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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand
Autoren: Gary Jennings
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erreur. Voyez-vous, tant qu’il
croit détenir Amalamena, et espère faire céder Théodoric, Strabo ne constitue
ni une menace, ni même un obstacle. Théodoric peut poursuivre ses propres
plans, affermir son contrôle de la Mésie, renforcer ses liens avec Zénon, faire
presque tout ce qu’il voudra. Vous me suivez ?
    — Je, euh… je crois que oui. Et c’est pourquoi vous ne
voulez pas être secourue ?
    —  Ja. Par la même occasion, tant que je reste en
compagnie de Strabo, je peux espérer saisir, entendre ou apprendre quelque
chose concernant ses plans ou ses desseins… toutes choses qui pourraient un
jour être bien utiles à Théodoric, et lui donner un avantage certain.
    Odwulf hocha la tête et garda le silence un instant. Puis il
reprit :
    — Pardonnez-moi, Swanilda, si je vous ai parlé un peu
rudement il y a un instant. Vous êtes une brave et intelligente jeune femme, et
je chargerai Augis d’en faire part à Théodoric, vous pouvez m’en croire. Autre
chose ?
    —  Ja. Ocer va insister pour obtenir de Théodoric
une réponse immédiate. Que Théodoric se garde bien d’obéir, et n’en donne
aucune. Au contraire, qu’il laisse Strabo attendre le plus longtemps possible
dans l’incertitude. Et même, s’il veut suivre ma recommandation, qu’il tue Ocer
et tous ses compagnons. Quand Ocer parviendra à Singidunum, il sera armé de
deux épées-serpent. La plus courte était celle du Saio Thorn. Demandez à
Théodoric, s’il vous plaît, de tuer Ocer avec celle-là.
    Odwulf sourit, et hocha de nouveau la tête. Un bruit résonna
à cet instant dans le couloir, et il y passa rapidement la tête.
    — Ma relève arrive. Je vais transmettre vos
instructions à Augis, et l’envoyer en mission. Faites vite, à présent. Y a-t-il
autre chose ?
    — Gardez simplement bien cachée mon… l’armure de Thorn,
et qu’elle vous suive partout, où que nous allions dorénavant. Ce sera
l’hommage que nous lui rendrons.
    Le soldat chargé de prendre la relève n’avait rien de
passionnant à me dire, si ce n’est, avec force minauderies et autres gestes
indécents, que j’étais sacrément plus mignonne dans cette nouvelle tunique, et
que je serais sans doute encore plus belle sans. Je me contentai donc de
m’asseoir, et de me féliciter du tour que venaient de prendre les événements.
Bien sûr, je n’avais pas instruit Odwulf de toutes les circonstances plus ou
moins secrètes qui avaient pu influencer ou affecter notre mission depuis
Constantinople. Et certaines des choses que je lui avais dites n’allaient pas
manquer de créer une réelle confusion à Singidunum. Par exemple, si Swanilda
s’y trouvait déjà, la perplexité de Théodoric serait totale quant à l’identité
de cette « Swanilda » détenue en ce moment comme otage – ou
plutôt, en train de jouer de son plein gré les espionnes à son profit – au
sein des forces de son ennemi Strabo. Cela dit, j’avais tenté de délivrer un
message assez succinct, comme si je n’avais eu d’autre recours que de le
griffonner sur le mur.
    Je me sentais si revigoré et débordant d’enthousiasme que
lorsque Strabo revint la nuit même me peloter, me malmener, exercer sa débauche
et abuser de moi en me profanant outrageusement, il ne parvint pas à me faire pleurer,
hurler ni même m’évanouir. Je ne lui offris pas une seule de ces satisfactions.
Je restai au contraire continuellement impassible, tournant et retournant dans
ma tête, l’un après l’autre, les plans et stratagèmes par lesquels je ferais un
jour payer à Strabo tout ce qu’il me faisait subir.
     
    *
     
    Le voyage fut fort long, effectivement. Le trajet conduisant
de Serdica jusqu’à notre destination s’avéra bien plus important que celui que
ma propre colonne avait parcouru pour se rendre de Novae à Constantinople. Nous
partîmes droit vers l’est, longeant les contreforts méridionaux de la chaîne du
Grand Balkan à travers les provinces de Thrace et d’Haemimontus. Les routes
sont pratiquement inexistantes en ces régions, et si Strabo avait choisi ce
chemin, c’est qu’il savait pertinemment qu’il ne courait aucun risque de tomber
sur les troupes d’Ostrogoths en patrouille du roi Théodoric. N’ayant pour nous
guider que de vagues traces de chariots et des pistes suivies par les chevaux,
nous ne progressions pas bien vite.
    Nous aurions certes avancé plus rapidement si j’avais daigné
monter à cheval, abandonnant la
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