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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus
Autoren: Eric Teyssier
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constituer d’immenses domaines. Une fois revenus à la vie civile, les anciens soldats ne peuvent pas rétablir leur situation. Paupérisés, ces petits propriétaires indépendants qui constituaient le socle de la République doivent trouver refuge à Rome pour vivre aux crochets de riches protecteurs. Pour d’autres, l’armée devient une fin en soi et un véritable métier. Ainsi, Rome, qui ne manque jamais de citoyens, voit son armée se prolétariser tout en devenant professionnelle. Cette mutation entraîne avec elle l’émergence de généraux souvent efficaces mais surtout très ambitieux. Leur force vient de leurs soldats, prolétaires engagés pour longtemps et de plus en plus fidèles à leurs chefs, ces généraux souvent victorieux auxquels ils accordent le titre d’ imperator . Les soldats enrichis par le butin des victoires se reconnaissent plus dans leurs chefs que dans un Sénat aristocratique et réactionnaire ; ils préfèrent avoir pour maîtres des hommes souvent jeunes et avides de pouvoir.
    Au socle militaire des légionnaires-citoyens, les Romains peuvent ajouter les contingents des alliés. Ces troupes issues des peuples précédemment soumis constituent une forme singulière de contribution. C’est l’une des particularités et la force principale des Romains que d’avoir toujours su intégrer les vaincus de la veille ou de l’avant-veille. Ces derniers, bon gré mal gré, doivent répondre à l’appel de Rome et fournir des troupes constituées de fantassins et de cavaliers. Sur le champ de bataille, ces contingents sont destinés à couvrir les ailes de la légion qui occupe toujours le centre du dispositif. Au début, les alliés ( socii ), contraints, ne doivent leur fidélité qu’aux otages que les Romains prennent systématiquement parmi les fils de notables. Ensuite, au fil des campagnes, après une ou deux générations, les vaincus d’hier deviennent de véritables compagnons d’armes. Oubliant les guerres passées, les alliés de Rome se conduisent le plus souvent très fidèlement dans l’espoir d’attirer sur eux l’attention des maîtres et d’obtenir tôt ou tard, individuellement ou collectivement, le précieux droit de cité de la plus puissante ville du monde. Ainsi, grâce à ses soldats-citoyens, à ses alliés fidèles et au tribut des vaincus, rien ni personne ne peut s’opposer à l’ambition conquérante de Rome pendant plus d’un siècle.

    La richesse de l’Italie
    Conséquence concrète de la conquête, chaque campagne apporte son lot d’esclaves. Les lois tacites de la guerre alors universellement reconnues permettent au vainqueur de réduire à la servitude les vaincus capturés. Cette main-d’œuvre servile acquise à bon prix constitue le moteur d’une autre expansion romaine, l’expansion économique. Au fil des campagnes, les Romains accumulent à la fois les esclaves et les capitaux. Pour une part importante, ces flux sont utilisés dans la constitution de grands domaines agricoles. Rome est alors assurée de son ravitaillement en blé car les provinces de Sicile et d’Afrique y pourvoient plus sûrement que la production italienne. Au surplus, l’Egypte, fidèle alliée de Rome, est là pour mettre ses inépuisables ressources en grain à la disposition de l’immense capitale. Le spectre de la famine étant éloigné, les riches Romains peuvent spécialiser certains domaines dans la production de vin et d’huile d’olive. C’est notamment le cas de la Campanie, dont le riche terroir se prête parfaitement à la production intensive. Produits à bas coût et en grande quantité grâce à la main-d’œuvre servile, l’huile et le vin sont destinés à être exportés sur tous les marchés de la Méditerranée et de ses périphéries. Partout les commerçants italiens revendent à bas prix leurs amphores, éliminant souvent les concurrents locaux moins performants. Comme les légions qui les protègent, ces marchands constituent l’autre aspect de l’expansionnisme romain ainsi qu’une source de richesse supplémentaire pour l’Italie. Pourtant, cette expansion tous azimuts entraîne de nombreux problèmes sociaux. La petite République italienne du III e  siècle a du mal à se réformer pour devenir un empire. La faction des familles sénatoriales, conservatrice par essence, accapare jalousement le pouvoir. Au II e  siècle, un tiers des consuls sont issus de seulement six familles. Dans la première moitié du I er
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