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Clio Kelly et l'éveil de la gardienne

Titel: Clio Kelly et l'éveil de la gardienne
Autoren: Angélique Ferreira
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inférieurs !
    — Qu’est-ce que tu racontes ? demanda Morgan sans réaliser qu’il le tutoyait.
    — C’est encore un peu tôt pour toi, Gabriel. Tu comprendras tout le moment venu...
    — Arrête de m’appeler comme ça ! Je m’appelle Morgan ! Tu entends ! MORGAN !
    Jézabel éclata de rire, un rire glacial et sans aucune joie, empli de sarcasmes. Morgan se dressa et fit un pas dans sa direction. Tout d’un coup, le compartiment fut plongé dans l’obscurité ; Morgan s’arrêta, pensant qu’il passait sous un tunnel. Lorsque la lumière revint, il se trouvait à nouveau seul dans le wagon : aucune trace de Jézabel, comme s’il n’avait jamais existé. Ouvrant la porte de sa cabine, il aperçut le contrôleur et se dirigea vers lui pour l’interroger :
    — Excusez-moi, n’auriez-vous pas vu quelqu’un avec de longs cheveux blancs ?
    — Non, monsieur, je n’ai vu personne.
    — Merci !
    Il referma la porte derrière lui et s’assit sur la banquette en se demandant qui pouvait bien être cet homme ; comment le connaissait-il et pourquoi se sentait-il aussi furieux au souvenir du nom de Gabriel ? Morgan eut l’étrange sensation que ce patronyme lui était familier... mais c’était impossible ! Chacun de ses membres le faisait souffrir, comme s'il était prisonnier d'un autre corps.
    Ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes, il revit alors la femme assise sur son rocher. Ses lèvres avaient murmuré un nom mais, alors qu’il tentait de se le remémorer, le contrôleur le sortit de ses pensées :
    — Votre ticket, s’il vous plaît.
    Morgan plongea sa main dans sa poche et le tendit.
    — Merci Monsieur et bonne journée !
    De nouveau seul, Morgan regarda par la fenêtre. Il venait d’oublier son rêve et la visite de Jézabel.

Enveloppée dans une couverture, assise sur son canapé, Clio regardait d’un œil à moitié endormi le renard tourner en rond dans la pièce.
    — Tu vas finir par user le tapis à faire les cent pas ainsi !
    Bien emmitouflée et le radiateur à fond, Clio tremblait comme une feuille, elle n’arrivait toujours pas à se réchauffer.
    Lorsqu’il posa son regard sur sa compagne, Hermès abaissa ses oreilles sur son crâne en signe d’abattement puis, s’installant contre elle, il se roula en boule pour lui apporter un peu de chaleur supplémentaire.
    — Merci Hermès ! Mais ne t’en fais pas, ça va aller ! J’ai besoin de me reposer un peu.
    Après un bâillement, Clio prit la position du fœtus et ne tarda pas à s’endormir tant elle était épuisée.
    Hermès poussa un petit soupir et, descendant du canapé, prit le chemin de la cuisine. Grimpant sur l’une des chaises, il porta sa patte au pendentif en forme de serpent qui ornait son cou.
    — Chaque année, c’est la même chose ! J’avais pourtant espéré que ce serait différent cette fois-ci ! J’ai peur, elle n’a jamais présenté un tel état de faiblesse...
    Une silhouette émergea de l’obscurité, tout d’abord sous forme de vapeur puis, petit à petit, en prenant de la consistance, et l’apparence d’un vieil homme. Tout comme le renard, il portait à son cou un pendentif reptilien.
    — Nous ne pouvons rien faire pour elle. L’immortelle et la mortelle se combattent. Je me souviens que juste après la première bataille, elle est restée auprès d’Héphaïstos pendant plusieurs jours sans pouvoir se réchauffer. Nous avons bien cru qu’elle avait perdu son immortalité.
    — Ne pouvons-nous pas l’aider ?
    — Je ne suis que le dieu veilleur.
    — À quoi donc sers-tu, Janus ? grogna l’animal.
    — N’oublie pas à qui tu t’adresses ! Je suis le gardien des portes ! Et non un simple serviteur auquel tu as trop souvent fait appel par le passé, à mon avis ! Ton père a décidément eu une bonne idée en te faisant renaître sous cette forme !
    Sans se préoccuper de l’air indigné que prenait Hermès, Janus rejoignit Clio. Décidément, il se demandait si Zeus, le roi des dieux avait pris la bonne décision en le chargeant de veiller sur la gardienne. Il avait le dos voûté par l’âge, un visage sec et parsemé de rides, les lèvres retroussées et le nez en trompette ; ses yeux autrefois d’un bleu azur étaient à présent blancs, donnant l’impression que Janus était aveugle.
    Sa main sur le front de Clio la fit frissonner. Ne souhaitant pas la réveiller, il se redressa et retourna auprès de son compagnon.
    — Elle n’a jamais aimé
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