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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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nous l’avons souligné en décrivant son surgissement préhistorique. Or les idées néolithiques ont des conséquences.
    Le progrès n’existe pas dans ces civilisations. Elles représentent en elles-mêmes un progrès immense, mais, la révolution agricole accomplie, elles ne désirent plus changer. Le temps y est conçu comme une roue qui tourne, comme un éternel retour. La « svastika », la croix gammée, est un symbole indien (Hitler a emprunté ce logo aux brahmanes) : c’est la roue du temps qui tourne perpétuellement sur elle-même. Pour l’Indien traditionnel, le changement est une sorte de péché.
    Ces gens-là, Mésopotamiens, Chinois, Indiens, Égyptiens, ont beaucoup inventé – le zéro, la poudre, la boussole –, mais ils ne songeaient pas à utiliser leurs inventions comme des leviers pour transformer le monde ; d’où l’extraordinaire immobilité de ces civilisations, qui ne seront transformées – Égypte, Mésopotamie, Inde -que par des chocs extérieurs. Pour la Chine, isolée, « empire du Milieu », le choc des invasions barbares sera trop faible et toujours assimilé, jusqu’à l’arrivée des Européens.
    La révolte n’existe pas non plus – du moins la révolte individuelle. Il faut comprendre que le scandale devant l’injustice est une idée judéo-chrétienne. Tous les animismes sont fatalistes. Aujourd’hui encore, un brahmane qui croise un mendiant en train de mourir au bord du chemin n’a pas envie de le secourir. Il se dit que ce type-là, dans une vie antérieure, a dû commettre de mauvaises actions. Une part de la misère qui prévaut dans ces sociétés vient de cette façon de supporter l’injustice. Selon le mot d’Edgar Morin, « l’intolérable y est intolérablement toléré ».
    Les dieux antiques ne sont ni bons ni méchants. Ils sont lunatiques, et il convient de les apaiser en leur offrant des cadeaux : métaux précieux, sacrifices animaux, parfois sacrifices humains.
    La morale se résume, en gros, à l’obéissance à l’autorité. Le plus grand philosophe chinois, Confucius (-555/-479), dont la doctrine a profondément imprégné la société chinoise, prône le respect des usages et la conformité sociale. Le mystique chinois Lao-tseu (-570/-490) conseille au sage la non-intervention. Les Védas, écritures sacrées brahmaniques, sont des espèces d’ iliades » desquelles on ne peut guère tirer de consigne morale. Alors apparaît aux Indes le prince Siddharta Gautama (-560/-480), surnommé Bouddha. Il s’agit de la première révolte dont nous ayons gardé le souvenir. Son père, un prince fort riche, ne voulait pas que son fils ait connaissance des tragédies de l’existence. Le jeune homme vivait donc entouré de beauté dans le palais princier. Mais un jour il fit une fugue, sortit du palais incognito avec un serviteur et se promena dans la ville. Là, il croisa un corps qu’on menait au bûcher. Il demanda à son serviteur de quoi il s’agissait, et celui-ci lui répondit : « Prince, cela s’appelle la mort. » Il rencontra aussi des miséreux et comprit ce que son père lui avait caché : que le monde est tragique, que la mort et l’oppression existent.
    Sa réaction fut de quitter le palais de son père et de se retirer dans la prière et la contemplation. Cette révolte ne pousse pas à la transformation de la société ; c’est un renoncement individuel, une fuite. Bouddha est l’archétype du moine, le solitaire contemplatif. D’une certaine manière, le suicide est l’idéal bouddhiste. Tout le monde connaît ces images de bonzes qui s’immolent par le feu.
    Bouddha, lui, fera l’objet d’une grande vénération et
    vivra très vieux, parce qu’il ne menaçait pas l’ordre social (il n’en sera pas de même, plus tard, de Socrate chez les Grecs ou de Jésus chez les juifs). Mais, comme le bouddhisme menaçait le brahmanisme traditionnel, il fut expulsé des Indes. Cependant il y eut, un moment, des rois bouddhistes, dont le célèbre et sage Ashoka (-273/-237). Chassée des Indes, cette religion domine l’Asie du Sud-Est. Aujourd’hui certains intellectuels « baba cool » sont tentés par le bouddhisme, précisément parce qu’ils pensent comme Bouddha que le monde est mauvais et qu’il est impossible de le changer. Le bouddhisme est une religion du désenchantement. Ainsi, au premier millénaire avant notre ère, le monde est-il déjà bien dessiné.
    Méditerranée : Crétois, Grecs,
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