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Faubourg Saint-Roch

Titel: Faubourg Saint-Roch
Autoren: Jean-Pierre Charland
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les fenêtres. Le couple monta les quelques marches donnant accès à la porte principale, alors que derrière eux Napoléon Grosjean pestait en silence : le cocher venait de comprendre que la corvée d'entrer toutes les valises lui incombait.
    «Notes sociales
    Nous apprenions hier la naissance du premier garçon d'Alfred Picard. Cet homme inaugurait, il y a tout juste une semaine, un commerce de vêtements féminins rue de la Fabrique, dont le succès paraît assuré. La mère et l'enfant se portent bien.
    Le Soleil, mardi 13 juillet 1897.»
    Epilogue
    Septembre 1898 offrait encore de belles journées. Des estrades avaient été montées sur la terrasse Dufferin afin d'offrir des places assises à une centaine de notables. Quatre ou cinq fois plus de personnes se tenaient debout entre les murs du Château Frontenac et la balustrade de fonte donnant sur la Basse-Ville.
    — Il y a maintenant deux cent quatre-vingt-dix ans, Samuel de Champlain fondait un poste de traite au pied de cette falaise, expliquait Wilfrid Laurier de sa voix forte. Son Habitation pouvait tout au plus abriter quelques dizaines de personnes de la menace des tribus hostiles. Regardez où nous en sommes aujourd'hui !
    D'un geste ample, le politicien entendait désigner les soixante mille habitants de Québec. Son chapeau haut-de-forme tenu de son bras gauche, il célébra pendant quelques minutes les réalisations des Canadiens français au cours des derniers siècles. Tout de suite après lui, vêtu de pourpre et une chasuble brodée de fils d'or chatoyant sous le soleil sur les épaules, monseigneur Louis-Nazaire Bégin s'efforça de démontrer qu'aucune de ces réalisations n'aurait été possible sans la constante protection de la divine Providence, et la présence d'un clergé des plus dévoué.
    L'ecclésiastique donna enfin le signal de tirer sur un jeu complexe de câbles. Des poulies accrochées à un mat oblique, permirent de lever une immense toile. Lentement, le voile en se retirant révéla sur une grande statue de Samuel de Champlain. Avec son socle de pierre, elle s'élevait à près de
    cinquante pieds.
    Dans les estrades, comme les autres membres de la Société Saint-Jean-Baptiste, Thomas Picard applaudissait à tout rompre. Son enthousiasme se révélait d'autant plus grand que sa propre contribution financière au projet de l'association nationaliste lui paraissait encore nettement exagérée. Certes, la statue du Français Paul Chevré paraissait majestueuse, mais après tout elle ne servirait qu'à accumuler la merde des pigeons pendant des décennies.
    —    Tu es fier de ton travail ? lui murmura Elisabeth à l'oreille au moment où tout le monde s'asseyait pour entendre d'autres discours ennuyeux.
    —    Il me coûte assez cher pour cela.
    Quand les derniers orateurs se turent enfin, la foule se dispersa lentement. Thomas rejoignit Wilfrid Laurier au premier rang de l'assistance, se tint un peu à l'écart alors que le grand homme discutait avec le premier ministre provincial Marchand et le maire Parent. Une dame à l'allure un peu maladive, des cheveux gris visibles sous son grand chapeau, patientait aussi un peu en retrait.
    —    Lady Laurier, commença Elisabeth en lui adressant son meilleur sourire, ces cérémonies s'allongent parfois un peu.
    —    Surtout que vous et moi ne sommes là que pour servir de décoration auprès de ces messieurs. Marchez avec moi vers la voiture, cela donnera peut-être à sir Wilfrid envie de nous suivre.
    Thomas esquissa un sourire en entendant l'ironie dans la voix de la première dame. L'année précédente, Laurier avait reçu le titre de chevalier lors de sa participation aux festivités entourant le soixantième anniversaire de l'accession au trône de la reine Victoria. Personne, dans la province de Québec, n'évoquait la chose sans un sourire narquois.
    —    Messieurs, fit le premier ministre à l'intention de ses collègues, Zoé s'est lassée d'attendre. Ce que femme veut... De toute façon, nous nous reverrons tout à l'heure chez les Picard.
    Il inclina la tête pour saluer, s'éloigna de quelques pas pour se retourner vers la grande statue de l'explorateur. Le sculpteur avait choisi de le représenter la main droite levée, en train de faire le point avec un astrolabe.
    —Je vous remercie encore d'avoir accepté mon invitation, insista Thomas à voix basse. Mes voisins sont un peu snobs. Ils nous traitent de haut, ma femme et moi.
    —    Bien
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