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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand
Autoren: Gary Jennings
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étaient constituées principalement de lignes droites, ce qui
faciliterait d’autant le travail de mon instrument de fortune. Je réfléchis
ensuite un instant à la teneur proprement dite du message : il devait être
le plus concis possible, mais en même temps persuasif…
    Je sursautai alors si violemment que je faillis lâcher ma
croix-marteau, car le garde à l’extérieur, comme s’il avait deviné mes
intentions, m’ordonna :
    — Pas un bruit ni un geste, princesse.
    J’avais toujours eu un ou deux gardes constamment postés devant
ma porte, mais ils changeaient régulièrement, bien sûr, se relayant à cette
tâche. Cependant, quand je n’étais pas obligé de supporter leurs insultes,
leurs œillades ou leurs lubriques sollicitations, je les ignorais purement et
simplement. Peu m’importait donc, au fond, de qui il pouvait bien s’agir. Mais
celui-ci, en s’adressant à moi, ne fit pas irruption dans la pièce. Il resta au
contraire soigneusement cantonné sur le seuil, et me parla à mi-voix, d’un ton
respectueux.
    — Princesse, je dois vous parler très vite, car les
abords sont déserts pour l’instant.
    Bégayant légèrement, je dis :
    — Mais qui… qui êtes-vous donc ?
    J’esquissai un mouvement vers la porte, mais m’arrêtai
lorsqu’il lança :
    — Ne vous approchez pas. Il ne faut pas qu’on nous
surprenne en train de converser. Mon nom est Odwulf, princesse. Je ne pense pas
que vous m’ayez déjà vu, et pour ma part, je ne vous ai jamais vue que de loin
jusqu’à présent. Mais j’ai fait partie de votre colonne, comme lancier sous les
ordres de l’ optio Daila, de Novae à Constantinople, jusqu’au jour du
massacre de la rivière Strymon.
    — Mais… mais… pourquoi n’êtes-vous pas mort avec tous
les autres ?
    — Par malchance, princesse, dit-il. (Et il avait l’air
de vraiment le penser.) Vous devez le savoir, l’ optio avait disposé çà
et là des sentinelles, le long de la route et de la rivière. Avec mon camarade
Augis, nous fûmes chargés d’escalader la falaise dominant le campement, afin de
le surveiller d’en haut.
    —  Ja, ja… Je m’en souviens.
    — Augis et moi venions juste de parvenir au sommet
quand Strabo et ses hommes ont attaqué. Dès que nous avons réalisé ce qui se
passait, nous sommes aussitôt redescendus de la falaise. Mais tout s’est achevé
trop vite. Je suis désolé, ma princesse. Nous sommes tous deux désolés.
    — Ne le soyez pas, Odwulf. Il est heureux que vous ayez
survécu. J’ai imploré aujourd’hui même un miracle, et vous êtes ce miracle.
Mais comment avez-vous réussi à parvenir jusqu’ici ?
    — Après la bataille, la confusion était totale, au
milieu des hommes de Strabo partis à la poursuite de nos chevaux, d’autres
occupés à déshabiller et dépouiller les corps de nos camarades… Nous vous avons
vue quand on vous conduisait près du feu. Nous espérions que Strabo avait
également épargné la vie du maréchal de notre roi. Mais les seules traces que
nous avons pu retrouver du Saio Thorn furent son casque et son corselet.
Ces maraudeurs les avaient dédaignés, car vu la petite taille du maréchal,
comme vous le savez, son armure n’aurait pu convenir à personne. Hélas, je
regrette d’avoir à vous l’annoncer, il semble évident qu’il a trouvé la mort
avec tous les autres.
    — N’en soyez pas si sûr, fis-je, souriant pour la
première fois de la journée. Le maréchal était un homme de ressources.
    — Mais un poltron, sûrement pas ! affirma farouchement
Odwulf, qui défendait ainsi vaillamment ma mémoire. On m’a raconté avec quel
courage il s’est battu, à Singidunum. Toujours est-il qu’Augis et moi avons
gardé son armure… au cas où. L’espoir fait vivre.
    Je réprimai mon accès de joie pour le féliciter
chaleureusement. Mon casque et mon armure sur mesure étaient sauvés, je savais
où trouver mon cheval de guerre et mon épée-serpent. Et voilà maintenant que
par un concours de circonstances presque incroyable, je disposais de deux
courageux alliés à portée de main.
    — Mais au moins, vous avez survécu, princesse,
poursuivit Odwulf. Aussi avons-nous pensé, Augis et moi, qu’en restant à
proximité de vous, nous pourrions peut-être trouver l’occasion de vous venir en
aide.
    — Et vous avez suivi le convoi de Strabo depuis le
défilé ?
    —  Ne, ne. Nous étions dedans. Nous n’avons eu
qu’à nous fondre dans la masse,
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