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Vikings

Vikings

Titel: Vikings
Autoren: Patrick Weber
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de tout un peuple, a fortiori chez de stricts Prussiens convaincus de la supériorité de leur nation.
    Bon sang ne sachant mentir, Otto von Bilnitz était devenu un des éléments les plus en vue de la Wehrmacht. Mais paradoxalement, sa réputation flatteuse sur le plan militaire lui valait de faire l’objet d’une sérieuse surveillance et constituait un frein à sa carrière. Les nazis se méfiaient de ces tenants de l’ancienne Allemagne auxquels ils reprochaient, pêle-mêle, leur mentalité réactionnaire et leur attachement à la religion. Ainsi le brillant Otto se retrouvait-il exilé à Rouen à l’heure où ses talents auraient probablement dû le conduire sur des fronts plus exposés et dès lors, plus vitaux pour le Reich. Après une période de révolte liée au sentiment d’injustice à laquelle avait succédé une phase d’abattement, von Bilnitz avait fini par trouver de bons côtés à son séjour normand. En militaire avisé, il savait que l’ennemi se trouvait non loin de là, de l’autre côté de la Manche et qu’il fallait se tenir prêt. Et en homme de tradition, il avait appris à goûter aux délices d’une terre qui n’en était pas avare.
    Il s’était donc forgé une carapace que rien n’atteignait véritablement. Rien, si ce n’était l’annonce d’une visite d’une délégation de la SS. Et c’était précisément l’objet du coup de téléphone qu’il venait de recevoir. On le sommait d’accueillir courtoisement l’Obersturmführer Ludwig Storman qui venait d’arriver à Rouen. Il devait lui fournir l’aide ainsi que tous les renseignements nécessaires au bon déroulement de sa mission. Tels étaient les termes précis utilisés par sa hiérarchie. Otto enrageait : une fois encore, la Wehrmacht devait courber l’échiné face à cet État dans l’État que constituait la SS. Totalement dévoués à leur chef suprême Heinrich Himmler, jusque dans ses délires les plus extrêmes, les membres de la SS étaient des hommes auxquels il était impossible de tenir le discours de la raison. Aussi, pour un Prussien de la trempe de von Bilnitz, un fanatique de son propre camp pouvait représenter un adversaire encore plus redoutable qu’un ennemi du camp opposé.
    Malgré ses réticences, l’officier pria son secrétaire d’aller chercher le visiteur annoncé. Il s’assit à son bureau et s’empara d’une liasse de documents qu’il lui fallait parapher. Il s’appliqua à ne pas relever la tête quand il entendit deux petits coups secs sur la porte et qu’il prononça le rituel « Ja ! »
    Lorsqu’il daigna enfin relever le nez, il vit la silhouette du dénommé Storman. Sa première réaction fut de s’étonner en découvrant l’âge de son interlocuteur. L’homme paraissait encore bien jeune pour assumer une haute responsabilité dans la hiérarchie d’Himmler. Exception faite de son jeune âge, il entrait parfaitement dans le cadre prescrit par l’Ordre Noir pour enrôler ses recrues : yeux bleus, cheveux blonds et coupe réglementaire à la mode de celle qu’arborait le Reichsführer : plus longue sur le dessus et rasée sur les côtés. Tout au plus von Bilnitz s’étonna-t-il de la taille du jeune homme, qui lui parut plus petite que celle de ses congénères. Il n’en restait pas moins que Storman incarnait à la perfection l’idéal racial cher aux maîtres du Reich.
    Le SS exécuta un impeccable salut au Fuhrer et adressa un franc sourire au militaire qui en fut presque désarçonné. Quelque chose dans le visage de son visiteur lui rappelait étrangement son frère Fritz. Un troublant mélange d’innocence authentique et de volonté inébranlable qui caractérise souvent ceux qui sont prêts à renverser des montagnes pour parvenir au but qu’ils se sont assigné.
    — Herr Colonel, s’exclama Ludwig Storman sans se départir de son sourire, c’est un honneur pour moi de vous rencontrer.
    — Herr Storman, répondit le militaire en le regardant avec insistance. Pardonnez cette question personnelle, mais êtes-vous originaire de Prusse ?
    Le SS ne parut pas le moins du monde décontenancé par cette demande. Il partit même d’un grand éclat de rire et répondit :
    — Impossible de le cacher, n’est-ce pas ? Je suis un vrai enfant de la Prusse, mes parents sont nés et m’ont élevé dans la région de Potsdam. Je gagerais que cela nous offre un premier point commun...
    Oui, lâcha von Bilnitz presque à regret. Je
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