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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
Autoren: Alain Decaux
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enquête sur chacun. Pas un seul des officiers que commandait le général Anders en Pologne [en 1939] ne nous a été remis.
    (Staline, qui s’était levé quelques minutes plus tôt et qui marchait lentement le long de la table en fumant des cigarettes, mais écoutant attentivement et répondant aux questions, marcha rapidement vers le téléphone posé sur le bureau de Molotov pour demander le NKVD  (9) ).
    Molotov (se levant aussi et allant vers le téléphone). — Il ne fonctionne pas ainsi. (Il tourne un commutateur et va se rasseoir à la table de conférences).
    Staline (téléphonant). — Ici Staline. Tous les Polonais ont-ils été relâchés des prisons ? (Un instant de silence pendant qu’il écoute la réponse). J’ai chez moi l’ambassadeur de Pologne qui me dit que tous ne l’ont pas été. (Il écoute à nouveau la réponse, puis pose l’écouteur et revient à la table de conférences). »
    Après quelques minutes de discussion autour d’un autre sujet, le téléphone sonne. Staline quitte la table pour prendre l’appareil. Il écoute un instant. Après avoir reposé le combiné, il revient à la table sans mot dire.
    Est-on plus avancé ? Kot ne le pense pas. On attend à Moscou le général Sikorski, chef de l’État polonais. Seul il pourra obtenir de Staline la vérité.
     
    La rencontre a lieu, en présence d’Anders et de Molotov, le 3 décembre 1941. Ici encore nous possédons le compte rendu de l’entretien.
    «  Sikorski . — Je tiens à déclarer en votre présence, Monsieur le Président, que votre déclaration relative à l’amnistie n’est pas exécutée. Beaucoup de nos hommes les plus précieux sont toujours dans des camps de travail et en prison.
    Staline (prenant des notes). — Cela est impossible car l’amnistie s’appliquait à tous, et tous les Polonais ont été libérés. »
    Ces derniers mots s’adressent à Molotov, lequel acquiesce. À la demande du général Sikorski, Anders confirme :
    «  Anders . — Ceci n’est pas conforme à la réalité des faits. J’ai, dans mon armée, des hommes qui ont été libérés il y a quelques semaines seulement et qui déclarent qu’il y a encore des centaines et même des milliers de nos compatriotes dans divers camps.
    Sikorski . — Il ne nous appartient pas de donner au Gouvernement soviétique des listes détaillées de nos gens. Vos commandants de camp les ont en leur possession. J’ai avec moi une liste nominative d’environ quatre mille officiers qui ont été déportés et se trouvent encore dans des prisons et des camps de travail. Et cette liste n’est même pas complète car elle ne comporte que les noms qui ont pu être retrouvés de mémoire. J’ai donné l’ordre de vérifier si ces hommes sont en Pologne, car nous avons des contacts très étroits avec notre pays : il a été établi avec certitude que pas un d’entre eux n’est là-bas, ni dans un camp de prisonniers en Allemagne. Ces hommes sont ici. Pas un d’entre eux n’est revenu.
    Staline . — C’est impossible. Ils se sont évadés.
    Anders . — Vers où se seraient-ils évadés ?
    Staline . — Eh bien, vers la Mandchourie.
    Anders . — Il est impossible qu’ils se soient tous évadés… Je connais personnellement la majorité des officiers figurant sur cette liste. Mes officiers d’état-major y sont ainsi que des commandants d’unité.
    Staline . — Ils ont certainement été libérés mais ne sont pas encore arrivés.
    Sikorski . — La Russie est grande et les difficultés sont nombreuses. Peut-être des administrations locales n’ont-elles pas obéi aux ordres donnés… Si quelqu’un était parvenu à quitter la Russie, il m’aurait donné signe de vie.
    Staline . — Comprenez bien que le gouvernement soviétique n’a aucune raison de garder un seul Polonais en prison.
    Molotov . — Il semble tout à fait impossible qu’un seul des vôtres soit encore dans des camps.
    Anders . — Mais je peux affirmer qu’ils y sont !
    Staline . — La chose sera réglée. Des instructions spéciales seront données aux autorités compétentes. Je vous demande, cependant, de tenir compte du fait que nous sommes en guerre. »
    Les Polonais n’en obtiendront pas davantage.
     
    L’enquête obstinée de Czapski et de ses camarades se poursuit. En vain. Le gouvernement polonais continue à inonder de notes diplomatiques les autorités soviétiques. Sans résultat. Cependant, en réponse à sa note du
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