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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites
Autoren: Guy Breton
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Dieu, je ne pense pas qu’il y en ait encore un au monde de même, il a pris tous mes rebelles de huguenots à la pipée [10] .
    Il allait en prendre bien d’autres…

2
    Des époux mal assortis
    C’était le ménage du bouc et de la levrette…
     
    Charles Fournier
     
    Tandis que les protestants enterraient leurs morts, Marguerite considérait avec effarement le mari que sa mère lui avait donné. Grossier, vantard, sale, puant l’ail, il était le contraire de tout ce qu’elle aimait [11] . Comment avait-elle pu faire entrer ce rustaud malodorant dans son lit ? On ne sait rien de leur nuit de noces, mais on imagine l’effroi de cette jeune femme de dix-neuf ans délicate et parfumée, habituée à batifoler avec des jeunes gens de la cour aussi élégants qu’elle, contrainte de subir les étreintes de ce bouc fétide. Pourtant, si l’on en croit Henri  IV lui-même, le mariage aurait été consommé. Interrogé lors de son divorce, en 1599, par le commissaire du pape qui voulait savoir si les époux avaient eu « communication ensemble », le Béarnais répondit : « Nous étions tous deux jeunes au jour de nos noces, et l’un et l’autre si paillards qu’il était plus qu’impossible de nous en empêcher. »
    Mais faut-il le croire ? Catherine de Médicis en douta. Au point qu’elle pensa se servir de cette « non-consommation » pour faire rompre une union qui lui semblait tout à coup dangereuse. Sa qualité de mari de Marguerite n’avait-elle pas permis à Henri de Navarre, chef des huguenots, d’échapper à la Saint-Barthélémy ? Ne lui donnait-elle pas, en outre, un paradoxal droit d’asile et une immunité dans le palais de ceux-là même qu’il combattait ? Car personne, bien sûr, ne croyait à la sincérité de l’abjuration qu’il avait prononcée, dans la chambre de Charles  IX , au lendemain du massacre.
    Un matin, voyant sa fille triste, Catherine lui demanda « si le roi de Navarre était un homme, et, si cela n’était, elle aurait le pouvoir de la démarier ».
    Marguerite n’éprouvait aucune attirance pour son mari, mais le mariage lui assurait une relative liberté. Elle prit un air candide et répondit « qu’elle ne se connaissait pas en ce qu’on lui demandait ». La reine mère entreprit alors de lui expliquer « la définition de l’homme selon les attributs particuliers qui conviennent à la relation individuelle et spécifique du mari ».
    Depuis longtemps, Marguerite n’avait plus rien à apprendre sur ce sujet. Elle continua néanmoins à jouer les ingénues et à déclarer qu’elle ignorait ce que sa mère voulait dire par « être homme ». Catherine de Médicis abandonna le dialogue, mécontente sans doute de n’être point parvenue à ses fins, mais ravie, au fond d’elle-même, de voir sa fille aussi rusée Florentine…
    Marguerite ne parla jamais de la répugnance qu’avait dû lui inspirer l’accomplissement du devoir conjugal lors de sa nuit de noces ; mais rapportant dans ses Mémoires la question de Catherine de Médicis au sujet de la virilité du roi de Navarre et voulant montrer sa candeur, elle raconte une histoire choisie avec une malice évidente. « J’aurais pu répondre, écrit-elle, comme cette Romaine qui, aux reproches que lui faisait son mari de ne l’avoir averti qu’il avait l’haleine mauvaise, lui répondit qu’elle croyait que tous les hommes l’eussent semblable, ne s’étant jamais approchée d’aultre homme que de luy [12] . »
    Histoire que durent savourer tous les amants qu’elle avait eus avant son mariage, mais qui montre bien qu’elle ne conservait pas un suave souvenir du moment qu’elle passa dans les bras de son mari !…
     
    Après cette curieuse nuit de noces, les deux époux si mal assortis décidèrent d’un commun accord de vivre dans une liberté complète et, comme le dit Jacques Castelnau, « sous le régime de la tromperie mutuelle ». Elle eut des amants. Il eut des maîtresses. Et le Béarnais, dont la délicatesse n’était pas la qualité dominante, venait bien souvent conter par le menu, « comme à un camarade », ses exploits amoureux à Marguerite. Il ne lui épargnait même pas, nous dit-on, « les détails de cabinet de toilette »…
    Dire que la jeune reine de Navarre éprouvait du plaisir à entendre les récits de son chenapan de mari serait excessif, mais elle n’en ressentait aucune jalousie. Elle avoue même, dans ses Mémoires ,
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