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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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par les trous, et je parvenais tout juste à respirer.
    Quelqu’un que je ne voyais pas venait de me saisir par le bras.
    — Alors c’est lui le coupable ? Grumio ?
    Je reconnus la voix de Congrio.
    — Laisse-moi, Congrio, je dois me saisir du clown.
    — Oh ! laisse-moi faire ! claironna-t-il. (La certitude dont il faisait preuve me rappelait quelqu’un. Et je ne me trompais pas.) Helena et moi, on a mis un plan au point !
    Je ne réussis pas à l’arrêter, car je me débattais toujours avec mon costume. Adoptant une étrange dégaine – sans doute l’idée qu’il se faisait d’un grand acteur –, il pénétra dans l’arène avant moi. Même dans ces circonstances, je m’attendais à l’entendre dire la phrase que j’avais écrite pour lui : « Maîtresse ! La jeune fille vient de donner naissance à des jumeaux ! ». Mais ce ne fut pas le cas. Il ne jouait pas le bref rôle ajouté à son intention, mais celui du traditionnel esclave en fuite.
    — Dieux qui êtes là-haut, je suis dans le pétrin… (Il courait si vite, qu’il rattrapa les voyageurs et leur mule.) Je suis épuisé. Moschion exilé, sa mère en pleurs, le rôti dans le four, le fiancé furieux, et maintenant cette fille… mais patientez, je vous parlerai de la fille le moment venu. J’aperçois deux voyageurs et j’ai envie de bavarder avec eux.
    Et puis, au moment où je croyais avoir atteint le fond de l’abîme, Congrio se mit à raconter une plaisanterie.

72
    L’afficheur malingre s’était hissé sur un rocher factice pour mieux être vu :
    — Salut, vous deux en bas ! Vous me paraissez bien abattus. Vous voulez que je vous remonte le moral ? Eh bien, je vais vous en raconter une bien bonne que vous ne connaissez pas, j’en suis sûr.
    Toujours à califourchon sur sa mule, Philocrates était l’image même de la fureur. Il aimait coller au texte et haïssait les laquais. Mais impossible d’arrêter Congrio.
    — Un touriste romain arrive dans un village et aperçoit la très jolie sœur d’un fermier, commença-t-il.
    Je remarquai que Grumio, qui tirait sur la bride de la mule, s’arrêta net comme s’il reconnaissait l’histoire. Quant à Congrio, ayant réussi à retenir l’attention du public, il avait l’air de plus en plus épanoui.
    — Holà, paysan ! Combien pour passer une nuit avec ta sœur ? — Cinquante drachmes. — C’est tout à fait ridicule ! Faisons un marché : tu me laisses passer une nuit avec ta sœur et je te montrerai quelque chose d’étonnant. Je te parie que j’arriverai à faire parler tes animaux… Si je n’y parviens pas, je te donnerai les cinquante drachmes.
    » Cet homme est fou, pense le fermier. J’accepte son pari, il n’a aucune chance. Malheureusement pour lui, il ignorait que le Romain était ventriloque et comptait passer un bon moment aux dépens du paysan.
    — Je vais d’abord faire parler ton cheval, paysan. Salut, cheval. Dis-moi, est-ce que ton maître te traite bien ? — Oui, plutôt bien, répondit le cheval, mais ses mains sont toujours froides quand il me caresse les flancs…
    Je me demandais si on pourrait arrêter Congrio un jour. Dissimulé derrière mon masque, je vis Philocrates passer de la fureur à l’ébahissement, et Grumio bouillonner de colère.
    — C’est étonnant, déclara le fermier, pas encore complètement convaincu. J’ai vraiment cru entendre mon cheval parler. Recommence. — D’accord, ricana doucement le Romain. Mais on va passer à ta brebis. Salut, brebis ! Comment trouves-tu ton maître ? — Pas trop mal, répondit la brebis, mais je trouve ses mains bien froides sur mes pis quand il vient me traire…
    Philocrates, qui s’était plaqué un sourire sur le visage, se demandait quand cette séance de torture imprévue allait prendre fin. Grumio écoutait comme s’il avait été transformé en statue de sel. Congrio n’avait jamais été aussi heureux de sa vie.
    — Tu m’as convaincu, admit le fermier.
    » Le Romain ne se tient plus de joie. — J’en étais sûr, dit-il. Je te fais une dernière démonstration, et ta sœur sera à moi pour la soirée. Salut, chameau ! Tu es vraiment superbe. Mais dis-moi…
    » À ce moment-là, le fermier bondit sur lui pour l’empêcher de continuer. — Ne l’écoute pas ! hurla-t-il. Ce chameau est le pire des menteurs !
    Le fermier ne fut pas le seul à bondir. Avec un cri de rage, Grumio se jeta sur Congrio en braillant :
    — Qui te l’a donné ?
    Il voulait bien sûr
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