maineville que le duc mande également. Hâtez-vous donc !…
    Là-dessus, Loignes s’effaça contre le mur, près de Chalabre. Leclerc, habitué à ces alertes continuelles, ne pouvait avoir aucune défiance. Les quatre, ramassés sur eux-mêmes, la dague à la main, attendaient. Tout à coup, ils entendirent le bruit que faisait Bussi-Leclerc en commençant à ouvrir la porte.
    – Bonsoir, messieurs ! dit à ce moment une voix très calme et sans nulle raillerie apparente. Il paraît que vous voulez meurtrir ce bon M. de Bussi-Leclerc, gouverneur de la Bastille ?…
    – Ouais ! gronda Leclerc, qui à l’intérieur s’arrêta d’ouvrir, que veut dire cela ?
    – Trahison ! Trahison ! hurla le comte de Loignes.
    – A mort ! crièrent les trois autres en s’élançant le poignard levé sur l’homme qui venait de parler, et qui sortant de la grange, s’avança en saluant poliment et répétait :
    – Bonsoir monsieur de Chalabre ; bonsoir, monsieur de Sainte-Maline ; bonsoir, monsieur de Montsery.
    Les poignards levés s’abaissèrent ; les trois jeunes gens s’arrêtèrent, reculèrent et saluèrent très bas. Un rayon de lune se jouait sur le fin visage audacieux et paisible de celui qui venait d’intervenir, et ce visage, ils venaient de le reconnaître…
    Loignes,
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