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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Eric Teyssier
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sa nouvelle recrue, en prenant sa femme avec lui, si nous en croyons Plutarque. Direction la Campanie et la grande ville de Capoue où se trouve son ludus , son école de gladiateurs.

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    La grande évasion…
    Echapper à l’humiliation plutôt qu’à la mort
    Plus que la perspective de la mort, éventualité acceptable pour un guerrier, c’est probablement la nature de cette mort qui pousse Spartacus à la fuite. Mourir quand on a une vingtaine d’années et que son existence est vouée, peut-être dès la naissance, aux combats, il n’y a là rien d’extraordinaire pour un homme de son temps. Ce qui demeure abominable à ses yeux réside dans le fait d’être donné en spectacle, de devenir un homme public comme il y a des femmes publiques, une sorte de prostitué de la mort livré au plaisir des Romains. C’est cette perspective qui pousse Spartacus à la révolte plus que la peur du trépas. On sait que, lors de la deuxième révolte servile de Sicile, les derniers survivants ont été promis à une mort publique dans le cirque de Rome. L’histoire nous rapporte que ces esclaves qui avaient un temps goûté à la liberté refusèrent de mourir en gladiateurs : plutôt que de donner cet ultime plaisir à leurs anciens maîtres, ils préférèrent s’entretuer avant le jour prévu pour leur unique prestation 48 . Ce manque évident de professionnalisme montre bien la nature punitive de la gladiature de cette époque. Ce suicide collectif témoigne de l’horreur qu’il peut y avoir pour un homme libre ou redevenu libre à s’humilier publiquement, en exposant nu les derniers soubresauts de son corps agonisant. Si la mort est infiniment plus présente à cette époque qu’à la nôtre, le bien mourir importe également beaucoup plus. La perspective d’une exhibition dégradante constitue une abomination, même pour un esclave. Les Romains, avec leur habituel esprit pratique, ont tiré certains enseignements du suicide collectif des esclaves siciliens. Après ce regrettable incident, les lanistes propriétaires de troupes de gladiateurs ont pris toutes les mesures nécessaires pour éviter ce genre d’acte désespéré. Ainsi, dans le ludus de Batiatus, non seulement les armes sont absentes pour éviter toute révolte, mais les cordes et autres sangles ou lacets de cuir doivent être soigneusement mis hors de portée des pensionnaires de l’école.
    Le refus d’une mort indigne comme mobile de l’évasion est bien souligné par Appien, qui fait de Spartacus le meneur de l’opération dès ses débuts : « un Thrace nommé Spartacus se trouvait depuis dans le nombre des gladiateurs. Il persuada soixante-dix de ses camarades de braver la mort pour recouvrer la liberté, plutôt que de se voir réduits à servir de spectacle dans les arènes des Romains ». Curieusement, Plutarque accorde une certaine légitimité à la révolte de Spartacus. « Se trouvant emprisonnés, non pour avoir commis des méfaits mais à cause de l’injustice de celui qui les avait achetés et qui les forçait à combattre dans l’arène »… Il faut cependant rappeler que Plutarque écrit plus de deux siècles après les faits. A son époque, la gladiature a considérablement évolué et il n’est plus question de contraindre des prisonniers de guerre à se battre pour le plaisir de leurs maîtres. Au II e  siècle ap. J.-C., cette gladiature est essentiellement fondée sur des volontaires qui sont de redoutables techniciens du combat et parfois de véritables « idoles ». En comparaison avec la situation de son époque, Plutarque peut donc trouver injuste le sort de Spartacus, qui n’est coupable d’aucune mauvaise action. En cela, l’auteur veut sans doute distinguer Spartacus et ses hommes, tous prisonniers de guerre, des condamnés de droit commun qui sont également voués à la mort par le glaive sur décision de justice. Toujours d’après Plutarque, 200 gladiateurs de l’école de Capoue ont participé au projet d’évasion. Ce chiffre indique, a minima , le nombre de gladiateurs rassemblés dans le ludus de Batiatus. En fait d’école, il faut donc plutôt imaginer une véritable caserne avec la rigueur et la discipline d’un bagne. Selon Plutarque, leur projet ayant été découvert, 78 gladiateurs avertis à temps parviennent à devancer la vengeance de leur maître et s’enfuient. Il s’agit donc à l’origine d’une tentative de faire fuir tous les gladiateurs du ludus, ou du moins
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