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En ce sang versé

En ce sang versé

Titel: En ce sang versé
Autoren: Andrea H. Japp
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retenant le plus souvent les bottes à l’aide de rubans.

    12 - Ou bourrel, de « bourrer » : maltraiter. A donné « bourrèlement » : souffrance torturante.

    13 - Homme bas, lâche, fourbe, paresseux. L’injure était très forte au Moyen Âge.

    14 - Soie de belle qualité.

    15 - Sorte de pourpoint lacé sur le côté.

    16 - Homme sans valeur, vulgaire, ne méritant aucune considération.

    17 - Ici, dedans.

    18 - Empoisonneuse. L’enherbement était le crime le plus sévèrement puni au Moyen Âge, sans doute en raison de sa sournoiserie et parce qu’il n’existait aucun antidote à l’époque.

    19 - Qui mendie par paresse. Injurieux.

III
    Alentours de Nogent-le-Rotrou, novembre 1305
    L a baronne mère, Béatrice de Vigonrin, n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Elle avait arpenté sa chambre, lançant elle-même des bûches dans la cheminée, hésitant à déranger un souillon 1 de crainte que son insomnie ne soit interprétée en indice de maladie ou d’ennuis par la domesticité, ce qu’elle était. Elle avait longuement prié, suppliant François, feu son doux époux, son magnifique amant, de la seconder dans la tourmente. François, qui la nommait « sa caille » ou « sa valeureuse donzelle », selon qu’elle se lovait contre lui en soupirant, attendant ses caresses nocturnes ou qu’elle tenait tête, son joli nez froncé d’obstination.
    Béatrice en était bien consciente : elle avait reçu tant de dons. Elle avait épousé où son cœur la portait, une inestimable chance pour une femme. Elle se souvenait en souriant de sa terreur lors de cette première nuit. Certes, sa vieille nourrice lui avait maintes fois expliqué ce que son époux attendrait d’elle. La description, loin d’être engageante, lui avait fait redouter ce moment, alors même que François avait conquis son amour durant leurs fiançailles. Lorsqu’il avait délacé son chainse de nuit, bordé de dentelle, elle grelottait d’appréhension. Elle venait d’avoir seize ans. Tournaient dans son esprit les vagues allusions de sa mère, les conseils de la nourrice et cette scène de copulation de chiens qu’elle avait vue. « Il s’agit du premier devoir d’épouse, avec l’obéissance, ma fille. » « Certes, la défloration est douloureuse, tu saigneras sans doute. Rassure-toi, la suite est en général moins désagréable et puis tu n’as qu’à penser à autre chose. » Lorsque son chainse avait chu à ses pieds, la nausée lui remontait dans la gorge. François, dépucelé depuis fort longtemps par expertes en l’art d’amour, l’avait aussitôt senti. Pouffant, il avait murmuré à son oreille :
    — Nous ne sommes point pressés, ma mie 2 , la nuit est jeune. Venez, amusons-nous, ma caille. Je sais des choses que vous aurez plaisir à découvrir.
    Il l’avait tant caressée, tant baisée que, n’y tenant plus, elle l’avait enveloppé entre ses jambes. Dieu qu’ils avaient ri au matin, lorsque, épuisée, courbatue de partout, elle lui avait confié les paroles de sa mère et de sa nourrice.
    Le manque de François la blessait toujours cruellement, au point qu’elle en suffoquait parfois. Oh certes, elle connaissait maintenant assez la vie pour n’ignorer pas qu’elle avait eu une chance de femme et de mère que peu de ses congénères connaîtraient jamais. Cependant, aujourd’hui, elle se trouvait seule, effroyablement seule, avec pour unique arme et soutien le souvenir constant de la grande ombre protectrice de son époux. Supputer, pis, être certaine, que Mahaut, leur fille d’alliance, l’avait occis donnait des envies de meurtres à Béatrice. Elle la voulait traînée en place publique, hurlante, poussée sur le bûcher de justice. Elle voulait graver chaque seconde du supplice de la démone dans son esprit. Elle voulait lire une terreur abjecte sur son visage lorsque les flammes terrestres rugiraient, avant celles de l’enfer.
    La même lancinante question, épouvantable charade, tournait en boucle dans son esprit : pourquoi, mais enfin pourquoi Mahaut avait-elle enherbé son beau-père, son mari et feint de trucider son fils, le petit Guillaume, âgé de cinq ans 3  ? L’argent, le titre, le domaine ? Cela n’avait aucun sens. François père serait décédé un jour ou l’autre. François fils, mari de Mahaut, hoir mâle, héritait de la majeure partie, hormis un douaire confortable légué à sa mère et une rente à sa sœur, Agnès, épouse
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