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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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j’arriverais à me trouver une enquête nécessitant que je me décarcasse. Puis je me mis en devoir de trouver mon ami Petronius Longus, capitaine de la garde aventine, fonction qui l’amène à traiter avec toutes sortes d’individus, appartenant pour la plupart à la catégorie des gens dénués de scrupules susceptibles de faire appel à mes services. Petro m’a souvent adressé des clients, ne serait-ce que pour éviter de traiter lui-même avec des raseurs.
    Ne le voyant en aucun de ses antres habituels, je passai chez lui. Je n’y trouvai que sa femme – à mon grand dam. Arria Silvia était une jolie femme toute menue à petites mains et joli nez, dotée d’une peau douce et de sourcils d’enfant. Le tempérament de Silvia n’avait rien de doux, en revanche, et de ce fait, elle s’était forgé de moi une opinion tranchante.
    — Comment va Helena, Falco ? Elle ne t’a pas encore quitté ?
    — Pas encore.
    — Ça ne tardera pas ! assura Silvia.
    Elle me taquinait, mais le ton était caustique ; aussi accueillis-je prudemment la remarque. Je la chargeai de dire à Petro que je ne croulais pas sous les obligations dans le domaine professionnel, puis je décampai de là.
    Pendant que je me trouvais dans le quartier, je passai chez ma mère : M’man était partie voir quelqu’un. N’étant pas d’humeur à écouter mes sœurs se plaindre de leurs maris, je renonçai aux visites familiales – décision qui n’eut rien de pénible – et rentrai chez moi.
    Un spectacle inquiétant m’y accueillit. Je venais de traverser la ruelle nauséabonde en direction de la blanchisserie Lenia – laverie pratiquant prix imbattables et vol de vêtements installée au rez-de-chaussée de notre immeuble – quand j’aperçus une paire de gros durs couverts d’acier, postés dans la cage de notre escalier et tâchant de se fondre dans le décor. Ils auraient eu du mal : les scènes de batailles gravées sur leurs plaques pectorales rutilaient à en sécher une clepsydre – sans parler d’un passant –, et dix gamins effrontés s’étaient plantés en demi-cercle pour contempler bouche bée les casques surmontés d’aigrettes écarlates et se défier l’un l’autre d’aller planter des brindilles entre les lanières des sandales de ces formidables soldats. Ces derniers appartenaient à la garde prétorienne. Tout l’Aventin devait être au courant de leur présence.
    À mon souvenir, je n’avais rien commis dernièrement qui soit répréhensible aux yeux de l’armée, aussi m’avançai-je du pas tranquille de l’innocence. Hors de leur environnement superbe, les deux héros semblaient passablement nerveux. Je ne m’étonnai donc pas d’être arrêté au pied des marches, deux lances s’entrechoquant en travers de ma poitrine.
    — Tout doux, messieurs, n’allez pas déchirer ma tunique : elle devrait encore faire quelques décennies…
    Une jeune blanchisseuse surgit au pas de course d’un nuage de vapeur, un sourire sarcastique aux lèvres et une panière pleine de linge sale particulièrement repoussant. Le sourire sarcastique m’était destiné.
    — Des amis à toi ? lança-t-elle, railleuse.
    — Pas d’insultes ! Ils venaient sans doute arrêter je ne sais quel agitateur, et ils se sont perdus…
    Les soldats n’étaient visiblement pas là pour appréhender qui que ce soit. Quelque heureux citoyen vivant dans ces parages sordides devait recevoir la visite d’un membre de la famille impériale venu incognito, abstraction faite de la présence voyante de sa garde.
    — Qu’est-ce qui se passe ? demandai-je au centurion de faction.
    — Confidentiel… circule !
    Dès lors, j’avais deviné qui étaient la victime – moi – et la raison de cette visite – m’amadouer dans le but de me faire accepter la mission en Germanie à propos de laquelle Momus m’avait mis en garde. L’appréhension m’envahit. Si la mission était à ce point spéciale ou urgente qu’elle requière un tel traitement de faveur, elle devait induire le genre d’efforts que je détesterais franchement. Je marquai un temps d’arrêt et me demandai lequel des Flaviens venait hasarder ses princiers orteils dans la boue malodorante de notre ruelle.
    L’empereur lui-même, Vespasien, était trop éminent, trop pointilleux en matière d’apparat pour frayer avec la plèbe. Du reste, il avait 60 ans passés. Jamais il ne viendrait à bout de l’escalier chez moi.
    Mon chemin avait croisé celui de son plus
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