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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques
Autoren: Gérald Messadié
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données du SCPRI avaient été sous-évaluées. C’était peu dire : elles constituaient ce qu’on appelle pudiquement de la « désinformation ».
    Le 29 avril, la radioactivité atmosphérique était alors quatre cents fois supérieure à la moyenne. La surexposition individuelle à la radioactivité pendant les douze mois suivants s’éleva de 0,063 mSv (millisievert) en moyenne, variant de 0,005 à 0,17 selon les régions (les plus touchées furent l’Est et le Sud). À titre de référence, un individu absorbe en France chaque année une dose totale moyenne de 3,6 mSv de causes diverses.
    Les autorités eussent pu expliquer que cette surexposition équivalait à celle que subit un passager aérien durant une traversée de l’Atlantique, par exemple, du fait de l’exposition aux rayons gamma en haute atmosphère. Mais l’atome était une priorité économique et il était impératif de ne pas affoler la population ; à la désinformation du SCPRI, dirigé par Pierre Pellerin, partisan à tout crin de l’atome civil, s’ajoutèrent des déclarations lénifiantes d’autres autorités, telles que celles de François Guillaume, ministre de l’Agriculture : « Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl. » Intégralement faux. Renchérissant pourtant sur ces déclarations, Pellerin appelait à lutter « contre la psychose ridicule » qui gagnait la population.
    Le caractère par trop rassurant de ces discours eut l’effet inverse : quand, en 2000, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) publia les conclusions de son enquête, deux associations, dont la Criirad elle-même, l’autre étant l’Association française des malades de la thyroïde, et cinquante et un malades déposèrent plainte contre X, et un mouvement d’opinion dénonça le défaut d’information sur les dangers encourus par la population.
    La théorie du complot s’emballa et elle ne s’est pas affaiblie à ce jour. Comme trop souvent, son principal effet est d’entretenir de la méfiance et des peurs irraisonnées sans résultat probant. Le sentiment d’une vaste mystification persiste donc.
    Ce n’était certes pas un cas isolé de dissimulation des risques nucléaires : le 17 octobre 1969, un accident de la plus haute gravité était advenu à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher. Un chargement erroné du cœur du réacteur n° 1 avait entraîné la fusion de 50 kilos d’uranium. En 2011, l’hebdomadaire Le Point publia des documents jusqu’alors ignorés du grand public  (99) . EDF avait envoyé des « nettoyeurs » pour ramasser le combustible. L’un d’eux, Daniel Robert, raconte que ses collègues et lui-même récupérèrent l’uranium fondu avec des raclettes pour le mettre ensuite dans des poubelles en plomb. La durée d’activité maximale était de deux minutes. L’accident était de niveau 4 sur l’échelle internationale. Il fallut vingt-neuf mois pour réparer la centrale, qui fut arrêtée durant trois ans et demi. Le Pr Pellerin expliqua alors aux élus du département que « ce n’était pas grave ». Et le public n’en sut rien.
    Pis : le 27 décembre 1999, une tempête et une inondation causées par une grande marée interrompirent trois réacteurs de la centrale du Blayais, en Gironde, et l’isolèrent pendant treize heures. Cela faillit être un pré-Fukushima : le maire, Alain Juppé, fut réveillé dans la nuit par le préfet, l’informant qu’il fallait songer à évacuer Bordeaux. Ce n’était qu’un incident de catégorie 2, mais le public n’en sut rien non plus.
    Les données sur la contamination des personnels des deux centrales sont connues d’EDF, celles de la contamination de l’environnement le sont bien moins.
    L’incertitude demeure. En ce qui touche à l’accroissement des taux de cancers de la thyroïde, qui a été effectivement constaté, il semble avoir commencé vingt ans avant l’accident de Tchernobyl. Mais cela ne signifie pas que celui-ci n’ait eu aucun effet sur la santé des Français. En effet, aucune évaluation des types de poussières radioactives retombées sur le sol, ni de leurs effets additionnels, n’a été établie. Une substance radioactive peut, isolée, n’entraîner aucun effet, mais associée à une autre, en
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