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Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II

Titel: Vie de Benjamin Franklin, écrite par lui-même - Tome II
Autoren: Benjamin Franklin
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charier des superfluités, pourroient-ils subsister en cultivant des denrées d'une nécessité première ?—Je crois qu'oui. La terre est très-vaste, et une grande partie de sa surface est encore sans culture. Il y a en Asie, en Afrique, en Amérique, des forêts, qui ont plusieurs centaines de millions d'acres ; il y en a même beaucoup en Europe. Un homme deviendroit un fermier d'importance, en défrichant cent acres de ces forêts ; et cent mille hommes à défricher chacun cent acres, ne feroient pas une lacune assez grande pour être visible de la lune, à moins qu'on n'y eût le télescope d'Herschel ; tant sont vastes les pays que les bois couvrent encore !
C'est, cependant, une sorte de consolation, que de songer que parmi les hommes, il y a encore plus d'activité et de prudence que de paresse et de folie. De là provient cette augmentation de beaux édifices, de fermes bien cultivées, de villes riches et populeuses, qui se trouvent dans toute l'Europe, et qu'on n'y voyoit autrefois que sur les côtes de la Méditerranée. Cette prospérité est même d'autant plus remarquable, que des guerres insensées exercent continuellement leurs ravages, et détruisent souvent en une seule année les travaux de plusieurs années de paix. Nous pouvons donc espérer, que le luxe de quelques marchands des côtes des États-Unis de l'Amérique ne causera pas la ruine de leur pays.
Encore une réflexion, et je termine cette vague et longue lettre. Presque toutes les parties de notre corps nous obligent à quelque dépense. Nos pieds ont besoin de souliers, nos jambes de bas, le reste du corps exige des habillemens, et notre estomac une bonne quantité de nourriture.
    Quoiqu'excessivement utiles, nos yeux, quand nous sommes raisonnables, demandent l'assistance peu coûteuse de lunettes, qui ne peuvent pas beaucoup déranger nos finances. Mais les yeux des autres sont les yeux qui nous ruinent. Si tout le monde étoit aveugle, excepté moi, je n'aurois besoin ni de magnifiques habits, ni de belles maisons, ni de meubles élégans.

SUR LA TRAITE DES NÈGRES.
    23 mars 1790.
En lisant dans les gazettes, le discours adressé par M. Jackson [L'un des représentans de la Georgie.], au congrès américain, contre ceux qui se mêlent de l'esclavage des nègres, ou qui essaient d'adoucir la condition des esclaves, je me suis rappelé un discours pareil, prononcé il y a environ cent ans, par Sidi Mehemet Ibrahim, membre du divan d'Alger, ainsi qu'on peut le voir dans la relation que Martin a publiée de son consulat, en 1687.
Ce discours avoit pour but d'empêcher qu'on n'eût égard à la pétition de la secte des Erika, ou Mahométans purs, qui regardoient la piraterie et l'esclavage comme injuste, et en demandoient l'abolition. M. Jackson ne le cite pas : mais, peut-être, ne l'a-t-il pas lu. S'il se trouve dans son éloquent discours quelques raisonnemens de Sidi Mehemet, cela prouve seulement que les intérêts des hommes influent et sont influencés d'une manière étonnamment semblable dans tous les climats, où ils se trouvent dans des circonstances pareilles. Voici la traduction du discours africain.
«Alla Bismillah, etc. Dieu est grand, et Mahomet est son prophète !
»Ont-ils considéré, ces Erika, les conséquences que pourroit avoir ce qu'ils proposent dans leur pétition ? Si nous mettions un terme à nos croisières contre les chrétiens, comment nous procurerions-nous les denrées que produit leur pays, et qui nous sont si nécessaires ? Si nous renonçons à les rendre esclaves, qui est-ce qui cultivera la terre, dans nos brûlans climats ? Qui est-ce qui fera les travaux les plus communs dans nos villes ? Qui est-ce qui nous servira dans nos maisons ? Ne serons-nous pas alors nos propres esclaves ? et ne devons-nous pas plus de compassion et de faveur à nous, musulmans, qu'à ces chiens de chrétiens ?
»Nous avons maintenant plus de cinquante mille esclaves, à Alger et dans les environs.
    Si nous n'en recevons pas de nouveaux, bientôt ce nombre diminuera, et sera insensiblement réduit à rien. Si nous cessons de prendre et de piller les vaisseaux des infidèles, et de réduire à l'esclavage l'équipage et les passagers, nos terres n'auront plus aucune valeur, faute de culture ; les loyers de nos maisons diminueront de moitié ; et le gouvernement, privé de la part qu'il retire des prises, verra ses revenus presqu'anéantis.
»Et pourquoi ? Pour céder aux fantaisies d'une secte
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