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Dieu et nous seuls pouvons

Dieu et nous seuls pouvons

Titel: Dieu et nous seuls pouvons
Autoren: Michel Folco
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qu’offrait le statut de sauveté, l’accompagnaient. Lorsqu’ils
arrivèrent sur place, il n’y avait rien à l’exception d’un dolmen qui servait
parfois d’abri pour la nuit aux pèlerins ou aux rares voyageurs osant encore se
déplacer sur des routes laissées à l’état sauvage.
    — Par le cul-Dieu, voilà une
belle rocaille ! s’exclama Azémard à la vue du neck de lave qui dominait
l’endroit.
    Il grimpa au sommet et contempla
longuement le panorama avec satisfaction. Tout cela désormais lui appartenait.
    Il choisit de s’installer
provisoirement dans l’une des grottes perçant le piton et profita de ce que ses
gens l’enfumaient afin d’en déloger les centaines de chauves-souris pour
remonter à cheval et faire le tour de son domaine.
    Pendant plusieurs jours il recensa
les terrains cultivables et les divisa en manses de cinq hectares qu’il
distribua ensuite à ses vilains, se réservant selon la coutume l’exacte moitié
de chacune. Les bénéficiaires se devaient de la travailler comme la leur et de
lui remettre ponctuellement la récolte. Ils étaient également astreints à de
nombreuses corvées collectives telles que la construction d’un château fort en
bois au sommet du neck. En contrepartie (un bon berger tond ses brebis, il ne
les écorche pas), Azémard les dispensa de taille et de diverses autres taxes
seigneuriales. Il les autorisa aussi à léguer en cas de décès leur part de
manse à leur fils aîné. S’ils n’en possédaient pas, Azémard la reprenait de
droit et pouvait la redistribuer.
    La vie ne tarda pas à s’organiser.
Pendant que leur seigneur consacrait ses journées à la chasse, les vilains
débroussaillèrent le haut du neck et le ceinturèrent d’une double palissade de
pieux aux pointes durcies au feu. Puis ils élevèrent un donjon de bois de
quatorze mètres qu’ils encadrèrent d’une grange et d’une écurie.
    L’espace entre le piton et la boucle
de la rivière fut déboisé et divisé en parcelles à l’intérieur desquelles
chaque vilain se construisit une maison sans fenêtre au toit de chaume et aux murs
de torchis que l’on serra l’une contre l’autre pour former une première ligne
de défense du château fort.
    Le bruit se répandant qu’une
nouvelle sauveté venait de se créer sur les bords du Dourdou, les vilains
mécontents de leur seigneur ou accablés d’impôts convergèrent vers
Bellerocaille (comme se nommait désormais l’endroit) pour y réclamer le droit
d’asile. Le statut de sauveté garantissait ce droit, encore fallait-il
qu’Azémard puisse l’assurer militairement.
    Le mois du long jour venait de
commencer quand l’un de ces fuyards, un forgeron, parvint à échapper à ses
poursuivants en se réfugiant dans l’enceinte du château. Son maître, Guichard
du Grandbois, seigneur d’une châtellenie appartenant à l’évêque de Rodez,
accompagné d’une vingtaine d’hommes armés, menaça d’en faire le siège si on ne
lui rendait pas son précieux forgeron.
    — Arrière, marauds ! Ce
fief est une sauveté de Monseigneur le Comte Raimond, passez votre
chemin ! les avertit Azémard, les mains en porte-voix en haut du donjon.
    En guise de réponse, certains des
assaillants entreprirent de piller le village déserté de ses habitants (ils
étaient réfugiés au château).
    — C’est bon, arrêtez, je vous
le baille ! leur cria-t-il en descendant de son perchoir pour réunir ses
gens et leur dire de se tenir prêts.
    Puis il ordonna qu’on ligote le
forgeron. Celui-ci supplia de ne pas être livré.
    — Fais-moi confiance, bonhomme.
Bellerocaille est une sauveté, et moi vivant, elle le restera. Obéis-moi et
tout ira bien.
    Guichard du Grandbois rit de plaisir
sous son heaume de cuir bouilli à la vue de la double porte fortifiée s’ouvrant
sur son forgeron mains liées dans le dos, suivi du petit seigneur de la
sauveté, désarmé et l’air bien marri. Il les laissa approcher sans méfiance et
songeait à une méchanceté à décocher quand Azémard s’empara de la hache que le
forgeron dissimulait dans son dos et pourfendit le visage de Guichard,
ébréchant le tranchant de l’arme sur la calotte de fer qu’il portait sous son
heaume, lui fendant le crâne jusqu’aux dents.
    — Bataille !
Bataille ! hurla Azémard.
    Menés par son cousin, ses vilains se
ruèrent hors du château, brandissant des fourches et des cognées et semant le
désordre chez l’ennemi.
    En plus du
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