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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie
Autoren: Florence Cassez
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français
et qui passe son temps à faire des gâteaux que mon espagnol s’améliorera.
    Alors, mon frère me trouve un boulot. Je suis un peu déçue
parce que ce n’est pas encore avec lui, mais c’est déjà un progrès. En fait,
j’ai l’impression qu’il hésite à m’emmener travailler dans son entreprise. Je
ne comprends pas pourquoi et cela m’agace. Il m’expliquera plus tard que ses
associés sont durs en affaires, qu’ils ne font pas de sentiment. En attendant,
je travaille à l’aéroport de Toluca. Rien de bien passionnant : je fais du
double étiquetage sur des produits qui arrivent dans des conteneurs. Il fait
chaud, c’est un peu dur et je ne parle toujours pas la langue. On se moque de
moi quand je demande de l’eau, on rit quand je cherche les toilettes, ce n’est
pas vraiment ce que j’imaginais. Ma vie prend un drôle de tour. Heureusement,
mon frère est là pour me soutenir. Il a mal au cœur de me voir traitée comme
ça, ce qui renforce notre complicité. C’est drôle : il se met à m’appeler
« Biquette » par moments, mais jamais devant Iolany, je l’ai bien
remarqué. Il est très protecteur, il essaie de faire en sorte que je me sente
le mieux possible, mais il est évident que sa femme n’apprécie pas.
    Tout ça ne dure que quelques mois. Le temps d’assimiler
l’espagnol, ce qui est plutôt rapide, d’ailleurs, entre mes journées au travail
et mes soirées devant la télé. Au fil du temps, je me fais quelques amis et
j’ai même un petit copain. Pas très longtemps, pas très sérieux. À la fin de
l’année 2003, je rentre chez mes parents et c’est à mon retour que Sébastien me
prend enfin dans ses bureaux avec lui. Fini les conteneurs de l’aéroport :
il veut ouvrir un institut de beauté, et Iolany sera de la partie. Elle recrute
deux esthéticiennes et je m’occuperai de l’agencement. Je dois ouvrir la
boutique le matin. Pour le financement, Margolis est sûrement dans le coup,
parce que c’est à ce moment-là que Sébastien me le présente.
    J’avais déjà croisé cet homme soigné, très sûr de lui, sur
le parking : les bureaux de sa société sont installés dans le même
immeuble que ceux de mon frère et ils font des affaires ensemble, dont je ne
connais pas exactement les tenants et les aboutissants. À cette époque, je
crois qu’il aime bien Sébastien, qu’il est très content de la manière dont ils
travaillent, et il se montre prévenant avec moi dès que mon frère lui dit que
je cherche un emploi. Il est de ces hommes qui aiment décider pour les autres,
qui s’imposent à vous, et cela ne me plaît qu’à moitié. Je préfère m’arranger
avec mon frère, mais Margolis insiste et je sens que Sébastien aimerait qu’on
l’écoute. Qu’on essaye, au moins. D’abord, il parle d’une boulangerie dont je
pourrais prendre la gérance, puis d’une boutique, mais je ne comprends pas
bien. Comme je ne réponds pas, il donne à Sébastien l’adresse d’un
restaurant :
    — On va aller déjeuner là-bas. Margolis dit que si
l’endroit te plaît, tu peux en devenir la gérante !
    Alors nous y allons, bien sûr, et mon frère
m’explique :
    — Cet homme aime ma manière de travailler. Il se dit
sans doute que si ma sœur a le même sens du commerce que moi, il doit aussi
travailler avec elle…
    Bref, il veut deux Cassez pour le prix d’un.
    Mais son restaurant est sombre, un peu glauque. Je n’aime
pas du tout l’endroit. À la fin du repas, le voilà qui arrive, avec son épouse
et ses enfants. Très sûr de lui, comme d’habitude. Exubérant et démonstratif,
comme ces gens qui aiment afficher leur réussite. Il a du charisme, c’est vrai,
mais je ne suis pas à l’aise. Et puis, je ne suis pas encore suffisamment sûre
de moi avec la langue, je ne me sens pas prête. Cela nous donne une bonne
excuse pour nous libérer de l’emprise de Margolis. Sébastien lui dit :
    — Dans quelques mois, peut-être.
    Et je crois qu’il s’en satisfait. Je ne sais pas s’il m’en
veut ou s’il est déçu, il ne montre rien.
    À Mexico, Eduardo Margolis est à la fois craint et respecté,
au moins pour sa réputation sulfureuse. On le dit proche du pouvoir et lié aux
cartels. On le reconnaît comme une personne dure en affaires et même introduite
jusque dans les Services secrets israéliens. Est-ce que tout ça est vrai ?
Je n’en sais rien, mais Sébastien reste prudent.
    Avec Iolany, c’est toujours aussi
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