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Dans l'intimité des reines et des favorites

Dans l'intimité des reines et des favorites

Titel: Dans l'intimité des reines et des favorites
Autoren: Guy Breton
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répondit qu’elle n’avait jamais vu ce papier.
    Baissant les yeux, Richelieu sourit :
    — Je vous crois, Madame, mais en toute chose il peut y avoir plusieurs vérités. Et je vous assure que, si vous dites tout ce que vous savez et jusqu’au fond des choses, le roi vous pardonnera certainement. D’ailleurs, je serai là pour vous défendre…
    Pendant plus d’une heure, sur ce ton fielleux, il tortura la reine, qui finit par s’effondrer. En sanglotant, elle avoua qu’elle était l’auteur de la lettre, mais jura qu’elle n’en avait pas écrit d’autres.
    — Vous savez depuis longtemps quels sentiments j’ai pour vous, dit doucement Richelieu. Je vais maintenant de tout mon cœur m’employer à vous faire absoudre par le roi.
    Anne d’Autriche, elle aussi, joua le jeu :
    — Ah ! monsieur le Cardinal, dit-elle, quelle bonté faut-il que vous ayez !
    Et elle lui tendit la main. Mais Richelieu la refusa en feignant l’humilité et le respect…
     
    Dès qu’il fut remonté dans son carrosse, Anne d’Autriche s’affola. Il fallait absolument que La Porte, qui allait être interrogé à son tour, fît les mêmes réponses qu’elle. Comment lui faire savoir ce qu’elle avait avoué ? Elle demanda conseil à M lle  de Hautefort qui était devenue son amie.
    — Écrivez une lettre, lui dit celle-ci. Je me charge de la faire parvenir à La Porte.
    Le lendemain matin, déguisée en soubrette, le visage à demi caché par une grande coiffe, la jeune fille se rendit à la Bastille et demanda à voir un de ses amis, le chevalier de Jars, qui purgeait alors une petite peine.
    — Je suis la sœur de son valet, dit-elle.
    Les gardes, pensant qu’il s’agissait d’une fille de joie comme il en venait souvent à la Bastille, allèrent chercher le chevalier et le laissèrent avec Marie.
    Jars fut stupéfait en reconnaissant son amie.
    — Vous ?…
    Elle lui fit signe de se taire :
    — Voici une lettre de la reine qu’il faut faire passer à La Porte. Sa chambre se trouve deux étages au-dessous de la vôtre ; c’est de la plus haute importance…
    Quelques heures plus tard, le chevalier perçait son plancher, faisait passer la lettre à son voisin du dessous, et celui-ci, par le même moyen, la transmettait à La Porte.
    Quand Richelieu arriva, le valet de chambre savait quelles réponses il devait faire. Anne d’Autriche était sauvée…
    Ignorant qu’il avait été dupé, le cardinal jugea l’affaire moins intéressante qu’il ne l’avait cru tout d’abord et arrêta les poursuites. Alors la reine promit de ne plus écrire à sa famille et, au début de l’hiver, le roi put annoncer à Louise qu’il avait pardonné.
    La petite religieuse fut ravie.
    — Réconciliez-vous tout à fait, dit-elle, la France n’a toujours pas de dauphin.
    Elle ne se doutait pas que le roi allait peut-être pouvoir prendre le titre de père grâce à elle.
    Voici ce que nous conte à ce sujet le Père Griffet dans son Histoire du règne de Louis  XIII  :
    « Au commencement de décembre, le roi partit de Versailles pour aller coucher à Saint-Maur, et en passant par Paris il s’arrêta au couvent des Filles Sainte-Marie de la rue Saint-Antoine pour rendre visite à M lle  de La Fayette. Pendant qu’ils s’entretenaient, il survint un orage si affreux qu’il ne lui fut pas possible de retourner à Versailles ni d’aller à Saint-Maur où sa chambre, son lit et les officiers de bouche étaient arrivés. Il attendit que l’orage cessât, mais, voyant qu’il augmentait au lieu de diminuer et que la nuit approchait, il parut embarrassé ; son appartement au Louvre n’était point tendu, et il ne savait où se retirer.
    « Guitaut, capitaine des gardes, qui était dans l’habitude de lui parler avec assez de liberté, lui dit que, la reine demeurant au Louvre, il trouverait chez elle un souper et un logement tout préparé. Il rejeta cette proposition en disant qu’il fallait espérer que le temps changerait. On attendit encore, et l’orage étant devenu plus violent Guitaut lui proposa encore d’aller au Louvre. Il répondit que la reine soupait et se couchait trop tard pour lui. Guitaut l’assura qu’elle se conformerait volontiers à sa manière de vivre. Le roi prit enfin le parti d’aller chez la reine. Guitaut y courut à toute bride pour avertir cette princesse de l’heure à laquelle le roi voulait souper. Elle donna des ordres pour qu’il fût servi selon ses
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