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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome
Autoren: Steven Saylor
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Cicéron très jeune. Cicéron fut
le premier à baisser les yeux.
    — Que va-t-il advenir de Sextus Roscius maintenant ?
demandai-je.
    Sylla se cala dans son fauteuil.
    — Ce parricide, cet homme doublement fratricide mérite-t-il
de vivre ? Grâce à Cicéron, cette canaille a été promue au rang de héros
martyr, vulgaire petit Prométhée enchaîné à son rocher.
    « Les biens de son père ne lui seront pas restitués.
Mes ennemis les plus acharnés voudraient que j’annule une proscription dûment
enregistrée, que l’État admette avoir commis une erreur. Mais ça, jamais, tant
que je vivrai ! Chrysogonus remettra de son plein gré à Sextus Roscius d’autres
biens égaux en valeur à ceux dont il a été spolié, situés aussi loin que
possible d’Ameria. Que Sextus Roscius, le parricide, reprenne sa vie d’antan,
du mieux qu’il le peut et loin de ceux qui le connaissent, lui et son passé !
Mais la proscription est maintenue et il est dépouillé des biens de ses
ancêtres et de ses droits civiques. Étant donné ce que tu sais de cet homme,
trouves-tu cela vraiment injuste, Cicéron ? »
    Cicéron se caressa la lèvre supérieure.
    — Et qu’en est-il de ma sécurité et de la sécurité de
ceux qui m’ont aidé ? Certains hommes n’hésitent pas à assassiner.
    — Il y a eu assez de sang versé. Magnus et Capito
renoncent aux représailles. Quant à la mort mystérieuse d’un certain Mallius Glaucia,
dont on a découvert le corps, cet après-midi, dans des latrines publiques, n’en
parlons plus, l’individu n’en vaut pas la peine.
    Cicéron plissa les yeux.
    — Quand on conclut un marché, il y a deux parties,
Lucius Sylla.
    — Oui, c’est exact, Cicéron. J’attends de ta part que
tu fasses preuve de mesure. Je me suis efforcé de rétablir l’ordre et le calme.
De ton côté tu n’intenteras pas d’action contre Capito et Magnus pour
assassinat ; tu ne déposeras pas de plainte officielle au sujet de la
proscription de Sextus Roscius père ; tu ne traduiras pas en justice Gaïus
Erucius pour avoir entrepris des poursuites avec intention de nuire. Ni toi ni
aucun des Metellus ne fera de procès à Chrysogonus. Je te le dis clairement,
Cicéron, afin que tu en informes tes amis, les Metellus. Tu me comprends bien ?
    Cicéron acquiesça. Sylla se leva. Il avait le visage ravagé
par les ans, mais il se tenait très droit. A lui seul, il semblait remplir
toute la pièce. En comparaison, Cicéron et Tiron avaient l’air de gringalets.
    — Tu es un jeune homme intelligent, Marcus Tullius
Cicéron, et, au dire de tous, un brillant orateur. Ton audace est ridicule ou
ton ambition démesurée, ou peut-être les deux à la fois. J’aimerais te tendre
la main pour que tu rallies mon camp, mais tu la refuserais, pas vrai ? Tu
as encore la tête trop farcie d’un idéalisme fumeux : la défense
courageuse de la vertu républicaine contre la tyrannie exécrable et ce genre de
stupidité. Tu te fais des illusions sur la piété, sur ta propre nature.
Certains de mes sens faiblissent, mais je suis un vieux renard, j’ai encore du
flair, et dans cette pièce je sens la présence d’un autre renard. Permets-moi
de te dire ceci, Cicéron, le chemin que tu as choisi ne te mène qu’à un seul
endroit, celui où je me trouve. Regarde-moi, ton miroir est devant tes yeux,
Cicéron.
    « Quant à toi, Gordien, dit-il en me fixant d’un regard
perçant, tu n’es pas un renard mais un chien, tu déterres les os que les autres
chiens ont enfouis. N’en as-tu pas parfois assez de te fourrer le museau dans
la boue ? Je pourrais envisager de louer tes services, mais bientôt je n’aurai
plus jamais besoin d’agents secrets, de juges corrompus ni d’avocats véreux.
    « Oui, citoyens,
voici une bien triste nouvelle : très prochainement je vais annoncer que
je me retire de la vie publique. Ma santé décline, je perds ma patience. J’ai
fait de mon mieux pour défendre la vieille aristocratie et pour remettre à sa
place la populace. Qu’un autre prenne le relais pour sauver la
République ! J’ai hâte de commencer une vie nouvelle à la
campagne – de me promener, de jardiner, de jouer avec mes
petits-enfants. Et, j’allais oublier, de finir mes Mémoires. Je ne manquerai pas de t’en envoyer un exemplaire,
Cicéron. »
    Un sourire amer éclaira ses lèvres, puis Sylla s’apprêta à
partir. Soudain son sourire se fit enjôleur. Rufus était debout, dans
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