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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie
Autoren: Lindsey Davis
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d’Ælianus, il est en Espagne.
    Elle parlait de l’aîné de ses deux frères. On m’avait donné à entendre que Camillus Ælianus était un jeune salopard aux dents longues avec lequel je n’irais pas vider un verre, mais ne l’ayant encore jamais affronté en chair et en os, je me tus.
    — Tu peux lire, proposa Helena.
    Je rejetai impitoyablement son offre :
    — C’est ta lettre !
    Là-dessus, je passai dans la pièce du fond et m’assis sur le lit. Je savais parfaitement pourquoi Titus nous avait rendu visite. Cela n’avait aucun rapport avec je ne sais quelle mission qu’il souhaiterait me proposer. Aucun rapport avec moi, tout simplement.
    Helena me rejoignit plus tôt que je ne m’y attendais, entra et s’assit sans un mot à côté de moi.
    — Pas de disputes ! (Elle semblait morose, elle aussi, tandis qu’elle ouvrait mes doigts, m’obligeant à lui prendre la main.) Oh ! Marcus ! La vie ne peut-elle donc pas être simple ?
    Je n’étais pas d’humeur à philosopher, mais je resserrai les doigts en une étreinte un peu plus tendre.
    — Alors, qu’a bien pu trouver à raconter ton royal soupirant ?
    — Nous parlions simplement de ma famille.
    — Tiens donc !
    En mon for intérieur, je me repassai le lignage d’Helena, comme avait dû le faire Titus : des sénateurs depuis des générations – pour sa part, il n’aurait pu en dire autant, avec ses ancêtres métayers sabins de moyenne extraction –, le père vouant un fervent soutien à Vespasien, la mère gardant une réputation immaculée. Ses jeunes frères faisaient tous deux leur service civique à l’étranger, l’un au moins étant, à long terme, destiné au Sénat. Tout le monde m’affirmait qu’il fallait s’attendre à de grandes choses de la part du noble Ælianus. Justinus, dont j’avais fait la connaissance, semblait, quant à lui, un type bien.
    — Titus avait l’air d’apprécier la conversation. Il a parlé de toi ?
    Helena Justina : éduquée dans la liberté, personnalité vive, séduisante à sa manière farouche et toute personnelle. Existence dépourvue de scandale – exception faite de ma personne. Elle avait été mariée naguère, pour ensuite divorcer par consentement mutuel d’un homme qui, de toute façon, était mort depuis. Titus, pour sa part, avait été marié à deux reprises : une fois veuf, une fois divorcé. Quant à moi, je n’avais jamais été marié mais j’étais moins naïf qu’eux deux réunis.
    — Titus est un homme : il ne parle donc que de lui, rétorqua-t-elle, railleuse.
    Je grognai. Helena était une femme à qui les gens parlaient. Moi-même, j’aimais lui parler. C’était la seule personne à qui je pouvais parler d’à peu près n’importe quoi, ce qui me semblait constituer mon privilège exclusif.
    — Tu sais qu’il est amoureux de la reine Bérénice de Judée ?
    Helena esquissa un petit sourire.
    — Dans ce cas, il a toute ma compassion !
    Le sourire n’était pas particulièrement gentil et ne s’adressait pas précisément à moi. Au bout d’un moment, elle ajouta d’un ton plus doux : — Qu’est-ce qui t’inquiète ?
    — Rien, répondis-je.
    Titus César n’épouserait jamais Bérénice. La reine juive traînait derrière elle un passé exotique haut en couleurs. Jamais Rome n’accepterait une impératrice étrangère… ni ne souffrirait un empereur proposant d’en importer une.
    Titus, quoique romantique, était réaliste. Il vouait à Bérénice un attachement qu’on disait authentique, mais un homme jouissant de la situation qu’il occupait risquait fort d’épouser quelqu’un d’autre. Titus était l’héritier de l’Empire romain. Son frère Domitien possédait certains des talents de la famille, mais pas tous. Pour sa part, Titus avait engendré une petite fille, mais pas de fils. Les Flaviens se réclamant principalement de la pourpre au nom de la stabilité qu’ils avaient procurée à l’Empire, le peuple affirmerait sans doute que l’héritier devait rechercher activement une femme romaine convenable. Quantité de femmes, convenables ou pas, espéraient certainement qu’il s’y mette.
    Qu’étais-je donc censé me dire quand je trouvais ce prestigieux personnage en train de discuter avec ma petite amie ? Helena Justina faisait une compagne attentive, gracieuse et charmante – lorsqu’elle le voulait bien –, elle ne manquait jamais de bon sens, de doigté, et nourrissait une haute conception du devoir. Si elle
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