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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome
Autoren: Steven Saylor
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l’un ni l’autre,
nous ne pouvions oublier l’amertume et le désespoir de Roscia Majora. L’acquittement
de son père avait anéanti tous ses espoirs de vengeance. Comment
protégerait-elle maintenant sa sœur bien-aimée ? Je m’éclaircis la voix et
me frottai les yeux.
    — Rufus, s’il te plaît, reviens avec moi chez Cæcilia.
Montre-moi comment et où Roscius est mort.
    — Ce soir ?
    Il était fatigué et avait l’esprit confus. Il avait trop bu.
    — Demain ce sera peut-être trop tard. Les esclaves de Cæcilia
auront sans doute détruit les preuves.
    Rufus acquiesça d’un air las. Je vis le regard implorant de
Tiron et demandai à Cicéron :
    — Et Tiron peut-il venir avec nous ?
    — Au beau milieu de la nuit ? Après tout, pourquoi
pas ? répondit-il en pinçant les lèvres.
    — Et toi aussi, bien sûr.
    Cicéron fit non de la tête, il me regarda avec un certain
mépris mêlé de pitié.
    — La partie est jouée, Gordien. L’heure est venue pour les
hommes qui ont la conscience tranquille de prendre un repos bien mérité. Sextus
Roscius a choisi de mourir. C’est ce qu’affirme Sylla pour qui il n’est point
de secret. Laisse tomber, Gordien. Fais comme moi et va te coucher. Le procès
est terminé, tout est fini, mon ami.
    — Peut-être, ou peut-être pas, Cicéron.
    Je me dirigeai vers le vestibule et fis signe à Rufus et à
Tiron de me suivre.
     
    — Ça doit être d’ici qu’il est tombé, chuchota Rufus,
de cet endroit même.
    La pleine lune éclairait les dalles du balcon et le muret de
pierre qui l’entourait, lequel nous arrivait à la hauteur du genou. En me
penchant, je vis l’escalier dont avait parlé Rufus, à une distance d’au moins
dix pas en contrebas ; le bord des marches usé par les pieds luisait dans
la nuit. L’escalier serpentait et se perdait dans les ténèbres. Des profondeurs
de la maison montaient des lamentations. On avait placé le corps de Sextus
Roscius dans le sanctuaire de la déesse que vénérait Cæcilia, et ses esclaves
poussaient les gémissements et les cris rituels.
    — Ce muret me paraît bien trop bas, dit Tiron.
    — Oui, acquiesça Rufus, j’ai fait la même remarque à Cæcilia.
Apparemment il y avait autrefois un deuxième garde-fou en bois par-dessus. On
voit çà et là les supports en métal. On a dû enlever le bois qui était pourri
et dangereux. Cæcilia avait l’intention de le remplacer mais ne l’a jamais
fait, car l’aile arrière de la maison n’était plus utilisée depuis longtemps,
jusqu’à ce que Sextus et sa famille viennent s’y installer. Cet escalier est
plus raide qu’il n’en a l’air. Les marches sont glissantes et dangereuses quand
on descend, à plus forte raison quand un homme tombe ou trébuche. Le corps de
Sextus a déboulé une grande partie de la pente avant de s’immobiliser. Regardez
à travers les branches du chêne et vous verrez l’endroit, là où l’escalier fait
un angle aigu. La lumière de la lune éclaire la flaque de sang, comme si de l’huile
s’était répandue.
    — Qui l’a découvert ?
    — Moi.
    — Toi ?
    — Oui, parce que j’ai entendu crier.
    — Qui criait ? Roscius au cours de sa chute ?
    — Non, Roscia, sa fille. La chambre, qu’elle partage
avec sa petite sœur, est tout près, la première porte au fond du couloir.
    — Explique-toi, s’il te plaît.
    — Je m’étais déjà rendu dans ma chambre quand j’ai
entendu un cri poussé par une jeune fille et puis des sanglots. Je suis sorti
en courant et j’ai trouvé Roscia Majora ici, sur le balcon, elle pleurait au
clair de lune. Quand je lui ai demandé ce qu’elle avait, elle a été prise de
tremblements si violents qu’elle a été incapable de parler. Elle m’a seulement
indiqué l’endroit où se trouvait le corps de Sextus Roscius.
    — Et comment se fait-il que Roscia se trouvait là, sur
le balcon d’où son père était tombé ?
    — Je le lui ai demandé, répondit Rufus, quand elle s’est
calmée. Apparemment elle a eu un cauchemar et, quand elle s’est réveillée, elle
a voulu aller sur le balcon pour respirer l’air frais. Elle est restée là, un
moment, à contempler la pleine lune et puis, par hasard, elle a regardé en bas…
    — Et par hasard elle a vu le corps de son père dans un
amas de feuilles et de pierraille ?
    — Cela n’a rien d’invraisemblable, remarqua Rufus sur
la défensive. La lumière de la lune éclairait cet endroit,
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