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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse
Autoren: Eric Giacometti
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perturber l’enquête. C’est connu que les frangins doivent se porter assistance en toute circonstance. Je me disais que vous risquiez d’être gêné de devoir l’asticoter. Les maçons, c’est un peu comme les Juifs. Il faut se serrer les coudes. N’y voyez rien de mal, ni de personnel.
    Marcas blêmit. L’attaque avait jailli sans qu’il s’y attende. Il s’avança vers le stagiaire, les poings serrés. Tassard s’interposa aussitôt :
    — Ça suffit, Ramirez. Retire tout de suite ce que tu viens de dire.
    Au moment où Marcas allait éclater, un planton ouvrit la porte et les interrompit.
    — Commissaire, l’avocat s’impatiente. Il exige de voir son client.
    Antoine jeta un œil derrière la glace sans tain, sur le marchand toujours occupé à tortiller sa barbe. Il réglerait ses comptes avec Ramirez une autre fois. Il fallait s’occuper en priorité de Della Rocca. S’il ne se jetait pas à l’eau, le père tranquille reviendrait à ses trafics en toute impunité. Il se retourna vers le planton.
    — Dites à M e Lieberman qu’il pourra s’entretenir en privé avec son client dans dix minutes. Pas une de plus. J’ai à causer avec mon… frangin, l’antiquaire.
    Il appuya sur un bouton qui déclencha l’ouverture de la porte les séparant de la salle d’interrogatoires. Della Rocca leva les yeux vers le commissaire quand il arriva devant lui. Il continuait à caresser son bouc. Ses yeux rougis trahissaient un état de fatigue avancé, mais il tentait de donner le change. Un comportement pour le moins troublant. Un dur dans son genre, songea Antoine. Rares étaient les prévenus capables de tenir tant de temps sans s’effondrer.
    — Je suis désolé des conditions de détention, monsieur Della Rocca. Vous voulez peut-être un verre d’eau ?
    L’antiquaire arrêta de caresser sa barbe et le fixa durement.
    — Je veux voir mon avocat. C’est inadmissible.
    Marcas prit une chaise et se mit à califourchon devant le suspect.
    — Votre vœu est sur le point d’être exaucé, il sera là dans une dizaine de minutes et je peux même vous annoncer que vous serez libre dans l’heure qui suit.
    Della Rocca eut un air méfiant. Antoine sourit. C’était le moment de grâce. L’instant où il allait tenter le tout pour le tout.
    — Libre de midi à minuit, cher frère… reprit-il.
    Le regard du marchand s’illumina, Marcas esquissa furtivement le signe de reconnaissance échangé entre maçons.
    — Tranquillise-toi, mon frère. Les micros sont coupés. Nous sommes sous le maillet. Quelle est ta loge ?
    —  Les feux de Saint-Jean . J’en suis le Vénérable. Merci de ta sollicitude, mais je ne t’apprendrai rien de plus. Tu le comprendras. Mon avocat saura me conseiller utilement. Pourquoi me libérez-vous ?
    Le commissaire posa ses mains sur le dossier de la chaise. Il souriait.
    — Il y a eu une erreur dans la procédure d’arrestation. Je te passe les détails, ça ne tiendra pas devant un tribunal.
    — Merci de me le dire. Ça, c’est fraternel. Enfin libre ! J’avoue que cette garde à vue commençait à être éprouvante.
    — Libre oui, mais… fini, ajouta Marcas d’un ton sec.
    Della Rocca le regarda, interloqué. Antoine poursuivit :
    — J’ai cru comprendre que tu t’occupais d’une vente humanitaire pour le Grand Consistoire. Je vais m’arranger pour qu’ils apprennent, par le réseau fraternel, que tu as voulu te faire de l’argent sur un Poussin spolié. Ensuite, j’alerterai un ami journaliste qui sortira un papier au moment voulu. Ce ne sera pas très bon pour ta réputation.
    L’antiquaire se redressa d’un bond.
    — Je démentirai, j’attaquerai en diffamation. Tu as dit toi-même qu’il n’y avait aucune preuve.
    — Absolument, mon frère. Mais entretemps, ta réputation sera salie. Ce sera dur de garder ta clientèle. Et pour faire bonne mesure, je vais prévenir ton obédience. En ce moment, ils ont besoin de faire le ménage. Le grand conseiller de ta paroisse est un frère avec qui je m’entends très bien, c’est un collègue. On a partagé le même bureau, il fut un temps. Tu connais notre pouvoir de nuisance…
    — Que veux-tu ?
    Marcas se leva. Maintenant, il fallait le laisser mijoter et faire en sorte qu’il rencontre son avocat.
    — Ton réseau d’approvisionnement. Où as-tu eu ce Poussin ? Mais le temps passe, je te laisse avec ton conseiller juridique, mon frère.
    Della Rocca tremblait de
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