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Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique

Titel: Un Vietnamien bien tranquille : L'extraordinaire histoire de l'espion qui défia l'Amérique
Autoren: Jean-Claude Pomonti
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à l’école. « Pour apprendre à calculer, à écrire, à lire », se hasarde-t-il, ce qui lui vaut une correction. Il oublie l’essentiel : « un maître dit toujours que la première chose est d’apprendre la politesse » (le savoir-vivre), puis, seulement après, la littérature. L’éducation, c’est encore respecter les règles inculquées dès la tendre enfance : ne pas faire de bruit, s’incliner les bras croisés pour saluer, ne pas rester écouter les conversations des aînés, éviter de poser des questions, ne pas fouiner chez les autres.
    Pham Xuân Ân n’est pas désobéissant de nature mais il ne peut s’empêcher de satisfaire une curiosité insatiable. Il ne parvient pas à changer de comportement. Il propose même, un jour, à son père de l’interner à l’asile de Biên Hòa, où il est né. Découragé et en guise de leçon, son père le renvoie dans la région de Huê, à l’âge de neuf ans, chez le fils adoptif de son propre père. Cet oncle est instituteur dans un lieu-dit qui sert de gare ferroviaire, à une centaine de kilomètres au sud de l’ancienne capitale impériale, sur la voie ferrée qui relie Sài Gòn à Hà Nôi.
    Les campagnes du Viêt Nam central sont parmi les plus déshéritées du pays car la terre y est ingrate et la région balayée, pratiquement chaque année, par des typhons dévastateurs. Son père espère que Pham Xuân Ân comprendra les difficiles conditions de vie des paysans et le privilège représenté par l’appartenance à une famille relativement aisée. Effectivement, ce séjour lui ouvre les yeux. Pham Xuân Ân se rappelle que, faute d’huile, les paysans allument leurs lampes en trempant les mèches dans de la graisse de rat. La population attrape cigales et grillons pour les consommer. Lui-même se rend à la gare lors du passage du train en provenance du Sud. Pendant la halte, il monte à bord, ramasse rapidement les quignons de pain abandonnés par les passagers et redescend avant la remise en marche du train. L’oncle adoptif, un homme strict, confie à Pham Xuân Ân la tâche ingrate du décorticage du paddy.
    Pendant son séjour à la campagne, il apprend beaucoup de choses sur la nature qui étonneront, plus tard, lors de reportages, ses collègues américains. Il sait, par exemple, qu’il faut attraper les cigales à la saison de la mue – lorsqu’elles ne peuvent pas voler – et comment distinguer les femelles, qui chantent, des mâles, qui ne le font pas. S’il ne connaît que les distractions – et les privations – d’un enfant pauvre, il ne parvient pas pour autant à se corriger. Toutefois, son caractère s’affirme : le sens de l’observation, la patience.
    De tempérament ni rebelle ni soumis, Pham Xuân Ân offre peu de prise aux autres.
    Comme il rate ses examens, ses parents le font revenir à Gia Dinh au bout de deux ans pour lui faire suivre, pendant les grandes vacances, des cours privés de rattrapage. Alors âgé de onze ans, Pham Xuân Ân découvre, en flâneur, à ses heures de liberté, Sài Gòn. Cet intervalle ne dure que trois mois. En 1938, son père est nommé à Cân Tho, en plein delta du Mékong. Il y remplace un fonctionnaire français du cadastre qui vient d’être mobilisé. La famille le suit. Pham Xuân Ân s’arrange pour tripler une classe. Son père lui donne en exemple la fille de l’un de ses amis, bonne élève et disciplinée : il s’agit de Nguyên Thi Binh, la future M me Binh, ministre des Affaires étrangères du Gouvernement révolutionnaire provisoire du Sud formé en 1969, qui accédera, dans les années 1990, à la vice-présidence de la République socialiste du Viêt Nam. Mais Pham Xuân Ân ne change pas. D’un caractère doux, il n’a rien de rebelle et ne parvient tout simplement pas à s’amender.
    Ne sachant que faire, son père l’envoie, en 1943, donc à l’âge de seize ans, s’occuper de terres qu’il a acquises à Rach Giá, toujours dans le delta du Mékong. C’est une autre expérience : Pham Xuân Ân se retrouve face à l’exploitation des paysans par les propriétaires terriens de Cochinchine. Cet état de choses le choque. « Même chez mon père », m’avoue-t-il un jour. C’est apparemment l’époque de son premier engagement politique. En 1945, donc quand les Japonais occupent encore l’Indochine française, lui-même et la plupart de ses camarades de classe sont tentés de rallier le Viêt Minh.
    « Dans
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