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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup
Autoren: Armand Cabasson
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chiffre.
    — Exactement. Il y a même eu un procès. Mais Teyhern a été innocenté. Il a cependant préféré changer de poste et il est passé au ministère de la Guerre.
    — Innocenté ? s’étonna Margont. Nous, nous savons qu’il ne s’embarrassait pas beaucoup d’honnêteté... Par ailleurs, il possédait une superbe demeure à Leiten. Et son mobilier ? Des commodes en marqueterie, des fauteuils Louis XV... Sans oublier la porcelaine, les tapis turcs... Pourtant, les employés des ministères sont médiocrement payés. Regardez Konrad Sowsky : il exerce le même métier que Teyhern, mais son train de vie n’a rien à voir. Or, d’après ce que vous venez de nous dire, Luise, Teyhern n’était pas issu d’une famille riche.
    Luise acquiesça.
    — Un voisin a raconté que les parents de Teyhern étaient décédés de la phtisie, en 1800, et qu’ils n’avaient quasiment pas laissé d’héritage à leurs enfants. Or la plupart des gens qui ont connu Teyhern disent qu’il était très dépensier. Il s’habillait selon la dernière mode, se rendait au restaurant ou à l’Opéra, restait des heures chez les antiquaires pour acquérir des objets d’art... On le décrit comme un misanthrope perpétuellement seul et qui passait son temps à ne s’occuper que de lui. Ses collègues de travail croyaient que sa famille était fortunée, tandis que ses rares proches imaginaient qu’il occupait un poste important au ministère et touchait de beaux revenus.
    — Alors d’où lui venait tout cet argent ?
    Relmyer s’appuyait sur la table. Ses mains en pressaient le bord comme si elles avaient voulu le broyer.
    — Il savait ce qui arrivait aux adolescents dont il ajoutait les noms sur les registres militaires et il se faisait payer pour cela.
    — Non, intervint Luise. Il était déjà riche avant d’entrer au ministère de la Guerre. Il a commencé à dépenser à pleines mains à l’époque où il était employé par le ministère des Finances. Lors de son procès, bien des gens le croyaient coupable.
    — Qui était son avocat ? interrogea Margont.
    — Rudolph Rinz. Mais je l’ai rayé car, aujourd’hui, il a presque soixante ans. Le procès a été bref. Le procureur s’est plaint du verdict. Cependant, l’affaire n’est pas allée plus loin.
    — Quel était le nom du juge ?
    — Vinzenz Knerkes. Mais ce ne peut pas être lui non plus.
    Le nom de Knerkes était barré sur une page encombrée de notes.
    — Pourquoi ?
    — Parce que c’est impossible.
    — C’est-à-dire ? la pressa Margont.
    — J’ai quelquefois entendu parler de lui, toujours en bien. Ses pairs le respectent. Il a la réputation de condamner lourdement les coupables et il se montre particulièrement sévère avec les gens qui s’en sont pris à des enfants ou à des adolescents.
    Margont repensa alors à ces sourires que l’assassin gravait obstinément sur les visages de ses jeunes victimes. Le fait d’enfermer celles-ci pendant des jours en les privant d’eau et de nourriture les rendait incapables de se défendre. Cela donnait donc l’impression à leur bourreau qu’elles acceptaient les sévices qu’il leur infligeait. Finalement, d’une certaine manière, cette mutilation créait elle aussi l’illusion que ces adolescents avaient été consentants. Le meurtrier ressentait-il de la culpabilité ? Une culpabilité si intense, si destructrice qu’il tentait de l’exorciser avec ce stratagème de l’affaiblissement et ces sourires mensongers ?
    — Peut-être que ce juge condamne « doublement » ceux qui ont fait souffrir des adolescents parce qu’il les punit pour leurs crimes et aussi pour les siens. Un coupable échappe à la Justice et un autre est puni pour deux. L’assassin essaie ainsi d’atténuer la culpabilité qui le ronge.
    Cette opinion suscita de vives réactions. Lefine secouait la tête, trop terre à terre pour accepter une explication aussi abstraite. Luise refusait d’envisager qu’un juge puisse être coupable. Relmyer, lui, se perdait dans le secret de ses réflexions.
    — Quel âge a-t-il, ce Knerkes ? demanda Margont.
    Luise se désolait. Elle avait consacré tellement de temps à ces recherches et voilà que Margont posait le doigt sur l’une des zones blanches de ses feuilles.
    — Je ne me suis pas renseignée sur lui... Je le croyais au-dessus de tout soupçon... Il doit avoir un peu plus de quarante ans. L’âge pourrait correspondre, en
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