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Victoria

Victoria

Titel: Victoria
Autoren: Joanny Moulin
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Londres, était morte. Pour un temps, le duc de Kent avait paru se résigner. Si les jours s’écoulaient peut-être par trop paisiblement à Amorbach, les désappointements n’ôtaient rien à la tendresse, et les époux s’aimaient d’un amour sincère.
    Le soir du 31 décembre 1818, Edward de Kent écrivait à sa chère épouse une lettre en allemand, accompagnant le cadeau qu’il lui faisait d’un almanach. Ils étaient pourtant tous deux sous le même toit et dans la meilleure des ententes possibles. En ce temps-là, on aimait à prendre la plume pour les paroles du cœur, et ce sévère soldat n’en était pas dépourvu.
    « Mardi soir 31 décembre 1818. Ce soir prendra fin, chère bien-aimée Victoire, l’année 1818, qui vit naître mon bonheur en vous donnant à moi pour ange gardien. J’espère que vous vous souviendrez toujours de cette année avec le même plaisir que moi, et qu’à chaque nouvel anniversaire vous serez contente de votre sort, comme j’espère que vous l’êtes aujourd’hui. Tous mes efforts n’ont qu’un seul but, la préservation de votre santé et la naissance d’un enfant qui vous ressemblera. Si le Ciel m’accorde ces deux grâces, je serai consolé de toutes les infortunes et déceptions qui ont marqué ma vie.
    « J’aurais aimé être au moins capable de vous dire tout cela en jolis vers, mais vous savez que je suis un vieux soldat qui n’a pas ce talent. Vous devrez donc considérer que c’est l’intention qui compte, et en acceptant ce petit almanach vous vous souviendrez qu’il vient de votre mari très aimant, pour qui vous représentez toute tendresse et toute consolation. Sur ces mots, je vous dis, dans la langue de mon pays, God bless you, love me as I love you . »
     
    Edward était peut-être le moins mal aimé des fils de George III. Si le régent ne manquait pas d’ennemis, Kent avait des amis. On lui écrivait pour le conjurer de faire en sorte, à tout prix, de rentrer au pays. Quoi qu’il advînt, son enfant à naître représentait l’avenir de la famille royale. Un temps viendrait peut-être où l’on contesterait la légitimité d’un héritier du trône né à l’étranger. La loi du sang était suffisante, mais par précaution mieux valait la redoubler par la loi du sol. Un comité de soutien s’était donc constitué en sa faveur. En mars 1819, le duc de Kent apprenait qu’un fonds de 15 000 livres avait été levé, pour lui permettre de revenir s’installer en Angleterre.
    Le 26 mars, la duchesse de Cambridge donna naissance à un fils, venant en dernier dans l’ordre de succession. Le 27 mars, la duchesse de Clarence mit au monde une fille qui ne vécut que sept heures. En partant d’Amorbach le 28 mars, la duchesse de Kent portait un héritier potentiel de la couronne britannique.
    Puisque les Kent étaient en mesure de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, rien n’interdisait qu’ils logent au palais de Kensington. Rien ne pouvait s’opposer à ce qu’ils traversent la Manche sur le yacht royal, sauf le vent du nord, qui les retint pendant une semaine interminable à Calais, puis secoua le navire pendant les trois heures qui les séparaient encore de Douvres, tant et si bien que Victoire souffrit d’un affreux mal de mer.
     
    Dans la nuit du 23 au 24 mai 1819, au palais de Kensington, la duchesse de Kent est dans les douleurs de l’enfantement, assistée par le Dr Charlotte Heidenreich von Siebold. C’est une nuit fraîche, délicieusement pluvieuse après une vague de chaleur de près d’un mois qui a parsemé les pelouses de fleurs, chargé les arbres de fruits, et fait bruire le parc de chants d’oiseaux.
    Dans la pièce voisine, des dignitaires du royaume sont venus pour témoigner de la naissance d’un enfant royal. Parmi eux se trouvent le duc de Wellington, l’archevêque de Cantorbéry, l’évêque de Londres, le chancelier de l’Échiquier, le duc de Sussex, le lieutenant-général Wetherall…
    Le lundi 24 mai 1819, à 4 h 15 du matin, la duchesse de Kent donne la vie à « une petite princesse ronde comme une perdrix ». « Vraiment un modèle de force et de beauté combinées », écrit le duc à sa belle-mère, la duchesse douairière Augusta de Saxe-Cobourg-Saalfeld. « Regardez-la bien, dit-il en aparté à ses bons amis, car elle sera reine d’Angleterre. »

2
    Dans la salle de la coupole du palais de Kensington ont été tendues les draperies de velours pourpres de la
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