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Voyage de J. Cartier au Canada

Voyage de J. Cartier au Canada

Titel: Voyage de J. Cartier au Canada
Autoren: Jacques Cartier
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bouche d'un vieux pêcheur, la notice d'une terre lointaine dans l'ouest, nommée Estotiland, où vingt-six ans auparavant (vers 1380 à ce qu'il semble), il avait été jeté par une furieuse tempête ; les habitants conservaient des rapports habituels avec le Groenland, et possédaient encore quelques livres latins, qu'ils ne comprenaient plus. Associé par eux, au bout de cinq années, à une expédition dans le sud, vers le pays de Drogio, une tempête le jeta plus loin, chez un peuple de sauvages cannibales qui le gardèrent esclave pendant de longues années, jusqu'à ce qu'après bien des vicissitudes il parvint à s'échapper de leurs mains et à regagner Drogio, d'où il revint après trois ans d'attente à Estotiland : il se livra alors au commerce entre ces deux contrées, s'y enrichit, et put terminer enfin sa longue odyssée en armant lui-même un navire pour retourner en Frislande.
C'est encore à ces relations de plus en plus rares, mais qui n'avaient jamais été complètement abandonnées entre les Etats scandinaves et leurs colonies du nord-ouest, que se rattache le souvenir de ce pilote norvégien, originaire de Pologne, Hans Koeln ou Ivan z'Kolna, c'est-à-dire Jean de Kolno en Mazovie, envoyé en 1476 pour ravitailler les stations du Groenland, et qui visita, dit-on, la côte opposée en pénétrant jusqu'à la grande baie qui devait recevoir longtemps après le nom de Hudson.

V
    Il est naturel de penser qu'une notion plus ou moins précise, mais certaine et incontestée, de l'existence des régions transatlantiques tant de fois abordées par les marins du Nord, s'était conservée parmi eux, et les écrits d'Adam de Brème prouvent qu'elle avait même pénétré, dès le onzième siècle, jusqu'au sein de la Germanie. On devait la trouver d'autant plus vivante et plus assurée, qu'on s'élevait davantage vers les escales d'où étaient parties les plus fréquentes expéditions : il ne faut donc point se récrier contre la supposition que dans son voyage d'Islande en 1477, Christophe Colomb aurait recueilli en cette île des indices propres à exciter ou confirmer dans son esprit la conviction que l'Océan occidental pouvait être franchi par de hardis navigateurs, sûrs de trouver au-delà des rivages accessibles. Les théories du florentin Toscanelli avaient déjà, en 1477, soutenu cette thèse auprès des savants de Portugal, et lorsque Colomb parvint à les connaître quelques années après, vers 1481 suivant toute apparence, il n'hésita plus à se consacrer sans réserve à l'accomplissement du grand dessein d'aller par cette voie de l'occident à la rencontre des plages extrêmes de l'Asie orientale ; mais il lui fallut l'immense courage de mendier encore pendant plus de dix années, auprès des rois de l'Europe latine, des vaisseaux que, nouveau Typhis, il pût conduire à la conquête de cette autre toison d'or. Serait-il vrai que, dans l'intervalle, un navigateur français, le capitaine Cousin, de Dieppe, porté à l'ouest en 1488, jusqu'à de lointains parages inconnus aurait alors atteint ou aperçu quelque point de la côte américaine ?
    Rien ne se peut déduire avec précision des vagues indices que nous ont tardivement transmis à ce sujet d'insuffisantes traditions en admettant le fait comme certain, ce ne serait en définitive qu'un anneau de plus à compter dans la chaîne des découvertes au bout de laquelle vient se souder, à la fameuse date du 10 octobre 1492, la véritable prise de possession, par l'Europe, de l'hémisphère transatlantique, simplement jusqu'alors visité à l'aventure par les devanciers de l'immortel Génois.

VI
    Pendant que Colomb, tout plein encore des illusions de ses rêves cosmographiques, s'ingéniait à retrouver dans l'archipel des Antilles le Zipan-gu et les domaines du grand kâân du Khatay, marqués à cette place sur la carte que lui avait jadis envoyée Toscanelli, un autre navigateur Italien, établi depuis longtemps en Angleterre au port de Bristol, Jean Cabot de Venise, S'étant élevé vers l'ouest durant un de ses voyages, arriva, le 24 juin 1494, en vue d'une terre et d'une ile inconnues, qu'il appela du nom de Saint-Jean, le patron du jour ; et il revint solliciter une commission royale qui lui assurât le privilége de ses découvertes sous l'autorité de la Couronne d'Angleterre, ce qui lui fut accordé par lettres-patentes données à Westminster le 5 mars 1496. Il effectua en conséquence, en 1497, sur un navire armé à
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