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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
Autoren: Alain Decaux
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heure et demie, il tient tête à Staline. Le miracle est que Staline cède ! Il autorise 75 000 soldats et 44 000 civils – tous enlevés de force de Pologne en 1939 – à quitter l’Union soviétique et à passer en Iran.
    Quand Czapski rejoint son chef pour lui faire part de ce qu’il vient d’apprendre à propos de la « lourde faute » avouée par Beria et Merkulov, il trouve Anders assis à son bureau. Il écoute attentivement son collaborateur. Son regard se perd au loin, vers la fenêtre. Quand Czapski se tait, Anders garde un profond silence. Puis, évoquant les officiers disparus et comme se parlant à lui-même, il ajoute :
    — Tu sais, moi je les envisage tous comme des camarades, des amis que j’aurais perdus dans une bataille.
    « Il ne dit rien de plus, il se mit à fumer, en fixant toujours la fenêtre. »
     
    Le 13 avril 1943, Radio Berlin interrompt ses émissions pour diffuser le texte que voici :
    « Nous avons reçu une dépêche de Smolensk  (12) nous informant que les habitants du pays ont indiqué aux autorités allemandes un endroit où les bolcheviks avaient organisé des exécutions secrètes massives et où 10 000 officiers polonais avaient été assassinés par la Guépéou. Les autorités allemandes se sont donc rendues à un endroit appelé Kosigory, une station climatique située à dix kilomètres à l’ouest de Smolensk, où une découverte atroce a été faite. Il a été trouvé un fossé de vingt-huit mètres sur seize, dans lequel étaient empilés en douze couches, les cadavres de 3 000 officiers polonais. Ces officiers étaient vêtus de leurs uniformes, certains étaient ligotés, tous avaient des blessures par balles dans la nuque.
    « Il n’y aura aucune difficulté à identifier ces cadavres car, grâce à la nature du terrain, ils sont complètement momifiés et les Russes ont laissé sur eux tous leurs papiers personnels. Il a été établi dès aujourd’hui que le cadavre du général Smorawinski, de Lublin, a été découvert parmi ceux d’autres officiers assassinés. Ces officiers se trouvaient précédemment dans un camp à Kozielsk, près d’Orel. En février et mars 1940, ils avaient été amenés en wagons à bestiaux jusqu’à Smolensk. De là, ils avaient été transportés en camions à Kosigory où ils furent assassinés par les bolcheviks. La recherche d’autres charniers se poursuit. De nouvelles couches de cadavres se trouvent encore sous celles déjà découvertes. On pense que le nombre total d’officiers assassinés se monte à 10 000, ce qui représenterait l’ensemble des officiers polonais faits prisonniers par les Russes. Les correspondants de journaux norvégiens qui se trouvaient sur les lieux ont eu la possibilité de vérifier les preuves du crime, et ont aussitôt envoyé des dépêches à leurs journaux d’Oslo. »
    Au cours de la journée, la radio allemande livre de nouvelles précisions. Toutes tendant à démontrer que les Soviétiques, en 1940, ont exécuté sommairement à Katyn environ dix mille officiers polonais prisonniers. Le chiffre est hypothétique, il se révélera faux. Le fait est vrai.
     
    Non loin de Smolensk, Katyn est à la fois une bourgade russe et une forêt. En quelques minutes, ce nom devient célèbre. Le monde apprend que, là, s’est déroulée une tragédie sans précédent. À quelle époque ? Dans quelles conditions ? Sous la responsabilité de qui ? C’est le problème.
    Des collines couvertes de conifères et d’arbres à feuilles caduques. Des pentes qui s’inclinent doucement vers des marécages où poussent des aulnes et des bouleaux blancs. De la crête des collines, des sentiers qui descendent vers le Dniepr et la maison de repos du NKVD. Voici « un bois de cinq à six kilomètres, un fouillis d’arbres et de halliers… Tout cela est vert  (13) . » C’est donc là que les officiers disparus ont trouvé leur dernière demeure.
    Comment les a-t-on découverts ? Des travailleurs polonais, requis par les Allemands et travaillant dans la région de Katyn, ont recueilli, auprès de la population locale, des récits qui n’ont pas manqué de les émouvoir. On leur a répété que, deux ans auparavant, des Polonais avaient été exécutés à cet endroit par les Russes. On leur a même fourni des précisions : les victimes étaient enterrées dans la forêt de Katyn, sur le côté droit du chemin forestier qui relie la route Katyn-Smolensk à la maison de
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