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Souvenir d'un officier de la grande armée

Souvenir d'un officier de la grande armée

Titel: Souvenir d'un officier de la grande armée
Autoren: Jean-Baptiste Auguste Barrès
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ambitions, mais, à la suite d’une de ces crises de conscience qui sont l’apanage d’une élite, l’ancien clerc, de retour au Puy, se démit bientôt de sa charge.
    « La nouvelle provoqua un vif étonnement dans la région, et souleva de nombreux commentaires, mais déjà l’ancien secrétaire général se trouvait à Bordeaux, auprès de son ami Cartal, supérieur du grand séminaire. Dix-huit mois après cette retraite, Mgr d’Aviau l’ordonnait prêtre, le nommait vicaire de la paroisse Saint-Michel, et, simultanément, suppléant de morale à la Faculté de Théologie. Ces fonctions attirèrent l’attention sur Pierre Barrès, qui devint grand vicaire le 1 er avril 1819.
    « Prédicateur très goûté, directeur spirituel renommé, l’abbé fut, durant plusieurs années, confesseur de la duchesse d’Angoulême. Le correspondant n’était pas moins apprécié, au dire du regretté chanoine Pailhès ; et ses lettres, léguée avec tous ses papiers au grand séminaire, mériteraient les honneurs d’une publication spéciale qui ne manquerait pas d’intérêt.
    « Le 29 avril 1838, il mourut à Bordeaux, et fut inhumé dans le caveau de la primatiale Saint-André. »
    Ainsi s’exprime le savant M. Ulysse Rouchon. J’ajouterai qu’on trouve le nom de Pierre-Maurice Barrès dans l’histoire de Mme Fourès, la jolie personne qui avait été la maîtresse de Bonaparte en Égypte.
    L’abbé Pailhès, bien connu par ses précieux travaux sur Chateaubriand et sur Mme de Chateaubriand, m’avait écrit qu’il voulait peindre mon grand-oncle et faire connaître sa correspondance. Il disait que c’était un esprit qui avait de la profondeur. Je ne sais s’il avait éclairci le mystère de sa vie et l’énigme de sa conversion.
    M. B.

SOUVENIRS D’UN OFFICIER DE LA GRANDE ARMÉE

L’EMPIRE
     
    Un arrêté des consuls du 21 mars 1804 (30 ventôse an XII) créa un corps de vélites, pour faire partie de la garde consulaire et être attaché aux chasseurs et grenadiers à pied de cette troupe d’élite. Deux bataillons, de huit cents hommes chacun, devaient être formés, l’un à Écouen, sous le nom de chasseurs vélites , et l’autre à Fontainebleau, sous celui de grenadiers vélites . Pour y être admis, il fallait posséder quelque instruction, appartenir à une famille honorable, avoir cinq pieds deux pouces au moins, être âgé de moins de vingt ans, et payer 200 francs de pension. Les promesses d’avancement étaient peu séduisantes, mais les personnes qui connaissaient l’esprit du gouvernement d’alors, le goût de la guerre chez le chef de l’État, le désir qu’avait le Premier Consul de rallier toutes les opinions et de s’attacher toutes les familles, pensèrent que c’était une pépinière d’officiers qu’il voulait créer, sous ce nom nouveau emprunté aux Romains.
    Dans les premiers jours d’avril, mon frère aîné, secrétaire général de la préfecture du département de la Haute-Loire, mort vicaire général de l’archevêque de Bordeaux en 1837, vint dans la famille pour proposer à mon père de me faire entrer dans ce corps privilégié, sur lequel il fondait de grandes espérances d’avenir. L’idée de voir Paris, de connaître la France et peut-être des pays étrangers, me fit accepter tout de suite la proposition qui m’était faite, sans trop songer au difficile engagement que j’allais prendre. Mais en y réfléchissant plus mûrement, je me décidai sans peine à confirmer ma résolution spontanée, malgré tous les efforts que mes parents firent pour me dissuader d’entrer dans une carrière aussi pénible et périlleuse.

MON ADMISSION AUX VÉLITES DE LA GARDE
     
    Le 18 mai (28 floréal), le jour même que Napoléon Bonaparte, Premier Consul, fut proclamé et salué empereur des Français, le ministre de la Guerre, Alexandre Berthier, signait l’admission aux vélites de vingt-cinq jeunes gens du département qui s’étaient présentés pour y entrer.
    Le 20 juin, je me rendis au Puy, pour recevoir ma lettre de service et passer la revue. Le départ était fixé au 25. Je partis la veille pour voir encore une fois mes bons parents, et je restai avec eux jusqu’au 27. Les derniers moments furent douloureux pour mon excellente et bien-aimée mère. Mon père, moins démonstratif et plus raisonnable, montra plus de fermeté ou de sang-froid, pour ne pas trop exciter mes regrets. Des larmes dans tous les yeux, la tristesse peinte sur
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