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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur
Autoren: Lewis Wallace
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risque d’enfreindre un commandement précis, ce qui eût mis mon âme elle-même en péril, car suivant le degré de gravité de ces omissions, elle devait s’en aller dans un des cercles du ciel, dont le plus élevé est celui de Brahma, ou bien elle serait condamnée à devenir un ver de terre, un insecte, un poisson, une brute. La récompense suprême pour quiconque a observé toutes les ordonnances de la loi, c’est l’absorption de l’âme par Brahma – non pas l’existence, mais le repos absolu. – La première partie de la vie d’un Brahmane, appelée le premier ordre, est consacrée à l’étude. Quand je fus prêt à entrer dans le second ordre, c’est-à-dire à me marier et à fonder une famille, je doutais de tout, même de l’existence de Brahma   ; j’étais un hérétique. Mais du sein de l’abîme, j’entrevoyais des hauteurs où brillait la lumière et je désirais avec ardeur m’élever jusqu’à elle pour en être éclairé. Enfin, après des années d’angoisse, le jour se fit en moi et je compris que le principe de la vie, l’élément de la religion, le lien qui relie l’âme à Dieu, c’est l’amour   !
    Le bonheur, pour celui qui aime, réside dans l’action   ; on peut juger de la somme d’amour qu’il possède d’après ce qu’il est prêt à faire pour les autres. Je ne pouvais rester oisif en face des maux sans nombre dont Brahma a rempli le monde, et je me rendis dans l’île de Ganga Lagor, située à l’endroit où les eaux sacrées du Gange se jettent dans l’océan Indien. Deux fois par an, de nombreux Indous y viennent, en pèlerinage, chercher la purification dans les eaux du fleuve. La vue de leur misère affermissait l’amour que je sentais en moi, et pourtant je résistais au désir que j’avais de leur parler. Un mot prononcé contre Brahma me perdrait, un seul acte de compassion envers un des Brahmanes déchus qui, de temps à autre, se traînaient sur le sable pour y mourir, une parole de pitié, un verre d’eau tendu et je deviendrais un des leurs, un être dépossédé de tous ses privilèges de famille et de caste. Mais l’amour fut le plus fort   ! Je parlai aux disciples réunis dans le temple du sage Kapila   ; ils m’expulsèrent. Je parlai aux pèlerins, ils me chassèrent de l’île à coups de pierres. Sur les grands chemins, j’essayai de prêcher   ; ceux qui m’entendaient s’enfuyaient loin de moi ou cherchaient à m’ôter la vie. Dans l’Inde entière, il n’y eut bientôt plus de place pour moi. Réduit à cette extrémité, je cherchai un endroit assez solitaire pour m’y cacher à tous les yeux, excepté à ceux de Dieu. Je remontai le Gange jusqu’à sa source, qui se trouve bien haut dans l’Himalaya et là, je demeurai seul avec Dieu, priant, jeûnant, désirant la mort.
    Une nuit, que je marchais sur le rivage d’un lac, je criai dans le grand silence dans lequel tout autour de moi était plongé   : « Quand donc Dieu viendra-t-il chercher ce qui lui appartient   ? N’y aura-t-il jamais de rédemption   ? » Tout à coup une lumière se réfléchit sur le miroir de l’eau, bientôt une étoile s’en éleva, elle se dirigeait vers moi et s’arrêta au-dessus de ma tête. J’en fus ébloui, et tombant à terre, j’entendis une voix d’une douceur infinie qui disait   : « Ton amour a remporté la victoire. Tu es béni, fils de l’Inde. La rédemption va s’accomplir. Avec deux autres hommes, venus des confins du monde, tu verras le Rédempteur et tu seras témoin de sa venue. Lève-toi avec le matin et va à leur rencontre. Mets ta confiance dans l’Esprit qui te conduira. » Depuis ce moment, l’étoile est demeurée avec moi et j’ai compris que c’était l’Esprit devenu visible. À l’aube, je partis par le même chemin que j’avais suivi jadis, quand je cherchais la solitude. Je trouvai, dans une fente de la montagne, une pierre d’une grande valeur que je vendis en arrivant à Hurdwar. De là, je me rendis par Lahore, Caboul et Yezd à Ispahan, où j’achetai mon chameau. Quelle gloire est la nôtre, ô frères   ! Nous verrons le Rédempteur, nous lui parlerons, nous l’adorerons   ! J’ai dit   ! »
    – Je m’incline devant toi, mon frère, car tu as beaucoup souffert, mais ton triomphe fait ma joie, dit l’Égyptien, avec la gravité qui le caractérisait. Et maintenant, s’il vous plaît de m’entendre, je vous apprendrai qui je suis et comment j’ai
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