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Dans le jardin de la bête

Dans le jardin de la bête

Titel: Dans le jardin de la bête
Autoren: Erik LARSON
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1895 et décrocha son « Master’s » en 1897, à l’âge de vingt-six ans.
    Sur les encouragements d’un membre de la faculté très estimé et avec un prêt d’un grand-oncle bienveillant, Dodd partit en juin 1897 pour l’université de Leipzig afin d’étudier en vue d’un doctorat. Il emporta sa bicyclette. Il décida de consacrer sa thèse à Thomas Jefferson, malgré la difficulté évidente de se procurer en Allemagne des documents concernant l’Amérique du XVIII e  siècle. Dodd assista aux cours et trouva des sources intéressantes dans des archives à Londres et à Berlin. Il se déplaçait beaucoup, souvent à bicyclette et, à maintes reprises, fut frappé par l’atmosphère militariste qui se développait en Allemagne. À un moment donné, un de ses professeurs préférés organisa un débat à ce sujet : « Dans quelle mesure les États-Unis  10  seraient-ils impuissants s’ils étaient envahis par une grande armée allemande ? » Cette humeur belliqueuse à la prussienne mettait Dodd mal à l’aise. « L’esprit guerrier  11  était trop présent partout », écrivit-il.
    Dodd regagna la Caroline du Nord à la fin de l’automne 1899 et, après des mois de recherche, il finit par décrocher un poste d’assistant au Randolph-Macon College  12  à Ashland, en Virginie. Il renoua également avec une jeune femme, Martha Johns, fille d’un propriétaire terrien bien loti qui habitait près de sa ville natale. L’amitié se transforma en une histoire d’amour et, la veille de Noël 1901, leur mariage fut célébré.
    À Randolph-Macon, les problèmes ne se firent pas attendre. En 1902, Dodd publia un article dans le Nation , lequel fustigeait l’association du Grand Camp of Confederate Veterans qui avait réussi à faire interdire dans les écoles un livre d’histoire que ces anciens combattants de la Confédération considéraient comme un affront à l’honneur sudiste. Selon Dodd, ces vétérans pensaient que la seule histoire valable était celle qui affirmait que le Sud « avait été totalement fondé à vouloir faire sécession ».
    Le retour de bâton fut immédiat. Un éminent avocat du mouvement des anciens combattants lança une campagne pour faire renvoyer Dodd de Randolph-Macon. L’école apporta à Dodd un soutien sans faille. Un an plus tard, il s’en prit de nouveau aux anciens combattants, cette fois dans un discours devant l’American Historical Society, dans lequel il dénigrait leurs tentatives d’« exclure des écoles le moindre ouvrage ne correspondant pas aux critères du patriotisme local ». Il répétait à l’envi que « se taire était hors de question pour un homme fort et honnête ».
    Dodd prit de l’envergure en tant qu’historien, et sa famille se développa. Son fils naquit en 1905, sa fille en 1908. Comprenant qu’une augmentation de salaire serait bienvenue, et que ses adversaires sudistes ne déposeraient pas les armes, il se mit sur les rangs pour un poste à l’université de Chicago. Il obtint le poste, et dans le froid glacial de janvier 1909, à l’âge de trente-neuf ans, il déménagea avec sa famille pour Chicago, où il devait rester pendant un quart de siècle. En octobre 1912  13 , se sentant attiré par son héritage culturel et le besoin de se donner une crédibilité en tant que démocrate héritier de Jefferson, il acheta une ferme. Le travail pénible qui l’avait tellement éreinté dans son enfance devint une distraction salutaire, avec une sorte de nostalgie romantique du passé de l’Amérique.
    William Dodd se découvrit aussi  14  un vif intérêt pour la politique, qui se déclencha véritablement quand, au mois d’août 1916, il rencontra le président Woodrow Wilson dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche. L’entrevue, d’après un biographe, « changea profondément sa vie ».
    Dodd était de plus en plus troublé par des signes indiquant que l’Amérique glissait vers une intervention dans la Grande Guerre qui avait lieu en Europe. Depuis son expérience à Leipzig, il ne doutait pas de la responsabilité de la seule Allemagne dans le déclenchement du conflit, qui ne pouvait que satisfaire les aspirations des industriels allemands et des aristocrates prussiens, les Junkers, qu’il comparait à l’aristocratie sudiste d’avant la guerre de Sécession. Il assistait à présent à l’émergence d’un orgueil comparable de la part des industriels et des
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