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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites
Autoren: Guy Breton
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présenté au public le 5 septembre à Saint-Germain-en-Laye [258] .
    Mais nous entrons là en plein roman, car il est impossible que la reine ait pu accoucher sans que personne ne sût rien…
    D’ailleurs, si Louis  XIV était né clandestinement en mars 1638, la position de ceux qui prétendent que Richelieu est le père du grand roi ne s’en trouverait pas renforcée pour autant ; il est, en effet, difficile d’admettre que la reine, même désemparée à la pensée qu’on allait l’arrêter, la répudier et la renvoyer en Espagne, se soit laissé violer par cet homme qu’elle haïssait.
    Alors, Mazarin ?
    Les soupçons qui pèsent sur lui paraissent beaucoup plus sérieux. Lorsqu’il arriva à la cour en 1634, Richelieu le présenta à la reine par cette phrase insolente :
    — Je crois, Majesté, qu’il vous plaira, car il ressemble à Buckingham.
    Anne d’Autriche avait aperçu l’Italien quelques années auparavant à Lyon. Elle le regarda mieux, vit « qu’il avait les qualités les plus charmantes » et fut séduite. De son côté, Mazarin contempla cette femme dans l’épanouissement de ses trente ans (il en avait vingt-huit) et pensa qu’il pourrait être à la fois utile et agréable de coucher avec elle.
    Quand devint-il son amant ? On l’ignore. La plupart des historiens soutiennent que les choses ne se passèrent qu’après la mort de Louis  XIII . D’autres affirment que tout était accompli dès 1635. Il est difficile de les départager…
    Naturellement, au moment de la Fronde, le peuple, qui n’est pas à une contradiction près, accusa formellement Mazarin d’être le père de Louis  XIV .
    Et ceux-là même qui chantaient le couplet que j’ai cité plus haut braillaient sans aucune gêne la chanson suivante :
     
    Où seriez-vous, roi très chrétien,
    Sans le secours de Mazarin ?
    Dame Anne bien apprise
    Pour vous faire par ce canal
    Fils aîné de l’Église
    Vous eut du cardinal.
     
    Malheureusement, il semble bien que le peuple, cette fois encore, ait commis une erreur ; car même si Mazarin était l’amant de la reine depuis 1635 il existe un empêchement majeur à sa paternité : de 1636 à 1639, il demeura à Rome.
    Il est par conséquent hors de cause.
     
    Si le père de Louis  XIV n’est ni Richelieu ni Mazarin, qui est-ce donc ?
    Du vivant même d’Anne d’Autriche, bien des noms furent prononcés : Rantzau, Créqui, Rochefort, Mortemart. Et, en 1693, Pierre Marteau, à Cologne, publia un ouvrage intitulé : Les Amours d’Anne d’Autriche, épouse de Louis  XIII , avec Monsieur le C.D.R ., le véritable père de Louis  XIV , aujourd’hui roi de France . Un sous-titre précisait : « Où l’on voit comment on s’y prit pour donner un héritier à la couronne, les ressorts qu’on fit jouer pour cela et enfin tout le dénouement de cette comédie. »
    Dans l’introduction, l’auteur nous dit : « La froideur reconnue de Louis  XIII , la naissance de Louis Dieudonné, ainsi nommé parce qu’il naquit après vingt-trois ans de mariage stérile, sans compter plusieurs autres circonstances, prouvent si clairement et d’une manière si convaincante cette génération empruntée, qu’il faut avoir une effronterie extrême pour prétendre qu’elle soit la production du Prince qui passe pour en être le père. Les fameuses barricades de Paris et la formidable révolte qui se fit contre Louis  XIV à son avènement au trône, et qui fut soutenue par des chefs si distingués, publièrent si hautement sa naissance illégitime que tout le monde en parlait. Et, comme la raison la confirmait, à peine y avait-il quelqu’un qui eût des doutes et des scrupules là-dessus. Il est vrai que ses dents canines croissant à mesure que croissait l’esclavage de la France, une vérité si hardie et si dangereuse fut un peu moins prônée, et on n’osait la dire qu’à l’oreille et dans le cabinet. »
    D’après ce curieux ouvrage, le cardinal, fort affligé de voir la France sans dauphin et désespéré à la pensée que son œuvre politique serait détruite à la mort du roi par Monsieur, héritier présomptif de la couronne, aurait décidé de faire donner un enfant à la reine.
    « Il ne s’agissait, nous dit l’auteur, que d’introduire quelque personne charitable, qui suppléât à la défectuosité conjugale du pauvre roi, et d’emprunter des étrangers ce qu’on ne trouvait pas chez soi, expédient dont on ne commence pas
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