Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie
Autoren: Florence Cassez
Vom Netzwerk:
ma
tante. » Ils ne l’ont pas vu, bien sûr, puisqu’ils portaient un bandeau
sur les yeux, mais ils ont reconnu sa voix. Et cette dame confirme qu’elle
prenait bien un traitement, plusieurs comprimés chaque jour.
    Cet Edgar est le cousin des deux frères José Fernando et
Marco Antonio Rueda Cacho. Ils sortent ensemble, mènent une vie dissolue,
volontiers hâbleurs et arrogants et sont les amis de… Israël Vallarta et
Alejandro Mejilla, le compagnon de Lupita. Autant la jeune Valeria que Cristina
Rios Valladares ou Ignacio Abel Figuera Torres, un commerçant lui aussi enlevé
fin 2005 et retrouvé mort malgré la rançon versée par son frère, tous racontent
avoir rencontré les frères Rueda Cacho avant leur enlèvement. Le frère
d’Ignacio Figuera les connaît lui aussi. Il y eut bien un mandat d’arrêt lancé
contre eux, d’après le dossier, mais il n’a jamais eu de suite. Pourtant, tous
les témoignages vont dans leur direction, et ils sont le seul point commun à
tous ces dossiers : toutes les victimes les connaissent.
    Je suis bien, là, avec mon avocat que je vois mobilisé,
prendre des notes et s’agacer encore que rien de tout cela n’ait été produit
lors de mon procès… Mais après tout, que peut-on encore en faire
aujourd’hui ?
    C’est comme cette histoire de cassette, revenue à la surface
au printemps dernier. Ce sont les images de vidéosurveillance d’un supermarché
sur lesquelles on verrait Cristina Rios Valladares faire tranquillement ses
courses… deux jours avant sa libération devant les caméras au ranch
d’Israël ! Ma mère en a parlé pour la première fois à Frank Berton au mois
d’avril, alors Agustin Acosta et lui ont tout mis en branle pour la récupérer.
Jorge Ochoa, mon premier avocat, qui prétend savoir qui la détient, en
demandait trente mille euros. Ils ont tout tenté, mais Ochoa n’a jamais rien
produit. Je n’y crois plus, moi, à cette cassette. Les pièces du dossier, oui,
c’est du solide, mais je crains que ce soit trop tard.
    Mes avocats ne veulent pas m’entendre dire cela. Avant que
Frank Berton ne rentre en France, début novembre, ils viennent tous les deux à
la prison me détailler les recours qu’ils entendent mener. D’abord, il reste l ’amparo final.
    — Il faut bâtir un dossier solide. Nous n’avons pas le
droit à l’erreur, car c’est l’ultime recours. Si on ne gagne pas ce coup-là,
c’est fini sur le plan de la justice mexicaine.
    Ils souhaitent ensuite que l’État français engage une action
devant la Cour internationale de justice de La Haye, au motif que la
Constitution mexicaine a été violée, lors de mon arrestation, le 8 décembre
2005. Mais il n’existe aucun document écrit prouvant que c’était bien le 8. La
police n’a pas été si bête, ou alors elle les cache, désormais, ces documents.
Il n’existe que de frêles témoignages de personnes qui subissent peut-être des
pressions. Nous n’avons que l’attestation de mon employeur, à l’hôtel Fiesta Americana,
qui certifie que j’ai travaillé chaque jour, sans faute, jusqu’au 7 décembre.
Et que je ne suis plus venue à partir du 8. C’est tout de même une pièce
importante.
    Il y a encore cette plainte contre Genaro Garcia Luna devant
la justice française, pour falsification de preuves. Cela peut être dangereux,
mais Frank Berton a l’air décidé à se lancer, et moi je n’ai plus rien à
perdre.
    Un recours va être présenté aussi devant la commission des
Droits humains du ministère de la Justice, à Mexico, au motif que je n’ai plus
le droit de contacter des journalistes. C’est tout à fait injuste, parce que
les détenus en ont parfaitement le droit au Mexique, de même qu’il existe des
téléphones libres d’accès dans toutes les prisons. Je suis la seule dans tout le
pays à ne pas avoir le droit d’appeler qui je veux ! Et si je recommence,
je repars à Santa Martha, c’est évident…
    Enfin, un dossier va être monté et présenté à la Cour
interaméricaine des droits de l’homme, l’équivalent de notre Cour européenne.
C’est Agustin qui va s’en charger : il lui faut se rendre à Washington
pour trouver un avocat spécialisé, et il compte même se lancer dans une
formation qui lui permettrait de maîtriser cette procédure capitale pour moi.
Une formation de six mois ! Imagine-t-on combien de temps tout cela peut
encore durer ? Je suis ravie qu’ils aient encore autant d’énergie,
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher