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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte
Autoren: Nelson Mandela
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ils avaient créées formèrent la base d ’ une des sociétés les plus dures et les plus inhumaines que le monde ait jamais connues. Maintenant, dans la dernière décennie du XX E siècle, dans ma huitième décennie, ce système avait été renversé pour toujours et remplacé par un autre qui reconnaissait les droits et les libertés de tous sans tenir compte de la couleur de leur peau.
    Ce jour était le résultat des incroyables sacrifices de milliers d’hommes et de femmes, de gens dont le courage et les souffrances ne seraient jamais ni comptés ni remboursés. Ce jour-là, comme tant d’autres fois, j’ai ressenti que je n’étais que la somme de tous ces patriotes africains disparus avant moi. Cette longue et noble lignée s’achevait et recommençait avec moi. Je souffrais de ne pouvoir les remercier et de savoir qu’ils ne connaîtraient jamais le fruit de leurs sacrifices.
    La politique d’apartheid a créé une blessure profonde et durable dans mon pays et dans mon peuple. Il nous faudra des années, et peut-être des générations, pour guérir de ce mal terrible. Mais les décennies d’oppression et de brutalité ont eu un autre effet, inattendu celui-là, produit par les Oliver Tambo, les Walter Sisulu, les Luthuli, les Yusuf Dadoo, les Bram Fischer, les Robert Sobukwe de notre temps  – des hommes d’un tel courage, d’une telle sagesse, d’une telle générosité qu’on ne verrait jamais leurs semblables. Peut-être faut-il ces abîmes d’oppression pour créer une telle grandeur de caractère   ? Mon pays est riche en minerais et en pierres précieuses enfouis dans son sol, mais j’ai toujours su que sa plus grande richesse était son peuple, plus fin, plus pur que ses diamants les plus purs.
    C’est auprès de ces camarades que j’ai appris, dans la lutte, le sens du courage. Je n’ai cessé de voir des hommes et des femmes risquer et donner leur vie pour une idée. J’ai vu des hommes supporter des brutalités et des tortures sans craquer, en montrant une force et une résistance qui défient l’imagination. J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre. Moi aussi, j’ai ressenti la peur plus que je ne peux m’en souvenir, mais je l’ai dissimulée derrière le masque de l’audace.
    Je n’ai jamais perdu l’espoir que cette grande transformation aurait lieu. Non seulement grâce aux héros que j’ai cités, mais grâce aux hommes et aux femmes ordinaires de mon pays. J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre.
    Nous sommes entrés dans la lutte les yeux ouverts, sans nous faire d’illusions ni croire que le chemin serait facile. Jeune homme, quand j’ai rejoint le Congrès national africain, j’ai vu le prix que mes camarades payaient pour leurs convictions, et il était élevé. En ce qui me concerne, je n’ai jamais regretté mon engagement dans la lutte, et j’ai toujours été prêt à affronter les épreuves qui m’ont touché personnellement. Mais ma famille a payé mon engagement d’un prix terrible, peut-être trop élevé.
    Dans la vie, tout homme a des obligations doubles  – envers sa famille, ses parents, sa femme et ses enfants, et envers son peuple, sa communauté, son pays. Dans une société civile et humaine, chaque homme a la possibilité de remplir ses obligations en accord avec ses goûts et ses capacités. Mais dans un pays comme l’Afrique du Sud, il était presque impossible pour un homme de ma naissance et de ma couleur de remplir ces obligations. En Afrique du Sud, un homme de couleur qui tentait de vivre comme un être humain était puni et isolé. En Afrique du Sud, un homme qui essayait de remplir son devoir envers son peuple était inévitablement arraché
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