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Essais sceptiques

Essais sceptiques

Titel: Essais sceptiques
Autoren: Bertrand Russell
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lauréat :
    Monsieur, il y a tout juste deux cents ans, Jean-Jacques Rousseau recevait le prix offert par l’Académie de Dijon pour sa célèbre réponse à la question de savoir « si le progrès des sciences et des arts contribue à corrompre ou à épurer les mœurs ». Rousseau avait répondu non, et cette réponse – qui ne devait pas être très sérieuse – eut en tout cas de très sérieuses conséquences. L’Académie de Dijon n’avait pas de desseins révolutionnaires. Cela est vrai aussi pour l’Académie suédoise qui vient de décider de récompenser vos travaux philosophiques précisément parce qu’ils servent sans aucun doute à rendre morale la civilisation, et qu’en outre ils répondent de façon éminente aux intentions de Nobel. Nous vous rendons hommage en tant que brillant champion de l’humanité et de la libre pensée, et c’est un plaisir pour nous de vous voir ici à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Fondation Nobel. Veuillez, je vous prie, recevoir, des mains de Sa Majesté le Roi, le Prix Nobel de littérature pour 1950.

 
    LA VIE
ET L’ŒUVRE
DE
BERTRAND RUSSELL
    PAR
    E.W.F. TOMLIN O.B.E., M.A. (Oxon), F.R.S.L.
    Officer of the British Empire
    Maître des Arts à l’Université d’Oxford
    Fellow of the Royal Society of Litterature



AU COURS d’une vie longue et active, Bertrand Russell a bénéficié d’un avantage refusé à la plupart des hommes : il lui fut donné de poursuivre plusieurs carrières à la fois. Il a été mathématicien, philosophe, éducateur, politicien, philanthrope et conciliateur international. Dans chacune de ces activités il a excellé : chacune d’elles, séparément, lui aurait permis d’atteindre la grandeur.
    Appartenant à l’une des familles politiques influentes de Grande-Bretagne, Bertrand Russell (le troisième comte Russell) allie les façons de voir d’un radical aux traditions du véritable aristocrate. De même qu’il fut le contemporain de plusieurs générations d’écrivains, d’artistes, de savants et d’hommes d’action, il aurait pu appartenir tout aussi bien au XVIII e  siècle qu’au XX e . Étant enfant, il vit la reine Victoria, le grand Gladstone, Tennyson et Browning. Plus tard, il s’entretint avec de nombreux « grands » de ce monde, entre autres Lénine. Mais nous pourrions également l’imaginer ami de Voltaire, Diderot, d’Alembert et Holbach. En tant que penseur, il rappelle un Encyclopédiste ou un Physiocrate qui serait né hors de son siècle. En tant qu’homme politique et réformateur, rien en lui du démagogue, il évoque plutôt le prophète moderne.
    Il y a cependant un autre aspect de la personnalité de Russell. C’est un homme d’une profonde sensibilité. Cela l’apparente, non aux apôtres de la Raison, mais plutôt à ceux du Sentiment. Quelque chose en lui fait penser à Rousseau. Dès sa tendre enfance il fut sujet à des accès de mélancolie plus violents que ceux des adolescents en général. Sous sa prose courtoise et brillante – l’une des meilleures de l’anglais moderne – se cache un flot de compassion pour la misère humaine, un désir ardent d’améliorer la condition de l’homme, une soif d’amour universel. Il est vraisemblable que le conflit entre la force de cette passion latente et les principes inflexibles d’une intelligence aiguë, ait été, pour une large part, responsable du désordre de ses affaires personnelles : car si Russell connut la réussite dans presque tous les domaines auxquels il toucha, il n’en fut pas de même dans sa vie privée. Et si, dans sa neuvième décennie, il a trouvé la paix au sein de sa famille, on peut estimer qu’il a de la chance d’avoir vécu jusqu’à ce moment, pour en profiter.
    Il eut une jeunesse Spartiate
    Ses origines et l’éducation qu’il reçut éclairent beaucoup son caractère. Il naquit le 18 mai 1872 dans le Monmouthshire ; son père était Lord Amberley, le fils aîné du grand Lord John Russell, célèbre pour avoir soutenu le Bill de la Réforme en 1832. Sa mère était issue d’une famille non moins aristocratique : la famille Stanley d’Alderney. Ses parents moururent si jeunes qu’il ne garda d’eux qu’un souvenir très vague. Entre-temps il fut élevé par ses grands-parents. Ils avaient un esprit très cultivé, mais il régnait dans la maison une atmosphère de « piété et d’austérité puritaine » : étaient de rigueur bains froids chaque matin
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