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Théodoric le Grand

Théodoric le Grand

Titel: Théodoric le Grand
Autoren: Gary Jennings
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possède une jeune
esclave. Une rareté absolue, du peuple des Sères. Une vierge d’une beauté
incomparable, unique à bien d’autres égards encore. Permets-moi au nom de notre
vieille camaraderie, Théodoric, de te demander la permission de t’envoyer la
vieille Veleda, afin qu’elle t’offre son exquise jeune fille. Elle peut te
l’amener dès ce soir. Tu n’as qu’à demander à Cassiodore, qui veille désormais
à ta sécurité, de l’introduire sans obstacle. Je pense que tu nous en
remercieras, Veleda et moi. Je t’assure que cela ne peut pas te faire de mal.
    Théodoric acquiesça d’un air complice, un petit sourire
flottant sur ses lèvres et prononça alors, le visage empreint d’affection pour
moi et de gratitude pour ma sollicitude à son égard, la dernière phrase qu’il
m’ait jamais dite :
    — Très bien, vieux Thorn. Envoie-moi Veleda, qui
dévoile les secrets.
     
    *
     
    Je ne pouvais le faire en tant que Thorn… et pas parce que
comme tel, j’avais fait le serment de servir et de défendre la grandeur du roi.
Je crois vraiment défendre sa grandeur en agissant ainsi. Non, je le ferai en
tant que Veleda parce que, lui offrant la jeune fille, ce cadeau constituera
par procuration ce que Veleda aurait tant aimé, au cours des années, lui
donner.
    Ce soir j’emmènerai la venefica au palais. Une fois
dans la chambre de Théodoric, je lui enlèverai son voile de satin. Je sais qu’il
acceptera l’offrande, ne serait-ce que pour honorer le vœu bien intentionné de
son vieil ami Thorn. J’apporterai aussi mes feuilles manuscrites, ces pages
presque innombrables de parchemin, de vélin et de papyrus, et les remettrai à
Cassiodore, en lui demandant de les inclure parmi les archives royales, à
l’intention des lecteurs qui souhaiteraient un jour connaître l’époque de
Théodoric le Grand. Nous avons encore, avec Livia, quelques pages de vie à
écrire ensemble, mais cette histoire, que j’ai entamée depuis si longtemps, est
à présent close.

 
41
    NOTE
DU TRADUCTEUR
    (Ce
qui suit a été rédigé par une autre main.)
     
    Lorsqu’il a demandé la fermeture des écoles platoniciennes
d’Athènes, le nouvel empereur co-régnant Justinien, le plus chrétien des nobles
de Constantinople, a sagement fait observer, au sujet de ces pédagogues
païens : « S’ils parlent faussement, ils sont pernicieux. S’ils
disent la vérité, ils sont inutiles. Qu’ils se taisent. »
    La masse manuscrite des écrits du Saio Thorn contient
de nombreuses vérités. Mais toutes celles-ci (faits et menus détails, récits de
batailles et autres événements vérifiables) ont déjà été intégrées dans mon Historia
Gothorum , où elles seront plus aisément accessibles aux érudits que celles
enfouies dans les lourds et prolixes volumes du maréchal.
    Au plan de la narration des faits, l’ouvrage de Thorn est
donc inutile.
    Si le reste, qui constitue la plus grosse partie de sa
chronique, n’est pas un invraisemblable tissu d’inventions improbables, il est
si scandaleusement impie, blasphématoire, calomnieux et obscène qu’il ne
saurait qu’offenser et dégoûter tout lecteur n’étant pas un historien
professionnel comme je le suis, rompu à une objectivité dépourvue de passion.
En tant qu’historien, je me refuse résolument à juger un écrit sur le plan de
sa valeur morale. En tant que chrétien en revanche, je considère ce livre avec
autant d’horreur que de répulsion. Même en tant que simple être humain normalement
constitué, je ne puis l’envisager que comme une compilation des plus viles
perversités. Tout ce qu’il contient d’utile étant désormais accessible par
ailleurs, je me dois de le dénoncer comme inutile et pernicieux.
    Il n’en reste pas moins que cet ouvrage m’a été
personnellement confié, et que je n’ai aucun moyen de le restituer à son
auteur. Nul n’a plus revu ni entendu le maréchal Thorn depuis les heures
précédant la découverte du roi Théodoric, retrouvé mort dans son lit, et l’on
pense généralement que Thorn, terrassé de douleur suite à cette disparition, se
sera jeté dans le Padus ou en pleine mer. Aussi suis-je resté malgré moi
encombré de ce manuscrit, que je ne saurais, en conscience, livrer à la
destruction.
    Comme je me refuse à déposer cet ouvrage au sein des
archives royales ni en aucun scriptorium accessible au public, je ne
puis que le déposer là où il n’a pratiquement aucune chance de
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