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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Eric Teyssier
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différents maîtres. Quelle que soit leur tribu d’origine, ils sont issus des mêmes régions et peuvent aisément se comprendre entre eux. Ces Volques, Tectosages ou Arécomiques razziés entre Toulouse et Nîmes, ces Salyens des environs d’Aix, ces Allobroges capturés entre le Rhône et les Alpes, ces Voconces des collines du nord de la Provence actuelle, ces Cavares de la rive gauche du Rhône et ces Helviens de la rive droite se considèrent étrangers les uns par rapport aux autres lorsqu’ils sont libres. Parfois alliés, souvent ennemis, les uns sont proches des Arvernes, les autres sont des Celtes mâtinés d’Ibères, certains encore sont de la même race que les Ligures. Contrairement aux clichés hérités du XIX e  siècle, aucun sentiment national, même vague, ne peut les unir contre les Romains. En leur sein, certains se disent amis des conquérants tandis que d’autres prêchent la résistance. Aucun front uni ne pourra être constitué avant Vercingétorix – et encore, l’œuvre unificatrice de ce dernier ne tient que dans l’espace d’une seule année. Une fois réduits au statut d’esclaves, leurs différences s’estompent après quelques mois ou quelques années passés dans les fers. Leurs points communs finissent par l’emporter et leur principal trait d’union demeure la haine du Romain, à la fois le vainqueur d’hier et le maître d’aujourd’hui. Un maître d’autant plus cruel qu’il prend un plaisir particulier à humilier les Gaulois, ces ennemis ancestraux de Rome.
    Enfin, les sources qualifient Spartacus et une partie de ses compagnons de Thraces. Coincés entre le monde grec et le bassin du Danube, les Thraces sont à cheval entre le monde barbare et la civilisation. Longtemps opposés aux Romains, ils les affrontent directement sur leur sol ou dans les rangs des armées des royaumes hellénistiques où ils servent comme mercenaires. De toute évidence les Romains les redoutent et les considèrent comme particulièrement cruels. Florus témoigne au II e  siècle ap. J.-C. de cette crainte envers les Thraces : « Les dieux voulurent qu’après les Macédoniens nous eussions la révolte des Thraces, leurs anciens tributaires… Pendant tout ce temps, il n’est point de cruautés qu’ils n’aient exercées contre leurs prisonniers. Ils offraient aux dieux des libations de sang humain, buvaient dans des crânes et déshonoraient par des outrages de toutes sortes la mort de leurs victimes qu’ils faisaient périr tantôt par le feu, tantôt par la fumée ; ils faisaient même avorter les femmes enceintes à force de tortures. Les plus cruels de tous les Thraces furent les Scordisques. Ils alliaient la ruse à la vigueur, et la disposition de leurs forêts et de leurs montagnes convenait bien à leur naturel. De là vient que non seulement ils battirent ou mirent en fuite, mais, chose prodigieuse, anéantirent toute l’armée que Caton avait conduite contre eux. Didius, les ayant trouvés en désordre et dispersés afin de piller en toute liberté, les refoula dans leur pays de Thrace… On ne put dompter ces ennemis particulièrement cruels qu’en appliquant leurs procédés. On tortura donc les prisonniers par le feu et par le fer. Mais ce qui parut le plus affreux à ces barbares, c’est qu’après leur avoir coupé les mains on les laissait libres, et on les forçait à survivre à leur supplice 22 . » Cette guerre des Romains contre les Thraces se poursuit au temps de Spartacus. En 75 av. J.-C., Caius Scribonius Curio s’est avancé vers le nord jusqu’à la région appelée Dardanie. C’est probablement durant cette campagne que Spartacus a été capturé et emmené en Italie ; comme tous les autres esclaves vendus avec lui, il a été acquis à faible coût. Dans la foule des esclaves, il n’est qu’une infime partie du butin ramené de Thrace, au même titre qu’un chaudron de bronze volé dans une maison, une tête de bétail ou des lingots de fer. Le fait qu’il soit vendu avec d’autres esclaves semble indiquer qu’il n’est pas de très haut rang : en effet, les chefs ou leurs proches sont soit conservés en otages soit égorgés ou étranglés au moment du triomphe du vainqueur. Cette sinistre fin a été celle de Jugurtha et de ses fils trente ans plus tôt, lors du triomphe de Marius. Vercingétorix subira le même sort trente ans plus tard, lors du triomphe de César. Quelles que soient les raisons qui l’ont amené sur ce
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