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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie
Autoren: Florence Cassez
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innocente, mais un type en noir me demande pourquoi
je faisais ça, me menace, me frappe jusqu’à ce qu’un membre de l’AFI lui dise
d’arrêter et m’emmène dehors, vers les camionnettes. On nous laisse un instant
l’un à côté de l’autre, deux flics autour de nous, et c’est la première fois
que j’essaie de parler à Israël, de lui demander ce que tout cela veut dire,
mais il garde la tête baissée, il ne répond pas. J’ai vu dans les journaux
qu’une photo a été prise à cet instant, je l’ai reconnue, je me souviens
parfaitement de ces quelques minutes où je grelottais, une couverture bleue sur
les épaules, appuyée sur la camionnette blanche de la police, et Israël à ma
gauche, entre deux gars de l’AFI avec leurs gilets pare-balles et leurs fusils
mitrailleurs.
    Mais les télés veulent encore une image, alors on nous
ramène et on nous pose les mêmes questions. Moi, je recommence, de nouveau
affolée, sachant juste qu’il faut que tout le monde me croie, que je n’ai rien
à voir avec tout ça. Les caméras filment à nouveau et le Mexique tout entier me
voit et m’entend répéter :
    — Je suis innocente, je ne savais pas, je ne savais
pas, je suis innocente…
    Je vois bien que ça n’y fait rien. Terrorisée, je comprends
qu’on me regarde comme une criminelle, exactement comme Israël, qui vient de
faire ces aveux terribles et qui prend encore des coups, pendant qu’on nous
installe dans un autre véhicule. Il est à côté de moi, les mains menottées dans
le dos, on lui plaque la tête sur ses genoux et pendant qu’on démarre, deux des
policiers l’insultent tandis que les deux autres me regardent en me demandant
ce que je faisais là. Je ne les sens pas agressifs, ils me demandent simplement
comment je suis arrivée là et je me le demande, moi aussi. Il y en a même un
qui me prend la main, je me dis qu’il s’est rendu compte que tout ça est une
méprise. Dehors, pendant que nous roulons, des motos nous suivent et des
caméras filment. Sur la route qui nous ramène à Mexico, les images ne
montreront que moi, parce que Israël a la tête maintenue baissée, entre ses
jambes, par deux types de l’AFI, alors que je suis droite, tellement droite
qu’on jurerait une pose de défi alors que je suis morte de trouille. C’est
comme ça qu’on me verra arriver au siège de l’AFI. C’est là que je commence à
devenir une vedette.
     

II
    Je suis si loin de ma vie. Décidément, rien ne s’est déroulé
comme je le souhaitais. J’étais arrivée pleine d’ambitions, ravie de
l’opportunité que m’offrait Sébastien, mon grand frère, et bien décidée à me
refaire. J’en avais tellement besoin après avoir gâché ma chance en France.
J’ai commis des erreurs, je le sais bien. Peut-être parce que tout est allé
trop vite, parce que j’en voulais trop, tout de suite.
    J’étais pourtant bien partie. J’avais trouvé ma voie et,
quand on a quitté l’école à seize ans, ce n’est pas le plus facile. Le système
éducatif n’était pas fait pour moi. J’étais trop impatiente, trop impulsive, et
les cours ne m’intéressaient pas ; peut-être parce que je n’ai jamais pris
la peine de m’y intéresser. J’avais la tête ailleurs. Je papillonnais avec mes
amis, je m’amusais beaucoup et je sais qu’on me trouvait sympa, même si les
profs se désespéraient et que mes parents n’appréciaient pas vraiment mon
comportement. Ils me trouvaient un peu légère. Sans doute à la traîne d’une
famille où chacun avait réussi, mon père avec son entreprise de textile, ma
mère dans l’étude d’un notaire et mes deux frères en poursuivant leurs études.
    Alors, quand j’ai décidé de quitter le lycée à seize ans,
j’avais une envie folle de leur prouver que je pouvais réussir toute seule,
juste avec ma volonté. Après tout, je n’ai jamais été paresseuse. Il fallait
juste que je trouve ma place, que je sache quoi faire de tout mon enthousiasme.
Et j’ai trouvé.
    Un jour de 1997, je suis entrée dans un grand magasin de
meubles et de linge, à Dunkerque. J’ai aimé l’ambiance, l’espace, les gens qui
passaient, et je me suis dit que je pouvais y faire mon trou. Justement ils
cherchaient quelqu’un de disponible et de déterminé pour leur agence d’Amiens.
En quelques semaines, j’avais fait mes preuves. Je travaillais comme une folle,
je faisais toujours plus d’heures et les gens m’appréciaient. Je me régalais
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