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Un mois en Afrique

Un mois en Afrique

Titel: Un mois en Afrique
Autoren: Pierre-Napoléon Bonaparte
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aide-de-camp du gouverneur, je visitai le magnifique jardin d'essai, où, entre autres merveilles, on voit de grands massifs d'orangers ; et la jolie campagne du brave général Jusuf qui, malgré ses glorieux services, n'a pu obtenir son assimilation à nos autres généraux.
Le soir, j'assistai à une danse de ravissantes Moresques comme on n'en voit qu'à Alger, et à une cérémonie religieuse très originale des nègres de la ville, qui sont de vrais convulsionnaires. Je pris congé du gouverneur, et le lendemain, au matin, je partis pour Philippeville, à bord d'un petit pyroscaphe côtier, affecté au service des dépêches. Nous côtoyâmes assez près de terre les montagnes encore verdoyantes de la Kabylie ; nous relâchâmes à Dellys, Bougie, Djidjeli, et le lendemain, 12 octobre, nous étions à Stora.
    C'est une belle baie, où l'on trouve un port sûr et spacieux, à une demi-heure de marche de Philippeville. Notre pyroscaphe fut aussitôt entouré de plusieurs bateaux montés par de nombreux marins. A leur costume, à leurs acclamations sympathiques, aux coups de fusil et de pistolet dont ils me saluaient, je reconnus de suite nos intrépides et habiles caboteurs d'Ajaccio qui, sur de frêles embarcations non pontées, se hasardent à aborder aux côtes d'Afrique, pour y mener la vie laborieuse qui leur permet de rapporter quelques économies à leurs familles. J'allai à terre avec ces rudes et chers enfants du peuple, et je me mis en route pour Philippeville, en compagnie du capitaine Gautier, commandant la gendarmerie de la province. Le chemin, taillé dans la montagne, suit les bords de la mer ; la vigoureuse végétation du sol d'alentour, couvert d'épais arbustes, me frappa par son extrême ressemblance avec la Corse. A peu près à moitié route, on trouve une magnifique batterie parfaitement entretenue.
A Philippeville, où je passai la journée du 12, je me présentai chez le commandant supérieur, M. Cartier, major du deuxième régiment de la Légion étrangère, et je fis la connaissance du commandant Vaillant, frère de nos deux généraux de ce nom, et savant naturaliste. Une distance de vingt-deux lieues que parcourt une excellente route, exploitée quotidiennement, comme en Europe, par un service de messageries, sépare Philippeville de Constantine. Toutes les places ayant été retenues, je louai une voiture et je partis le lendemain de grand matin, avec l'excellent capitaine Gautier qui avait voulu m'accompagner. Nous traversâmes les nouveaux villages de Saint-Antoine et Gastonville, ce dernier peuplé de pauvres prolétaires parisiens qui sont venus chercher un meilleur sort dans la colonisation, tache difficile pour laquelle, malgré leur courage, ils n'ont ni la force, ni l'aptitude nécessaires.
    Au camp d'El-Arrouch, je fus retenu à déjeuner, de la manière la plus aimable, par MM. les officiers du 38e. Ils étaient tristes de voir la garnison décimée par le choléra qui sévissait contre elle, plus cruellement qu'à Philippeville et que sur aucun autre point de la division territoriale. Après avoir relayé au camp de Smendou, nous arrivâmes fort tard à Constantine.
En l'absence du général Herbillon, parti à la tête de la colonne expéditionnaire, M. le général de Salles, gendre de l'illustre maréchal Valée, me reçut le soir même, avec cette parfaite et cordiale urbanité qui le fait aimer de tous ceux qui l'approchent. Le lendemain, 14, grâce à l'obligeant empressement de M. le capitaine de Neveu, chef du bureau arabe, tous mes préparatifs de campagne, tentes, cantines, etc., étaient terminés. Je fus vivement contrarié, et on le concevra sans peine dans une telle circonstance, de n'avoir pu, malgré mes recherches, réussir à me monter convenablement. Ce que je trouvai de moins mauvais, ce fut un petit cheval indigène, vif, mal dressé, peu maniable et peu vigoureux, dont je dus pourtant me contenter.
Le 15 octobre, au point du jour, je quittai Constantine, pour rejoindre la colonne. Mon escorte se composait du maréchal-des-logis Bussy et de quatre cavaliers du troisième régiment de spahis, deux chasseurs d'Afrique, Rouxel et Valette, un soldat du train des équipages, et Gérard, mon fidèle domestique ardennais.
Avant d'aller plus loin, il n'est peut-être pas inutile de donner ici un rapide aperçu des causes qui avaient amené l'expédition à laquelle j'allais prendre part, et des faits qui avaient précédé mon arrivée.
Dans l'origine, la
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