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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie
Autoren: Florence Cassez
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difficile. À l’institut,
on ne s’entend pas bien. Je veux apprendre à faire tout ce que font les deux
esthéticiennes parce que c’est comme ça que je conçois les choses, de la même
manière qu’à Calais, quand j’avais vingt-sept vendeuses sous mes ordres. Je
pars du principe que si on ne sait pas faire ce qu’elles font, on ne peut pas
se faire respecter. Iolany trouve que je me mêle de tout, et de mon côté je
trouve insupportable qu’elle ne fasse rien. Cela ne pourra pas durer. Je rentre
encore quelques jours chez mes parents, et à mon retour Iolany me dit au revoir
et merci. Elle a pris la boutique pour elle. Alors, enfin, je vais travailler
avec mon frère. Sébastien n’a plus le choix, en un sens. Il est à présent
conscient que ça ne marchera jamais entre sa femme et moi, et il ne veut
surtout pas me laisser tomber. Il me propose un poste comme je l’espérais
depuis mon arrivée. Je retrouve le commerce que j’aime : je dois démarcher
des clients pour ses appareils médicaux. Je visite des médecins, des
hôpitaux : je dois convaincre, vendre, enfin quelque chose qui me plaît
vraiment. J’ai un gros fichier de clients et le matériel que vendent mon frère
et Eduardo Margolis est très connu. Ils ont l’exclusivité de la distribution de
cette marque pour le Mexique. La qualité de leur entreprise me permet d’être
chaque fois bien reçue. Quel changement ! Ma vie s’ouvre enfin, je
m’éveille, je suis en pleine découverte. Je sillonne Mexico en taxi et découvre
cette ville immense, dans laquelle on peut rouler des heures sans jamais en
sortir. Le soleil écrase tout, l’air est parfois suffocant, mais c’est une
ville agréable, surtout dans son centre. Je découvre le folklore, je vis au
jour le jour, j’ai retrouvé mon insouciance. Je me fais d’autres amis, je
commence à sortir et mon plus grand bonheur, à ce moment-là, c’est quand
Lupita, une copine, me propose de prendre un appartement en colocation. Seule
évidemment, c’est un peu cher, mais à deux on s’en sortira. Je suis ravie de
retrouver enfin mon indépendance. Le 15 juillet 2004, nous signons un bail d’un
an pour un petit appartement, à vingt minutes à pied de mon boulot. Sébastien
passe me voir parfois, et on boit une bière tous les deux. On n’en dira rien à
Iolany et cela nous fait rire. Lupita connaît beaucoup de monde. Le samedi
soir, l’appartement est toujours plein de nouvelles têtes que j’apprends à
connaître. On achète des packs de bière et on danse. À côté de chez nous, il y
a deux Italiens qui nous emmènent au club de sport. Ma vie ressemble enfin à ce
qu’elle était en France, avec en plus le soleil. Je suis épanouie.
    C’est précisément à ce moment-là, au creux de l’été 2004,
que Sébastien me présente Israël. Un de ses clients, à ce que j’ai compris. Je
le salue, mais il ne me fait ni chaud ni froid. La première fois, je le regarde
à peine. Puis Sébastien doit partir en France, pour les vacances, au moment où
j’ai un petit problème de santé.
    — Le type en qui j’ai confiance, c’est Israël, me
dit-il.
    Il lui demande de m’aider, et très gentiment Israël passe me
prendre à l’appartement pour m’emmener chez le médecin. C’est juste une
anecdote, je pense même que je ne le reverrai jamais. Quelques jours plus tard,
Iolany et Sébastien rentrent de leur séjour et ils me demandent de garder les
enfants pour se rendre à une soirée. Quand le téléphone sonne, c’est Israël. Un
peu surpris de tomber sur moi, il demande de mes nouvelles, très aimablement.
Il parle, je lui raconte ma vie, tellement contente de décrire mon bonheur tout
neuf, et c’est sans doute à ce moment-là que je lui donne mon numéro. Parce
qu’il appelle une autre fois, puis encore une autre. Au bout d’un moment, il
appelle tous les jours. C’est la fin de l’année. Je me suis solidement
installée dans mon travail.
    Je suis heureuse et je ne me pose pas de questions. Israël
me tourne autour, c’est évident. Un peu sans m’en rendre compte, je le laisse
entrer dans ma vie. Il me raconte qu’il est séparé de son épouse et que ses
deux enfants vivent avec elle, dans le nord du pays. Il ne les voit pas
souvent. Il est présent, attentionné, toujours agréable. C’est un garçon très
classique, toujours habillé avec soin, sans originalité, mais il dégage une
certaine autorité. Pour tout dire, il fait sérieux. Un jour, il
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