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Templa Mentis

Templa Mentis

Titel: Templa Mentis
Autoren: Andrea H. Japp
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ou la superstition de ceux qui gobaient leurs balivernes. Pourtant, Druon avait été certain de la véracité des prédictions ou visions d’Igraine. Il avait donc rebroussé chemin, se dirigeant vers l’est en dépit de son impatience à contraindre Foulques de Sevrin aux aveux.

    Comme s’il lisait dans ses pensées, fronçant les sourcils de concentration, Huguelin demanda tout en marchant :
    — Mais, mon maître… Pourquoi faire route vers l’est puisque votre amour et honneur de fill… fils vous ordonnent de confronter l’évêque d’Alençon, à l’ouest ?
    Druon flatta l’encolure de Brise, sa magnifique jument de Perche chargée de leur frusquin 6 , qu’il menait par la bride, et soupira avant d’admettre, un peu penaud :
    — C’est que… Vois-tu… Oh, je ne sais… Igraine semble formelle. À l’est se trouve le vrai départ de ma quête.
    — Et qu’est au juste cette quête, si ce n’est la vérité au sujet de l’arrestation et du supplice de votre père ? insista le garçonnet.
    — Cette mystérieuse pierre rouge en fait partie. Un lien secret l’unirait à mon père…
    Lèvres serrées, la mine grave, Huguelin tourna la tête vers lui et le considéra.
    — Dame Igraine est… certes une mage, sans doute puissante. Toutefois, elle est également… Insolite 7 .
    — Insolite ?
    — Oui-da…
    L’enfant qui n’avait survécu que grâce à sa ruse sans vilenie, à sa méfiance envers tous, puisque tous l’avaient traité pis qu’un animal, se servant de lui, le maltraitant, l’affamant, n’avait qu’une idée en tête : protéger Druon de toutes ses faibles forces. Druon l’avait secouru sans rien exiger en échange, hormis son honnêteté. Druon l’avait considéré tel un être humain. Druon l’avait défendu, avait partagé avec lui sa pitance, aussi maigre fût-elle. Druon ne l’avait jamais trahi. Druon l’aimait, il en aurait juré. Lui aussi l’aimait, un sentiment jusqu’alors inconnu qu’il n’avait découvert qu’au profit de son jeune maître.
    — Que retiens-tu, jeune homme ?
    — Ben… Euh… eh bien, m’est avis que ces… êtres qui diffèrent tant de nous, les mages… enfin, sauf votre respect, les croire bon pain 8 est… non pas benêt… jamais je n’oserais vous affubler d’un tel qualificatif, s’embourba Huguelin. Toutefois… Euh…
    — Bien sot ? le coupa Druon en réprimant un sourire.
    Un fard envahit les joues du garçonnet qui baissa le nez.
    — Huguelin, la critique, hormis celle des cherche-noises 9 de tous poils, est preuve d’intelligence. Poursuis ton raisonnement, je te prie.
    Un peu rassuré, il s’exécuta :
    — Vous… Ah, mon maître, tant de mots me manquent encore afin de m’expliquer, je le déplore, mais m’améliore chaque jour grâce à votre magnifique enseignement. Or donc, vous m’avez confié qu’Igraine était la descendante d’une race ancienne et savante.
    Druon hésita. Il avait retenu sa conclusion, de crainte d’effaroucher Huguelin. Cependant, l’heure n’était plus aux atténuations ni aux dissimulations.
    — Si fait. Je pense, sans certitude, qu’il s’agit d’une druidesse.
    — Qu’est-ce ?
    — Les druides* étaient les érudits, les sages, les médecins, les mages, mais également les administrateurs du peuple qui nous a précédés céans, alors que le royaume de France se nommait la Gaule.
    — Que sont-ils devenus ?
    — Nul ne le sait au juste, à l’exception, peut-être, de mon père, qui fut, malheureusement, peu disert à leur sujet. Ma grande faute, je l’avoue. Tel un âne, je m’étais ulcéré de son admiration de scientifique pour ces adorateurs d’idoles. Aussi se tut-il, attendant que je réfléchisse plutôt que de réagir à l’instar d’une sotte… d’un sot.
    — Des païens ? s’offusqua Huguelin en se signant.
    — Certes, des païens qui vénéraient autres dieux que le nôtre. Cependant, n’oublie jamais : tant de peuples de la Terre furent païens, les admirables Grecs, les lointains Romains, les éblouissants Perses, les mystérieux Égyptiens. Leur savoir s’est en grande partie perdu, surtout parce qu’il ne naissait pas de la chrétienté. Des siècles et des siècles de retard, ainsi que le regrettait mon merveilleux père. Pour en revenir à Igraine, ainsi que je te l’ai dit, il s’agit selon moi d’une druidesse.
    Druon se rendit compte à cet instant que le garçonnet s’était immobilisé, fixant
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