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TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA

Titel: TOCQUEVILLE AU BAS-CANADA
Autoren: Alexis de Tocqueville
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présent volume, quelques notes biographiques sur Tocqueville.] consacrèrent, en fait, l'essentiel de leur séjour en Amérique du Nord (5 mai 1831 - 20 février 1832) à pénétrer un système démocra­tique du plus grand intérêt pour deux Français qui, avec la Révolu­tion de 1830, venaient de vivre une autre des mutations prolongeant la Révolution française [Voir René Rémond, Les États-Unis devant l'opinion française (1815-1852), Armand Colin, 1962, 2 volumes.]. Les premières semaines après leur arrivée à New York ayant surtout été employées à la visite de prisons, les voilà qui, au début de juillet, se lancent dans un long périple qui d'Albany, Schenectady, Utica, Syracuse, Auburn, Canandaigua, les conduit à Buffalo et à Détroit où, à la recherche d'authentiques représentants des tribus indiennes, ils vont tenter une expédition dans ce qu'on pouvait encore à l'époque appeler les déserts du Nouveau Monde. C'est à partir de là que nous nous joindrons aux deux voyageurs, puisque c'est à la fin du long récit que fait Tocqueville de leur course à travers bois qu'on assiste à leur première rencontre avec des habitants du Bas-Canada.
    Nous les accompagnerons ensuite sur les Grands Lacs (la coloni­sation française y avait laissé des traces toujours vivantes) avant de les suivre aux Chutes du Niagara, à Montréal et à Québec. Nous les quitterons enfin dès leur retour à Albany, ne retenant du reste du séjour de Tocqueville en Amérique que les mo­ments où il lui arrivera de reprendre en pensée la route du Bas-Canada.
       

        Après avoir pris connaissance des observations de Tocqueville qui précèdent de quelques années les célèbres troubles de 37-38, il appartient à chacun des lecteurs de déterminer le poids qu'il entend leur accorder. Les uns voudront surtout s'employer à reprocher au politologue qui ne se donne pas la peine de connaître la province anglai­se de la colonie, qui ne s'embarrasse pas d'un surplus de données économiques, qui ignore tant de sommités, depuis le gouverneur Aylmer jusqu'à Louis-Joseph Papi­neau, de ne donner de notre situation politique un tableau qui ne soit ni bien neutre ni bien complet. Les autres préféreront accorder une oreille attentive à l'observateur des so­ciétés qui, sans s'y être spécialement préparé, conduit un peu par le hasard [Lettre à l'abbé Lesueur, 7 septembre 1831, Nouvelle correspondance entièrement inédite (éd. Beaumont), p. 55.], arrive chez nous et, avec un enthousiasme ne manquant pas de lucidité, nous livre les impressions les plus vives, les perceptions les plus profondes qu'il a de nous, de notre sort.

        Dans la deuxième partie du dossier, on trouvera quelques autres textes où Toc­queville, revenu en Europe, fait montre d'un intérêt épisodique envers une réalité canadienne interprétée de moins en moins pour elle-même et de plus en plus en fonction des questions que se pose notre auteur à propos de la société française : telle est la portée qu'il faut attribuer aussi bien aux mentions du rapport Durham suscitées par les discussions parlementaires sur la colonisation en Algérie qu'aux notes sur la centralisation administrative au Canada révélatrices pour l'historien de l'état d'esprit le plus profond de l'ancien régime français.

        On y trouvera aussi de larges extraits de la Démocratie en Amérique. Les uns font allusion au la petit peuple » [La Démocratie, I, p. 297.], qui « comme les débris d'un peuple ancien perdu au milieu des flots d'une nation nou­velle » [lbid., p. 426.] vit une sorte de frileux repli sur les rives du Saint-Laurent. Les autres, qu'il nous a paru utile de reproduire, nous entretiennent du régime fédéral, du contexte social qui le rend possible aux États-Unis, des avantages, des vices aussi, (ces deux termes sont de Tocqueville) qui sont inhérents a ce régime. À chacun de juger par lui-même, sur pièces, jusqu'où vaut telle étiquette reçue qu'en ce pays on a collée à Tocqueville : faut-il en effet faire de lui avant tout un théoricien des constitutions défendant au nom de la théorie des contrepoids l'archétype du fédéralisme, en un moi et dans le sens le plus étroit, un simple constitutionnaliste ? Mais ce serait nier ipso facto la dimension la plus profonde d'Une pensée moins juri­dique que fondamentalement sociologique, comme l'a admirablement montré Raymond Aron qui voit dans
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